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A côté de la 1ère ligne de soins, la 1ère ligne sociale : les CPAS

08/04/20
A côté de la 1ère ligne de soins, la 1ère ligne sociale : les CPAS

Depuis trois semaines, les CPAS sont « au front ». Au stade actuel de pic de la crise sanitaire et de perspective de déconfinement progressif, les fédérations des CPAS souhaitent rappeler que le monde social dans son ensemble, dont les CPAS et tous leurs services liés, œuvrent aux côtés du monde médical dans la gestion de cette crise COVID-19 et de ses conséquences. À l’heure où tous les regards sont braqués sur le monde économique et sur son redéploiement considéré comme la véritable urgence, les fédérations des CPAS rappellent que la crise sanitaire induit aussi une urgence sociale !

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La crise sanitaire que traverse notre pays a mis en lumière le rôle essentiel des CPAS et de leurs travailleurs sociaux. Ces derniers font en effet partie de la première ligne sociale, impérieuse dans la situation que notre pays traverse. Plus que jamais il est essentiel que l’éclairage soit mis sur ces professions du social qui œuvrent toujours dans l’ombre de la confidentialité que requiert leur métier.

"Cette crise confirme le rôle essentiel et structurant de services publics, tels que les CPAS. Ces derniers constituent aujourd’hui à la fois le dernier filet social pour notre population, et le premier filet social pour les victimes directes ou indirectes de cette crise sanitaire, aux côtés de l’associatif", ont conjointement pointé Luc Vandormael, président de la Fédération des CPAS wallons et Karine Lalieux, présidente de la Fédération des CPAS Bruxellois.

Ces trois dernières semaines, les CPAS se sont organisés pour maintenir la continuité de leurs services, considérés comme essentiels. La liste des services qu’il a fallu organiser et/ou réorganiser en urgence, ainsi que l’ensemble des dispositions prises, est très longue et complexe.
Il a été notamment question de l’hébergement des sans-abris, avec l’aide des associations de terrain, la participation aux dispositifs de confinement des migrants, le maintien des services d’aides familiales, à tout le moins pour les ménages qui nécessitent impérativement un soutien dans la situation actuelle de confinement, l’organisation des services en maisons de repos, dans une situation sanitaire qui requiert d’heure en heure toutes les précautions sanitaires ou bien encore l’augmentation des dispositifs d’aide alimentaire, afin de palier la diminution des services alimentaires reposant notamment sur le bénévolat.

Anticipation d’une crise sociale

Les fédérations des CPAS alertent les autorités sur les inévitables impacts sociaux consécutifs des événements actuels. Ces impacts doivent prendre une place prépondérante dans les réflexions en cours sur le déconfinement, car ils vont rejaillir dans les services sociaux massivement. Ces derniers doivent donc être équipés pour y faire face.

À titre d’exemples, dans ce qui peut d’emblée être, selon elles, anticipé :

 Les problèmes d’endettement. On estime à 25 % l’augmentation du panier des « courses ». En énergie, les consommations générées notamment via les compteurs à budget, déconnectés -fort heureusement en période de confinement- vont probablement augmenter les factures énergétiques des personnes déjà fragilisées.

 Les conséquences des pertes momentanées d’emploi, surtout pour les revenus modestes. Les formes de chômage temporaire, les pertes enregistrées par les indépendants et les petits commerçants, les arrêts de contrats des personnes engagées sous régime de l’interim… vont potentiellement engendrer des difficultés financières dans le chef des ménages concernés. "Nonobstant les mécanismes de soutien mis en place par le Fédéral et les Régions, nous anticipons dans les CPAS un grand nombre de demandes d’aides complémentaires aux allocations octroyées. Ce nouveau public de petits commerçants et d’indépendants commence d’ailleurs à frapper aux portes des CPAS, surtout dans les zones urbaines", dévoilent les deux fédérations.

 Les difficultés alimentaires notamment des sans-abris. Le secteur vit une double crise. D’une part, une pénurie au niveau de la récolte de denrées et d’autre part, une diminution de l’offre de certains services qui reposent essentiellement sur le bénévolat alors que les demandes augmentent. Avec une tension particulière pour les personnes sans-abris vu la saturation de nombreux services qui leurs sont habituellement destinés. "En urgence, une enveloppe de 3 millions € a été débloquée, que nous saluons, qui devrait en même temps être consolidée pour répondre à l’ensemble des besoins", poursuivent-elles.

 La problématique des étudiants « en bloque ». Nombreux sont les étudiants qui vivent grâce à un job d’étudiant. Cette possibilité de travailler n’existe plus en cette période de confinement, et sera peut-être restreinte dans la période de relance. Les loyers des kots continuent à tomber chaque mois et les jeunes pourraient se retrouver dans une situation délicate au moment où ils doivent consacrer leur énergie aux examens.

 Le traumatisme des aînés et MR/MRS. Les résidants, les soignants et les familles vivent actuellement un traumatisme qu’il sera nécessaire d’accompagner par un soutien psychologique adéquat.

Création d’un plan de sortie social

"Ces besoins viennent s’ajouter à ceux déjà identifiés, relatifs notamment aux difficultés financières et de surcharge de travail dans les CPAS. Les représentants des CPAS avaient déjà tiré la sonnette d’alarme il y a quelques mois à cet égard. La situation actuelle risque encore d’aggraver la situation, et ne pourrait en aucun cas déboucher sur une diminution des services octroyés par notre institution aux personnes les plus démunies", insistent Luc Vandormael et Karine Lalieux.

Face à ce constat, les deux fédérations de CPAS plaident pour la mise en place d’une série de mesures.

Tout d’abord, elles proposent que les conséquences sociales de la crise actuelle soient érigées en priorité, à tous les niveaux de pouvoir. Elles saluent, à cet égard, les dynamiques déjà mises en place par les Gouvernements wallon et bruxellois, qui ont instauré dans chaque région une Task Force « Urgences sociales ». De la même manière, elles affirment leur disponibilité pour assurer la même participation au niveau fédéral.

Les fédérations recommandent également que des budgets conséquents soient envisagés pour « le social », afin d’aider également les personnes déjà fragilisées. Autre demande : la mise en place d’un plan de sortie social de cette crise, concerté directement avec les Fédérations des CPAS. "Ce plan de sortie devrait être accompagné d’une période de transition souple dans le chef des autorités administratives et politiques de tutelle, de façon à permettre aux CPAS un retour à la normale progressif et une absorption de la charge supplémentaire de travail déjà enregistrée", développent-elles.

Finalement, les fédérations des CPAS wallons et bruxelloise enfoncent le clou : les revendications sociales « historiques » reprises notamment dans leurs mémorandums restent plus que jamais essentielles dans le contexte actuel. Il s’agit notamment du relèvement de l’ensemble des allocations sociales.



Commentaires - 1 message
  • C'est le mode de financement des CPAS qu'il faut aussi revoir d'urgence !
    Cela fait plus de 20 ans que le Fédéral réduit les allocations sociales, en envoyant aux CPAS les exclus... MAIS en ne remboursant aux CPAS qu'une partie des allocations payées et une partie des frais de gestion : c'est intenable..... tant pour les CPAS que pour les fiscalités communales !!!
    Par ailleurs, les revenus des communes, liés aux revenus de ses habitants, sont inégaux . Les communes les moins riches, et les agglomérations, encaissent plus rapidement ce processus intenable...
    En clair, il faut d'urgence retirer le financement des CPAS des communes... et dans la foulée incorporer les impôts communaux dans un pot commun réparti selon les charges réelles !
    Conserver autant d'inégalités pour des services publics de base n'est pas digne d'une démocratie !!!

    FrancoisPl samedi 19 septembre 2020 09:42

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