Où vont vivre les personnes âgées à l'avenir, et à quel prix ?
Les maisons de repos sont de plus en plus privatisées. C’est que le marché est rentable vu le vieillissement de la population et la pénurie de places dans le public. La qualité et le coût de l’hébergement constituent des enjeux cruciaux.
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80,4 ans. C’est l’âge moyen que peuvent espérer franchir les Belges selon les chiffres des nouvelles tables de mortalité de 2011 publiées par la Direction générale Statistique et Information écono-mique. Depuis 30 ans, on observe une augmentation de l’espérance de vie en Belgique. Nous vivons de plus en plus en vieux, c’est un fait.
Manque de lits
L’enjeu des soins et de l’hébergement aux personnes âgées est crucial pour l’avenir. Actuellement, la Belgique est déjà frappée par une pénurie de places. D’après les calculs de l’institut pour un Développement durable publiés en mars dernier, sur base de l’évolution de la population, il y aurait un besoin de 6.000 lits supplémentaires d’ici 2024, rien qu’en Région wallonne.
On compte en Belgique 2 types de maisons de repos pour les personnes âgées, qui peuvent parfois cohabiter. D’une part, les MRPA, maisons de repos pour personnes âgées. Il s’agit de structures résidentielles destinées aux personnes de plus de 60 ans qui y bénéficient de divers services et de soins si nécessaire. D’autre part, on compte les MRS qui sont des maisons de repos et de soins. Ces établissements sont spécifiquement destinés aux personnes requérant des soins plus lourds.
Les maisons de repos et de soins sont toutes deux financées par l’INAMI, le montant étant calculé selon le degré de dépendance du bénéficiaire et le personnel de soin nécessaire pour répondre à ses besoins. Les maisons de soins reçoivent donc un montant plus élevé, correspondant aux cas plus lourds qu’ils doivent prendre en charge.
Le business des vieux
Parmi les opérateurs des maisons de repos -les ASBL, les CPAS et sociétés privées commerciales-on observe depuis plusieurs années que ces dernières se taillent une belle place sur le « marché ». Ainsi à Bruxelles et en Wallonie, 50 % des lits sont aux mains du secteur privé commercial* . Cette mainmise du privé peut s’expliquer par la demande qui ne cesse d’augmenter et le manque de places dans les structures d’hébergement publiques.
Les personnes âgées risquent donc à l’avenir d’être l’enjeu d’un business de sociétés privées– qui, il faut le rappeler, bénéficient aussi d’aides publiques selon les critères INAMI abordés ci-dessus – peu ou moins soucieuses de la qualité des soins et de l’encadrement que de la rentabilité. Si la Belgique est encore préservée par la marchandisation de la santé par rapport à d’autres pays comme l’Italie, l’Allemagne ou l’Angleterre, le secteur des maisons de repos et tous les travailleurs qui le composent ainsi que les résidents actuels et futurs ont des raisons de s’inquiéter.
Manon Legrand
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* Maison de repos : un marché rentable… Mais à quel prix, Monique Van Dieren, Contrastes, dossier pédagogique des Equipes populaires, janv.fev 13, p.4
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