Changer de voie pour devenir aide-soignante : la reconversion inspirante de Wendy
C’est à la terrasse d’un café bruxellois que Wendy nous rejoint, jeune maman au regard doux, arborant un grand papillon tatoué sur le cou. Ce papillon est un symbole parfait de sa reconversion professionnelle : après des années dans des emplois alimentaires, elle a quitté la sécurité de son cocon pour déployer ses ailes grâce au programme Choisislessoins.be et se diriger vers un métier qui lui correspond. Rencontre avec une aide-soignante en devenir.
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Le Guide social : Pourquoi avoir choisi de vous réorienter dans le secteur de la santé ?
Wendy : Cela faisait longtemps que je pensais à une reconversion, même si je n’avais pas encore de préférence pour le secteur de la santé. J’ai commencé à travailler tôt dans la vente et l’horeca. Mais avec la vie de famille, ce n’est pas simple de reprendre des études et de se dire qu’on va peut-être perdre en sécurité financière. C’est une collègue qui m’a parlé de Choisislessoins.be, et pendant ma grossesse, j’ai décidé de me lancer. J’étais écartée du travail pour des raisons de sécurité, et je ne me voyais pas revenir dans l’horeca après mon congé de maternité. J’ai donc passé les tests et décidé de tenter l’aventure, un peu à l’aveuglette, avec l’envie de découvrir et en étant convaincue que ce changement ne pouvait être que bénéfique
Le Guide social : Qu’est-ce qui vous a attirée dans le programme Choisislessoins.be ?
Wendy : La sécurité de l’emploi, avant tout. Avec ce programme, on est rémunéré pendant la formation, et on signe un contrat de travail qui vaut un CDI, ce qui est rare quand on reprend des études. En plus, la formation dure deux ans, ce qui passe relativement vite. Je me suis dit que si je devais changer, c’était maintenant. Et il n’est jamais trop tard pour se lancer !
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"Je voulais donner à mon fils l’exemple d’une maman qui travaille dans un métier qu’elle aime et qu’elle a choisi"
Le Guide social : Y avait-il un élément spécifique qui vous a poussé vers le métier d’aide-soignante, ou est-ce une envie qui a mûri progressivement ?
Wendy : C’est une envie qui a mûri au fil du temps. Travailler dans la vente et l’horeca, c’est bien quand on est jeune, mais il y a beaucoup de turnover et ça manquait de sens pour moi. Plus jeune, j’avais envisagé de devenir éducatrice spécialisée pour travailler avec des personnes en situation de handicap. Malheureusement, j’ai dû abandonner cette formation pour des raisons financières. Quand je suis devenue maman, j’ai vraiment commencé à réfléchir à mon avenir. Je voulais donner à mon fils l’exemple d’une maman qui travaille dans un métier qu’elle aime et qu’elle a choisi. Certaines personnes aiment travailler dans l’horeca, mais ce n’était pas mon cas, et je voulais aussi un cadre plus stable pour ma vie de famille.
Le Guide social : Comment s’est passée la transition entre votre ancien métier dans l’horeca et le début de votre formation ?
Wendy : Ça m’a vraiment confortée dans mon choix. Lors de l’entretien de sélection pour le programme, on est prévenu des défis : il faut pouvoir jongler avec la vie de famille. Mais je me disais que ça ne pouvait pas être plus difficile que mon ancien travail, avec ses horaires décalés et fatigants. Dans l’horeca, je terminais parfois à minuit, voire 3h du matin. En tant qu’aide-soignante, les horaires sont variables, mais rarement plus tard que 21h. En plus, avec les deux années de formation qui correspondent à celles où mon enfant est en crèche, le timing est parfait.
Et puis, avec l’horaire scolaire de la formation, j’ai même plus de temps pour moi et mon bébé maintenant. Pour l’instant, ce sont les périodes de stage qui sont les plus compliquées, surtout avec les horaires atypiques de mon mari. À Bruxelles, on est sans famille à proximité, et même si la crèche ouvre dès 7h30, c’est parfois trop tard, car mes stages commencent à 7h. Comme mon mari travaille également tôt, on a dû trouver une solution pour les matinées. L’année dernière, nous avons dû engager une babysitter, et cela demande une sacrée organisation ! Je commence à chercher des semaines à l’avance, en espérant trouver quelqu’un de fiable pour être là dès 5h30. La babysitter prend le relais le matin, s’occupe de notre petit, puis le dépose à la crèche. Je commence mes stages dans 10 jours, et depuis septembre, je fais passer des entretiens pour trouver la personne qui pourra nous aider sur ces horaires-là.
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Le Guide social : Des compétences de l’horeca que vous retrouvez dans votre nouveau parcours ? Ou est-ce une rupture complète pour vous ?
Wendy : Oui, il y a des similitudes. Dans l’horeca, les horaires peuvent être contraignants, et ce sont des métiers physiques où l’on reste debout toute la journée, ce qui demande une certaine réactivité et polyvalence. En me formant pour devenir aide-soignante, je réalise que je peux valoriser des compétences acquises dans mes anciens métiers. Le contact humain, par exemple, je l’aimais déjà avant, mais il est encore plus important maintenant. Je me découvre aussi de nouvelles qualités. Mon mari était un peu sceptique au début. Il pensait que j’aurais du mal à être aussi patiente avec des personnes âgées, et moi non plus, je ne pensais pas avoir autant de patience ! Mais je l’ai bien surpris, et je me suis aussi surprise car c’est au contact des aîné⸱e⸱s que je préfère travailler. On apprend énormément d’elles, et je trouve ça vraiment enrichissant.
"Je sais pourquoi je me lève chaque matin"
Le Guide social : Comment percevez-vous le rôle d’aide-soignante dans notre société actuelle ?
Wendy : Je trouve que ce métier n’est pas suffisamment valorisé. Les gens ont tendance à voir ce travail comme ingrat, ce qui est très réducteur. Nos tâches sont variées, et nous avons un lien privilégié avec les personnes que nous aidons. On a un rôle logistique et relationnel essentiel, et il faut qu’il y ait des gens pour faire ce métier avec envie et engagement. Pour ma part, c’est un travail qui me permet de me sentir utile chaque jour. Je sais pourquoi je me lève chaque matin.
Le Guide social : Est-ce que des personnes ou des événements particuliers vous ont inspirée dans votre parcours de reconversion ?
Wendy : Ma maman a été mon premier modèle. Elle a aussi fait le choix de reprendre des études, après avoir travaillé dans des métiers différents, d’abord en coiffure, puis comme aide-ménagère. Elle s’est formée pour devenir assistante logistique en milieu hospitalier, et cela fait aujourd’hui 10 ans qu’elle s’épanouit dans ce travail. Son parcours m’a donné la force et l’envie de suivre cette voie. Durant ma formation, j’ai aussi eu la chance de rencontrer des professeurs et des collègues passionnés par leur métier, ce qui me conforte dans mon choix.
Le Guide social : Si vous pouviez donner un conseil à quelqu’un qui envisage une reconversion dans le secteur de la santé, quel serait-il ?
Wendy : Oser se lancer, et surtout ne pas écouter toutes les critiques ! On m’a souvent dit que ce métier serait difficile et ingrat. Mais il ne faut pas se laisser décourager par les avis négatifs et écouter sa petite voix intérieure. Parfois, on ne connaît pas un métier avant de l’essayer. On entend souvent que les métiers de soins sont des vocations, mais je ne suis pas d’accord. On peut découvrir une passion en chemin, en se formant et en pratiquant. Pour moi, c’est en m’y plongeant que ce métier est devenu une révélation.
Propos recueillis par Laura Mortier
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Le métier d’aide-soignant⸱e est bien plus qu’une simple profession, c’est un véritable engagement envers les autres. Avec une approche humaine et empathique, les aide-soignant⸱e⸱s sont des piliers dans le parcours de soins, contribuant à rendre la vie des patients plus confortable et digne. Leur travail, souvent en coulisses, mérite d’être reconnu et valorisé. Si vous souhaitez en savoir plus sur la formation suivie par Wendy, n’hésitez pas à jeter un œil à choisislessoins.be. Et découvrez une série d’informations sur les métiers du Non-Marchand sur la plateforme www.jaimemonmétier.be.
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