Réforme des crèches : nos ministres en tiennent une couche !
A l’occasion de la journée internationale des accueillant.e.s d’enfants, la Fédération des Milieux d’accueil de la Petite Enfance invite tou.te.s les professionnel.le.s du secteur à remplacer leur photo de couverture et leur photo de profil sur les réseaux sociaux. Le hashtag #LaCouche a été créé pour l’occasion.
– [A lire] : Petite enfance : “l’inévitable sera de fermer les portes de la crèche”
Par cette action symbolique, la FeMAPE souhaite éveiller les consciences au sein du monde politique et du grand public : selon une enquête réalisée au mois de mai dernier, 8000 places d’accueil seraient menacées d’ici à la fin de l’année scolaire. Ces 4 derniers mois, près de 450 fermetures ont déjà été confirmées.
Moins d’un an après avoir introduit un recours au Conseil d’Etat contre la réforme du secteur de la petite enfance (réforme MILAC), la FeMAPE persiste et signe. Les accueillant.e.s conventionné.e.s et le secteur non-subventionné agonisent (cela représente plus de 40% des places en Fédération Wallonie-Bruxelles).
Jusqu’à 8000 places en moins
La FeMAPE (Fédération des Milieux d’Accueil de la Petite Enfance) a participé aux concertations sectorielles menées par la Ministre durant tout le premier semestre 2020 mais force est de constater que l’éléphant a jusqu’ici accouché d’une souris.
Les premières corrections annoncées de la réforme MILAC ne suffiront pas. L’objectif était de rendre les crèches plus accessibles mais les fermetures en cascade et le maintien d’obligations déraisonnables vont inévitablement provoquer l’effet inverse.
Jusqu’à 8000 places en moins et une augmentation de prix prévisible de l’ordre de 20 à 50% !!!
L’obligation nouvelle d’avoir tout le personnel sous statut de salarié - y compris les entrepreneur.e.s qui créent leur propre crèche - aura pour conséquence de faire exploser les coûts directs et les risques en termes de gestion financière des ressources humaines.
Les gestionnaires concernées se retrouvent devant un dilemme : soit prendre rapidement la décision de fermer pour éviter la catastrophe, soit majorer les prix pour couvrir l’augmentation réelle des coûts (et ce la plupart du temps sans même avoir la garantie d’être à l’équilibre).
L’augmentation sera moins forte dans les milieux d’accueil qui ont déjà du personnel salarié mais ceux-ci sont souvent accusés de « marchandiser » le secteur alors qu’ils ne réalisent pour la plupart aucun profit. Les autorités s’enferment dans une logique du « tout ou rien » pour l’octroi de subventions et puis reprochent aux crèches qui ne reçoivent rien d’être moins accessibles financièrement... Cherchez l’erreur !
Des accueillant.e.s conventionnées au bord du gouffre
A l’occasion de cette journée, la FeMAPE souhaite également rappeler que la majorité des accueillan.t.e.s d’enfants subventionnées par la Fédération Wallonie-Bruxelles travaillent encore aujourd’hui sous un statut précaire « bricolé » en 2003 et n’offrant ni une couverture sociale digne de ce nom, ni une « rémunération » acceptable.
Suite à une gestion calamiteuse du fonds d’urgence et à des bugs du système informatique mis en place à la hâte, certaines d’entre elles n’ont pas encore perçu les indemnités permettant d’atteindre un revenu minimum vital en l’absence des enfants (pour la période du 18 mai à ce jour).
Un statut « moins pire » depuis 2019 mais toujours aussi indécent.
Sous la précédente législature, un projet pilote visant à leur offrir enfin un statut de salarié.e avait été lancé et la réforme MILAC prévoit par ailleurs que tou.te.s les accueillant.e.s pourront en bénéficier d’ici fin 2025.
Un sparadrap sur une jambe de bois
La Ministre Bénédicte Linard a de son côté annoncé avoir demandé à l’ONE d’accélérer le processus mais, pour la FeMAPE, c’est comme mettre un sparadrap sur une jambe de bois.
En effet, suite à une « entourloupe » juridique, les organismes qui emploient les accueillant.e.s d’enfants à domicile (et qui reçoivent les subsides) peuvent leur imposer 50 à 60 heures de travail par semaine pour moins de 10€ bruts de l’heure.
Pour toute défense, ces services et l’ONE invoquent une exception à la limitation du temps de travail et au droit à prendre des pauses. Certains poussent le cynisme en affirmant qu’on ne leur demande pas de travailler 50 heures mais d’être « disponibles » à domicile pour accueillir des enfants durant cette période.
Alors c’est « légal », certes. Mais ça n’en reste pas moins inhumain. La marchandisation c’est aussi l’exploitation de l’humain par l’humain. Avant de prétendre vouloir réformer pour « démarchandiser » le secteur, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Ministre devraient balayer un peu devant leur porte.
La FeMAPE espère une remise en question urgente de la part de la Ministre de l’Enfance, laquelle est aussi Ministre ... des Droits des Femmes !
La FeMAPE
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