Accompagner une mère adolescente
Dans le cadre de mon métier d’assistante sociale en périnatalité, je suis confrontée à des adolescentes enceintes. Souvent, cette grossesse n’est pas prévue, mais la volonté de garder ce bébé est plus forte que les obstacles qui les attendent.
Les situations d’adolescentes enceintes que je rencontre ne se ressemblent pas. Il y en a qui sont entourées par leur famille et d’autres pas du tout. Certaines se retrouvent même à la rue. Mon rôle, ainsi que celui du service où je travaille, consiste à les accompagner durant leur grossesse et dans le lien qu’elles vont créer avec leur enfant, mais aussi de m’assurer qu’elles gardent ou acquièrent une stabilité sociale.
Bébé surprise
La jeune fille qui tombe enceinte ne l’a, souvent, pas prévu. Je vais donc entrer en relation avec elle et installer un climat de confiance pour qu’elle m’explique sa situation. Pour cela, j’aborder la grossesse par le biais d’un « bébé surprise ». Cette approche semble être mieux prise que de parler de grossesse non désirée. En effet, il y a, selon moi, une différence entre une grossesse non prévue et une grossesse non désirée. Ces jeunes filles n’ont pas prévu d’être enceintes, mais désirent garder l’enfant qu’elles portent et donc devenir mères. Ensuite, je vais m’assurer que le bébé va bien et qu’elles sont suivies médicalement.
Le manque de place en maison maternelle
L’urgence va être de m’assurer que la future jeune maman vit dans un endroit sécurisant pour elle et son bébé. Cela va souvent dépendre de la réaction de ses parents. Certaines vont pouvoir compter sur leur soutien, mais d’autres vont devoir quitter leur domicile. Dans ce cas, la solution est la maison maternelle. En Brabant Wallon, il en existe plusieurs, mais peu acceptent des adolescentes et les places disponibles sont rares. Je ne peux, dans ce cas, que me diriger vers le SAJ et/ou leur proposer une maison maternelle dans une autre région. De plus, ces jeunes filles doivent avoir, au minimum, un revenu d’intégration sociale pour pouvoir entrer en maison maternelle, sinon la place leur sera refusée.
Les aides financières
Les mamans adolescentes ont besoin d’un suivi beaucoup plus important que d’autres. Elles sont souvent démunies face à la situation et ne savent pas à quoi elles ont droit. Outre les primes que la caisse d’allocation familiale et que la mutuelle octroient, je leur propose de s’orienter vers le CPAS. En effet, certaines ont droit au revenu d’intégration sociale. Je conseille aussi de demander une aide médicale pour le suivi de la grossesse et plus tard, une aide pour les frais médicaux et pharmaceutiques du bébé.
L’obligation scolaire
Tant que la jeune fille n’aura pas 18 ans, elle est en obligation scolaire. Outre cette obligation, je travaille avec elle le fait de se mettre en projet. Elle ne doit pas s’arrêter d’envisager l’avenir parce qu’elle va avoir un bébé. Au contraire, l’avenir est important et avoir une scolarité, un métier sont plus qu’essentiels pour subvenir aux besoins d’une famille. C’est un travail difficile, car elles sont souvent en décrochage scolaire et estiment qu’étant enceintes, elles n’ont pas à se mettre en projet. Je dois donc rappeler que ce n’est pas une maladie et que beaucoup de femmes continuent à travailler. Etre enceinte n’empêche pas d’aller à l’école.
L’inscription du bébé en crèche
Afin de pouvoir continuer sa scolarité après l’accouchement, nous parlons d’un mode de garde. Les places en crèches étant rares, il faut s’y prendre au plus vite. Malgré tout, les crèches ont des places d’urgence et peuvent accueillir rapidement un bébé quand un service les contacte.
Le lien mère-bébé
Outre les aspects plus concrets de la problématique, il faut être attentif au lien que l’adolescente crée avec son bébé et que l’attachement se mette en place. Dans le service où je suis, on travaille dans une équipe pluridisciplinaire. Les consultations se font à domicile et en binôme avec une psychologue. Nous essayons de la projeter sur son bébé, qu’elle l’imagine, qu’elle lui parle, qu’elle touche son ventre ... Nous abordons avec elle l’accouchement et comment elle l’imagine. N’ayant pas de sage-femme dans notre service, nous orientons la jeune maman vers une sage-femme afin qu’elle puisse prendre le temps de lui expliquer comment se passe un accouchement.
Et le papa ?
Nous travaillons également avec lui le lien avec son enfant et il fait partie intégrante du travail que l’on fait avec la maman. Il arrive que ce soit lui qui héberge sa compagne quand elle se retrouve sans domicile. Malheureusement, il existe peu de services d’hébergement qui peuvent accueillir le couple. Ils sont souvent séparés. Pourquoi sont-ils si souvent mis à l’écart ? Il serait intéressant de rappeler l’importance de la place d’un père dans une grossesse et dans l’arrivée du bébé. La création ou l’ouverture de certains lieux d’accueil aux papas me paraît être un projet que notre gouvernement devrait prendre en considération.
CD, assistante sociale
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