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Stagiaires durant la crise sanitaire : des étudiants infirmiers témoignent

19/06/20
Stagiaires durant la crise sanitaire: des étudiants infirmiers témoignent

Entre le volontariat, les stages, et parfois même un mémoire, les étudiants soignants ont vu la pandémie impacter considérablement leur année scolaire ainsi que le reste de leur formation théorique et pratique. Le Guide Social a souhaité recueillir les témoignages d’étudiants soignants, pour comprendre leur monde durant et après Covid-19.

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Les écoles face à l’inconnu

- Élève infirmière en deuxième année :

« Notre école, ISEI, a très bien géré la chose en général. Elle a eu une bonne communication et, personnellement, je me sens vraiment honoré d’appartenir à cette institution. Ils s’occupent très bien de nous. Ils ont pris la décision de suspendre le stage qui était prévu trois semaines avant les vacances de Pâques avec un mail très complet expliquant pourquoi cette décision. Au niveau de la supervision, l’école a fait au mieux étant donné que la ministre a interdit que les maîtres de formation pratique viennent nous voir en stage. »

- Guillaume Van Diest, étudiant en troisième année d’infirmier :

« L’école a très bien géré la situation même si au début cela était bancale. C’était une situation nouvelle et sous l’urgence donc il fallait du temps pour comprendre et s’adapter. On a fait des examens en ligne et je trouve que leur prise en charge a été très bien malgré quelques soucis informatiques mais bon la réussite parfaite est impossible. Lorsque la crise du covid est arrivée en Europe, j’étais dans une unité à Ixelles au quartier opératoire et mon stage avait débuté depuis 2 semaines et au bout de ces deux semaines de plus en plus de cas ont été découvert en Belgique et finalement, il a été arrêté. Au début de la crise, les écoles et les hôpitaux ne savaient pas comment gérer cette nouvelle situation, chacun faisait un peu à sa sauce comme il croyait que cela était le mieux. Certains ont annulé tous les stages, d’autres non. Il n’y avait pas vraiment de ligne directrice à la base, et donc après quelques jours de concertation entre la direction, les professeurs et autres, mon école a décidé d’arrêter tous les stages pour les étudiants, et ce, jusqu’à nouvel ordre. »

L’appel du gouvernement versus la réalité du terrain

- Etudiante en deuxième année d’infirmière :

« Au niveau de la communication de la ministre Maggie De Block, cela est vraiment spécial. Si tu lis les circulaires il y a écrit noir sur blanc qu’ils ont besoin d’étudiants du domaine de la santé, pour venir grossir la main d’œuvre dans les lieux de soins. Au début, on se dit d’accord, en tant qu’étudiant, on va donner un coup de main. Mais dans la réalité cela se passe rarement ainsi, du moins d’après mon expérience et celle de mes collègues. J’ai essayé de devenir volontaire dès le début de la crise et en fait cela s’est avéré bien plus compliqué. Les hôpitaux ne voulaient pas forcément avoir de personnel en plus, ou du moins du personnel étudiant en plus, étant donné le manque de moyens. Cela aurait créé encore plus de confusion et de circulation dans des hôpitaux déjà surchargés. »

- Etudiante en dernière année de médecine :

« Il y a eu un grand décalage entre les intentions et la réalité des hôpitaux. Entre cette idée générale de vouloir envoyer les étudiants sur le front et la volonté, possibilité, d’y aller, c’était parfois compliqué. Donc, pour moi, c’était ça le plus difficile à vivre. Je voulais me rendre utile, mais il n’y avait pas moyen. »

- Etudiante en dernière année de médecine :

« Au début de la crise corona j’étais en stage à Saint Pierre, les consultations ont commencé à être annulées et donc beaucoup moins de travail, on a compris rapidement qu’on aurait plus grand-chose à faire. J’ai demandé à ma responsable si cela était toujours obligatoire et utile de venir, on a été tous d’accord pour dire que cela n’était plus important. J’ai alors mentionné que je voulais être volontaire pour travailler aux urgences de Saint Pierre car ils avaient besoin de volontaire étant donné le grand nombre de patients et qu’ils étaient vraiment en sous effectif. J’y suis restée de la mi-mars jusqu’à mi-mai. »

Travailler en tant que volontaire à la place du stage

- Etudiante en deuxième année d’infirmière :

« Pas préparé psychologiquement, il y a eu des énormes cas d’urgence, de transfert aigu à prendre en charge tout de suite alors que je suis en milieu de deuxième année. Au niveau de l’équipe, beaucoup de malaise face à la question du covid dans l’hôpital. Lorsque tu es stagiaire, tu as toujours du souci à trouver ta place, mais lorsque tu es dans une équipe qui val mal, forcément les tensions te retombent dessus. Disons que le contexte de stress permanent a fini par avoir des répercussions sur ma bonne entente au sein de l’équipe. »

- Guillaume Van Diest, étudiant en troisième année d’infirmier :

« Mes stages ont été annulés, ma deuxième moitié de stage dans le quartier opératoire a été annulée lorsque la crise sanitaire s’est faite plus intense, je devais faire aussi un stage aux urgences à Saint-Luc, et un autre stage début mai dans une unité de chirurgie. Pendant tout le confinement, on nous a proposé d’être volontaires en tant qu’étudiant infirmier. J’avais fait la demande pour aller à la Croix-Rouge mais je n’ai eu aucune réponse, j’ai donc décidé d’envoyer un mail à Saint-Luc et Saint-Michel pour travailler en tant qu’aide-soignant. Malheureusement, il me fallait le visa pour être aide soignant et j’avais fait la demande en mars pour le visa, mais il me manquait quelques documents pour que le dossier soit complet. Je n’ai rien pu faire, je n’ai pas pu être volontaire. »

Stage et combat contre la pandémie

- Etudiante en deuxième année d’infirmière :

« Maintenant que mes examens en ligne sont terminés, je suis en stage et ça s’est passé très bien. L’équipe fait de son mieux, et les conditions de stage sont réunies. Au niveau de la protection pas de souci et très peu de contamination dans le personnel depuis que les masques sont là, même s’ils ne sont pas de top qualité. Au début de la crise, lorsque j’étais en tant que volontaire, on avait des bons masques, alors que là maintenant, on a des trucs, on ne sait pas d’où cela sort, mais c’est vraiment mauvais. Ce n’est pas super chouette de porter huit heures par jour un masque qui s’effiloche et qui est désagréable, mais je ne pense pas que ça pose des problèmes infectieux. »

- Etudiante en 4eme année d’infirmière :

« J’ai vécu cette période avec beaucoup d’appréhension au départ. Étant donné que j’étais en stage dans un service covid pédiatrique au tout début de la crise sanitaire, j’ai pu voir les difficultés dans la gestion des ressources, manque de matériel, vols de matériel, et des patients covid où les mesures d’isolement n’étaient pas toujours respectées. Ça a été difficile en tant qu’étudiante de trouver ma place et de savoir quoi faire vu que les professionnels de la santé étaient dans la même inconnue que moi. J’avais surtout peur d’être un vecteur et de transmettre ce virus à mes patients ou à mes proches. À la suite, j’ai été écarté de ce stage et des mesures ont été mises en place pour me permettre de retourner en stage avec des conditions de protections minimales (masque, gant et service non Covid). J’ai été dans un autre lieu de stage, en oncologie, j’y ai vécu mon stage différemment. J’avais des protections en suffisance, les mesures d’isolement et de testing des patients étaient systématiques ce qui m’a rassurée. J’ai vraiment beaucoup appris durant ce stage et je me suis sentie pleinement intégré au sein de l’équipe. J’avais la charge d’un nombre de patients définis de façon autonome sous la tutelle d’une infirmière diplômée. J’avais donc beaucoup de responsabilités, ce qui m’a permis d’apprendre à gérer les différentes priorités et à réfléchir de façon plus globale. Ce stage m’a beaucoup aidé et je pense que ça a permis de nouer d’autres contacts entre étudiant et équipe soignante. »

- Guillaume Van Diest, étudiant en troisième année d’infirmier :

« Début mai, on a recommencé nos stages, car au tant qu’infirmier, il nous faut 2300 heures de stage pour avoir notre diplôme au bout des 4 ans et malheureusement avec l’annulation, il fallait absolument rattraper avant le début de l’année prochaine. Donc, en troisième année dans mon école, on a recommencé les stages début mai dans les différents hôpitaux. On est arrivé en stage dans une période où les hôpitaux avaient déjà eu le temps de s’adapter au rythme covid et on a été accueilli dans des conditions très correctes et dans les règles. L’encadrement par les référents étudiants, pour ma part a été excellent, j’ai beaucoup appris durant ce stage. Mais mon cas n’est pas du tout à généraliser. Je suis délégué de ma classe et j’ai donc eu vent de quelques petits problèmes avec mes camarades durant leur stage dans certaines unités et certains hôpitaux. Dans l’ensemble, tous les étudiants ont été contents même si quelques-uns n’ont pas eu la chance de faire leur stage de spécialisation. Par exemple moi, je n’ai pas eu la chance de faire mon stage en urgence que j’attendais depuis trois ans. Tout le monde n’a pas eu la même chance dans la répartition des stages, car beaucoup d’hôpitaux ont refusé encore en cette période de prendre des stagiaires. »

Savoir plus :

Les témoignages, à la demande des étudiants, sont en majorité anonymes pour éviter toutes retombées.




Commentaires - 1 message
  • Bonjour, je suis une femme medecin, graduee a la KULeuven en 2010, avec numero de Inami 000, inscription a l'ordre des medecins de Liege et arrive pas a sortir du CPAS ou me rendre util nulle part. Je trouve pas de travaille ou benevolat. Avant de venir en Belgique, j'etait medecin reconue generaliste. Ensuite, complete la residence de Chirurgie General, continue une formation en Soins Intensives deux annees, permanences et gardes inclus.
    Encore, j'ai assiste 1,5 annees aux Soins Intensives des maladies infectieuses et connais par coeur les risques inherentes a mon metier. C'est mon obligation legale et choix personnel soigner les malades et alleger leur souffrances. Accompli des stages hospitalieres partout, et surtout travaillee plus de 12 annees seule dans les domaines decrites. On reconnais pas mes competences, on me permettre pas exercer mon metier et je suis obligee a tolerer une pauvrete indigne en 2020. Pas de ordinateur, tele, logement insalubre et souris partout pendent confinement. Comment est ceci possible? Suite au violence familial grave et indifference et/ou lentitude des services sociales. Je veux travailler, et connais les risques de ma profession. Je les accepte, soit Covid, ou Ebola. Le CPAS a carrement rejete ma demande d'ordinateur par etre pas necessaire dans mon cas, et je utilise un vieux gsm pour ecrire et lire. Au milieu d'une pandemie de Covid 19, on gaspille une medecine deja formee. C'est la honte.
    RESTER CHEZ MOI PENDENT UNE PANDEMIE COVID AUTENT QUE MEDECIN GRADUEE DEUX FOIS, EST INIMAGINABLE ET CRUEL. Je veux me rendre utile, peu interesse si par aider une infirmiere ou medecin. Parle Anglais, Francais, Flamande et Espagnol du facon fluide. Allemand doit ameillorer.
    Tout ca, est pas assez pour me rendre util. Alors je comprends pas ou est l'urgence du Covid. Je suis la preuve vivant que on gaspille des medecins qui savent leur metier, par leur empecher de etre inscrit et reconnues comme il le faut. Je viens de solliciter et m'offrir comme benevole partout, suis pas obese, fume pas et possede bon etat de sante. Alors, pourquoi? Patricia Cristobal Brun, Medecin Belge.

    PBrun dimanche 1er novembre 2020 15:02

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