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Trop peu d'espaces CANTOU en Belgique !

27/09/18
Trop peu d'espaces CANTOU en Belgique !

Les maisons de repos belges n’aménagent pas assez d’espaces accordés aux personnes Í¢gées atteintes de démence sévère qui nécessitent une prise en charge constante des professionnels de la santé.

Les professionnels de la santé (aide-soignante, infirmière, ergothérapeute, kinésithérapeute...) qui travaillent dans des maisons de repos (MR) belges – où les personnes âgées démentes côtoient celles non démentes – se retrouvent trop souvent sans ressources face à des crises d’agressivité causées par la dégradation de la santé mentale des personnes âgées. Le temps, la patience et les outils adaptés sont en manque dans un établissement où le travail du personnel s’enchaîne après chaque tâche effectuée. L’espace CANTOU a été créé pour répondre à ces difficultés. Malheureusement, il n’est pas systématiquement installé.

Pourquoi un aménagement tardif ?

De nombreuses démarches administratives sont la cause d’un si petit nombre d’espaces CANTOU en Belgique, ainsi que l’économie à dépenser pour l’aménagement. Sans oublier la mise en place d’un projet fiable, d’un environnement clos et du personnel supplémentaire. Une fois l’aménagement terminé et les lieux occupés, la paperasse reste présente afin de maintenir les subsides. En accompagnement par exemple, chaque activité se doit d’être encodée sous une fiche explicative et détaillée. Il en va de même pour la moindre sortie extérieure organisée car le budget est limité. L’économie, l’administratif, le personnel supplémentaire et l’espace : des contraintes qui peuvent repousser un projet CANTOU.

Une longévité sans cesse repoussée

Selon le site du SPF Economie, des chiffres calculés par la Direction générale Statistique, les personnes âgées – 65 ans et plus – représentaient presque un cinquième de la population en 2016, soit plus de 2 millions d’individus ! Mais la santé physique et mentale se dégrade face à la vieillesse avancée. Les deux types de démences les plus répandus sont la maladie d’Alzheimer et la sénilité. Leur prise en charge est lourde au sein des maisons de repos. Les professionnels de la santé accomplissent le meilleur du possible dans leur travail. Mais face à la surpopulation des personnes âgées et aux nombreuses pathologies différentes dans les MR, l’encadrement ne respecte plus le relationnel. Il développe malencontreusement le stress et le repli sur soi des personnes âgées démentes. Leur état d’agressivité n’est pas toujours sans conséquence. La violence physique s’installe et leur première cible est régulièrement les professionnels qui les encadrent.

Le CANTOU, le foyer de la maison

L’objectif d’un CANTOU est de créer une sphère, une sorte de « cocon », un espace plus « familial » et moins médical pour les personnes âgées désorientées. Les unités CANTOU apportent de nombreux bénéfices : sécurité, individualisation et considération, empathie, soins individuels, liberté de mouvements... Sans oublier l’emploi pour les professionnels de la santé. Chaque espace ne peut accueillir que quinze personnes désorientées. Cela permet la création d’une petite famille et d’un encadrement plus personnalisé où les professionnels de la santé deviennent des membres de cette famille. Ils sont tutoyés et appelés par leur prénom.. Le relationnel retrouve sa place et l’agressivité des personnes âgées démentes est fortement diminuée car canalisée. Les espaces CANTOU ne sont pas systématiquement inclus dans chaque MR accueillant des personnes démentes et non démentes. Pourtant, elles en ont bien besoin.

L’Educ touche-à-tout



Commentaires - 6 messages
  • Par contre, certaines MRS donnent le nom Cantou aux familles des Résidents, pour une unité qui ne respecte ni les normes en personnel, ni la méthode de fonctionnement. Pour moi cela est de la tromperie.

    Ritaergo jeudi 4 octobre 2018 11:37
  • Bonjour
    j'avoue être assez interpellé par l'article ci-dessus , je suis directeur d'une MRS "le domaine des rièzes et sarts" et chaque jour nous nous réjouissons en équipe de ne pas avoir de Cantou au sein de notre structure,le fait de ne pas avoir de Cantou a permis une totale mixité des pathologies et des accompagnements... nous vivons de superbes interactions quotidiennement entre nos adultes âgés "bien orientés" et nos "adultes âgés moins bien orientés ou désorientés"..... quant Í  se réjouir du tutoiement de ces adultes âgés désorientés... lÍ  ,ça devient franchement insupportable ... !!!
    Belle journée Í  tous
    Dominique Bigneron

    domdomdom jeudi 4 octobre 2018 12:25
  • On parle du tutoiement des membres du personnel, pas des résidents...!

    Kcinna11 jeudi 4 octobre 2018 12:40
  • .....non je ne crois pas ..... mais puissiez-vous avoir raison:-)

    domdomdom jeudi 4 octobre 2018 13:28
  • Bonjour, je suis aussi interpellée par ce sujet. Je travaille actuellement dans une maison de repos en tant qu'éducatrice spécialisée et référente pour la démence. Il y a quelques années, la direction a décidé de supprimer le cantou. Je pense au final, que ce n'est pas plus mal car les personnes deviennent de plus en plus tolérantes envers leurs congénères "déments" et la cohabitation plus facile et respectueuse. Nous avons été visiter la maison de repos de Mr Bigneron et son approche est assez en accord avec les valeurs de la maison de repos. Quant au tutoiement, je pense aussi que l'article parle des résidents et non du personnel. Par contre, je pense que c'est Í  la personne de choisir comment elle désire qu'on l'appelle et non Í  nous de lui imposer selon les normes ou la famille ou le règlement, mais lÍ , il s'agit encore d'un autre débat ;) Sur ce, bonne journée

    Sd vendredi 5 octobre 2018 10:46
  • Bonjour,

    Je pense aussi qu'il vaut mieux favoriser la tolérance parmi tous les résidents d'une maison de repos, et surtout la liberté de circulation. Ce qu'il faut faire évoluer c'est la prise en charge et non la quantité des cantous (et oui quand on lit la description du cantou à l'orgine, cela ne coïncide pas vraiment à toutes les unités qui se présentent comme tel).
    Bravo à la magnifique contribution de Mr. Dominique Bigneron. Un modèle à suivre. Pour ceux que cela intéresse, il y a aussi le modèle de HUIS PERREKES en Flandre: pas de code aux portes, libre circulation, mobilisation, activités de toutes sortes, préparation des repas, projets d'inclusion et intergénérationnels. Les résidents vivent dans des maisons : 15 pers. maximum par habitation. Résultats: moins d'agressivité, moins de médications.

    Augusteetlesautres jeudi 3 mars 2022 19:24

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