Maisons de repos face au Covid-19 : "S.O.S. d'un secteur en détresse"
Malgré la crise et le confinement, le CPAS d’Ecaussinnes continue bien entendu son travail de première ligne. Nous restons présents sur le terrain. Mais ce n’est pas facile. Nous ne sommes pas beaucoup aidés. Le pire, probablement, c’est dans notre maison de repos. Pourquoi ?
[DOSSIER]
– Aide à domicile : "Il faudra fournir un soutien psychologique à toutes les travailleuses"
– L’ASBL Largardère vole au secours des aînés confinés à domicile
– Coup de gueule d’une maison de repos : "Une blague qui ne fait plus rire personne"
Mieux qu’un long discours, mettons en lumière le paradoxe de la situation que nous y vivons actuellement.
Un monsieur contracte, à la mi-mars, une « simple » bronchite (diagnostiquée par téléphone). Aucun médecin n’accepte de venir l’ausculter dans la maison de repos (soit que les médecins ont peur d’approcher du virus, soit que la personne qui a une bronchite n’est pas prioritaire). Par manque de soins appropriés, le monsieur décède quelques jours plus tard.
On peut en tout cas se demander si la vie humaine a perdu tous son prix au point de laisser passer plusieurs jours avant une auscultation légitime et des médicaments adéquats ?
A un moment donné, il faudra faire le compte des personnes qui sont décédées par manque de soins appropriés. C’est vrai pour les maisons de repos. C’est également vrai pour toutes les structures de soin. Mais au-delà des décès, combien de personnes auront régressés parce qu’elles ne peuvent plus suivre leur prescription de kiné par exemple. Combien verront leur pathologie s’aggraver au point de devenir chronique ?
Nous recevons du Gouvernement la possibilité, très limitée, d’effectuer, en tout et pour tout, 5 tests sur l’ensemble de nos 60 résidents. Nous avions, par ailleurs, une dame testée à part. Sur les 6 personnes testées, 5 sont positives. C’est évidemment très inquiétant pour nous et cela exige des mesures beaucoup plus radicales (comme le confinement en chambre). Nous souhaitons, bien évidemment, tester l’ensemble des résidents de la maison de repos afin d’apporter les soins les plus conformes à la pathologie. Malheureusement, les maisons de repos ne reçoivent l’autorisation de tester l’ensemble des résidents que s’ils ont un nombre de cas avérés d’au moins 10 personnes. Mais voilà le problème : comment savoir si nous avons 10 cas avérés dès lors que l’on nous autorise à 5 tests uniquement ?
Est-ce que l’on se rend compte de l’absurdité de ce que l’on nous donne comme possibilités ? Est-ce que l’on se rend compte des limites de sécurité primaire que l’on nous autorise à prendre ?
Le personnel toujours pas testé
Dans ce contexte très particulier, nous exposons tous les jours notre personnel, lequel après plus de 3 semaines, n’est toujours pas testé. Dans un secteur aussi délicat, non seulement le personnel aurait dû être très rapidement testé mais, qui plus est, il devrait l’être au moins deux fois par semaine. On ne peut pas se contenter, dans les conditions qui sont les nôtres, de tester le personnel une fois pour toute.
Nous avons la chance d’avoir un personnel compétent, fiable, très professionnel, toujours présent, malgré le risque, malgré le stress, malgré la peur. Nous sommes très fiers de notre personnel. Mais, il faut bien le dire, au quotidien, nous ne sommes pas vraiment aidés par les autorités (ni pour le matériel, ni pour les tests, ni pour les moyens, ni pour la communication) pour sécuriser le personnel. Nous nous sentons même abandonnés et, pire encore, nous avons l’impression que nos résidents sont laissés pour compte, ce que nous ne pouvons pas accepter.
Ceci est un cri d’alarme, probablement inutile mais très sérieux. Il est temps pour les autorités de se ressaisir. Nous voulons faire notre travail au mieux au profit des résidents et de leurs familles. Mais nous voulons aussi que l’on nous aide à le faire.
Marc Jacobs, Directeur de la M.R
Ricardo Cherenti, Directeur général
Muriel van Peeterssen, Présidente
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