Thérapie de couple et demande unilatérale
Parfois, Monsieur et Madame sont désireux de retrousser leurs manches pour se mettre au travail. Mais dans d’autres cas, l’un est demandeur et l’autre pas. Une demande dissymétrique est d’ailleurs souvent la règle. Ce sera donc au thérapeute de la noter d’abord, de la mettre au travail ensuite. Car ces demandes bancales, si elles sont courantes, n’en sont pas moins à manier avec précaution.
Lors du premier contact, il semble indispensable de s’enquérir de la genèse de la démarche. Les deux conjoints sont-ils demandeurs ? Si ce n’est pas le cas, qui porte la demande ? Et quelles sont les raisons qui poussent l’autre partenaire à accepter une démarche qu’il n’a ni initiée ni demandée ? Un travail thérapeutique sera possible si les deux conjoints sont en attente d’un changement. Cette transformation attendue peut être dissemblable, voire incompatible, mais elle doit exister de part et d’autre.
[DOSSIER]
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– La sexualité et sa place dans la thérapie « classique »
Deux personnes en action
Pour s’assurer de cette demande a minima de part et d’autre, il peut être utile, par exemple, de demander une petite démarche symbolique à celui ou celle qui n’a pas fixé le premier rendez-vous. Par exemple, le conjoint peut envoyer un court message afin de confirmer lui aussi le rendez-vous pris par son partenaire. De même, lors du premier contact, chacun devra mettre en mot ses attentes par rapport aux rencontres de couple qui se mettent en place.
La confidentialité
Toute thérapie s’effectue dans une confidentialité qui la rend possible. Dans les rencontres de couple, le principe du secret est également de mise entre les partenaires et doit donc être spécifiquement reconnu. Ce qui se dit en séance appartient à la thérapie de couple et ne peut pas être utilisé en dehors pour quelque motif que ce soit. Il en va de la sécurité du cadre dans lequel sera mené le travail thérapeutique.
La poursuite de la thérapie
Une demande dissemblable, tant dans son contenu que dans son « intensité », ne rend nullement impossible la thérapie de couple. Cela sera même un élément précieux du travail de la demande. En revanche, il va de soi que le souhait de l’un de mettre en terme au travail mené signifiera aussitôt la fin des séances, même si l’autre ne le souhaite pas. Pour la rupture, une volonté unilatérale de l’engagement sera donc suffisante, quel que soit le désir de l’autre de poursuivre. Cela rend le cheminement thérapeutique particulier.
Le payement de la séance
Là encore, le règlement de la séance est d’une grande portée symbolique. Il peut par exemple refléter la façon dont est géré l’argent dans le couple (chacun pour soi, tout en commun ,…). Mais il peut également être un rappel de la dissymétrie de la demande et indiquer à l’autre (voire au thérapeute) que l’un des partenaires, s’il veut bien accorder de son temps, n’est pas prêt au moindre sacrifice financier pour solutionner quelque chose qui, selon lui, ne le concerne pas. Une fois encore, il convient d’y être attentif.
Refuser la place du juge
Finalement, le thérapeute a besoin de la collaboration des deux conjoints pour mener à bien le déroulement des séances. Il devra donc prendre bien garde à sa neutralité et construire une alliance avec chacun des partenaires. Partie prenante du processus de transformation, il ne peut en aucun cas se positionner en juge ou donner raison à l’un ou l’autre. Dans le contexte conflictuel souvent présent, il devra ainsi veiller, séance après séance, à maintenir sa délicate position thérapeutique.
D. Bertrand, psychologue.
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