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Consultante en lactation : un accompagnement discret mais essentiel

24/10/23
Consultante en lactation : un accompagnement discret mais essentiel

À l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement, la SMAM, qui se tenait durant la première semaine d’octobre, le Guide Social a rencontré deux consultantes en lactation, Christel Jouret et Valérie Pareit, afin qu’elles nous dévoilent les dessous de ce métier si particulier.

Écoute attentive des femmes, sensibilisation des professionnels et chasse aux idées reçues, … les consultant.e.s en lactation ont fort à faire !

Christel Jouret, Happynaiss

"Je trouve des solutions avec les mamans pour les accompagner dans cette époque où le geste d’allaitement a été un peu oublié."

Sage-femme depuis plus de 30 ans, Christel (en orange sur la photo) s’est très tôt sentie concernée par le lien mère-enfant. Elle s’investit dans plusieurs projets dont la création d’un dossier qui mènera l’INAMI à créer les "Consultations d’allaitement", la création d’une consultation d’allaitement dans son service, l’aide à l’implémentation en équipe des recommandations de "l’Initiative Hôpital Ami des Bébés et des Mamans" (IHAB), menant le plateau mère-enfant à l’obtention d’un label de qualité de soins. Elle participe à la formation des professionnels de cette maternité mais aussi des maternités qui souhaitent implémenter l’IHAB.

Aujourd’hui, "Christel la sage-femme d’Happynaiss" est devenue l’auteure d’un guide destiné aux futures mamans qui hésitent ou désirent allaiter leur bébé. Il fait appel à la notion d’empowerment. Elle l’a d’ailleurs intitulé "Allaiter, Mon Superpouvoir ! Comment devenir l’héroïne de mon projet d’allaitement".

Valérie Pareit, Haute Ecole Léonard de Vinci

"Accompagner les mamans, c’est les intégrer dans leur environnement, leur famille, leur histoire. C’est offrir une écoute et prendre en compte une situation dans sa globalité."

À 55 ans, Valérie Pareit a officié en tant que sage-femme durant de nombreuses années. C’est dans le cadre de son emploi dans une maternité qu’elle se rend compte que la question de l’allaitement est problématique. Formée en tant que conseillère en lactation IBCLC, elle reprend également des études pour suivre un master en santé publique afin de développer ses compétences dans l’éducation à la santé. Depuis près de 15 ans, elle accompagne les femmes confrontées à des difficultés au sein de leur parcours d’allaitement.

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Consultant.e en lactation, c’est quoi exactement ?

La/le consultant.e en lactation accompagne les femmes qui souhaitent allaiter et qui rencontrent des difficultés pendant leur allaitement. Elle conseille les mamans durant toute leur période d’allaitement : avant la naissance du bébé et bien entendu, en post-partum. Les problèmes d’allaitement sont fréquents dans la première semaine et notamment pendant l’accompagnement au retour à domicile, lorsqu’elles rentrent dans leur foyer après le séjour en maternité.

"La sage-femme consultante en lactation est là pour informer de façon éclairée, soutenir et accompagner le projet des parents. Elle réfère la mère et/ou le nouveau-né au pédiatre, au gynécologue ou au médecin traitant en cas de complications médicale", pointe Christel Jouret.

  • Comment se déroule une consultation et où se déroule-t-elle ?

Une consultation d’allaitement dure environ une heure à une heure trente. Durant celle-ci, la maman expose son projet d’allaitement et ses difficultés. La consultante complète cet historique par l’observation clinique du bébé, de la maman et d’une tétée pour identifier l’origine du problème et commencer à y apporter des solutions.

Les consultations en allaitement se déroulent à domicile, à l’hôpital ou encore, en cabinet privé.

  • Quelles sont les problématiques rencontrées ?

La douleur, les crevasses du mamelon, la difficulté de mise au sein, l’engorgement sont les causes principales de consultation les premières semaines.

"Il y a encore beaucoup la croyance que l’allaitement est, par essence, douloureux. C’est faux ! L’allaitement est un partenariat 50-50 entre maman et bébé, une symbiose bienveillante. Tous deux y trouvent leur compte : du lait, de l’affection et de la relaxation pour s’y reposer. L’allaitement repose et détend la mère. La douleur est contre-productive dans l’allaitement", analyse Christel Jouret.

D’autres mamans consultent pour des questions en lien avec une prise de poids lente, un rythme de tété soutenu, le sommeil du bébé, la crainte de ne pas avoir assez de lait, la reprise du travail, etc… Chaque histoire d’allaitement est personnelle et les obstacles rencontrés durant un parcours d’allaitement sont variés.

"Une grande partie de notre travail consiste à informer les parents de façon éclairée et à les rassurer quant aux compétences qu’ils ont. Notre société fait tout pour leur faire croire qu’ils ont besoin de pleins d’autres choses - de matériel notamment - pour être un bon parent. Pas du tout ! Un bébé a seulement besoin de sécurité affective, nutritive et physique", rajoute Christel Jouret.

Qui peut devenir consultant.e en lactation ?

En théorie tout le monde peut devenir consultant.e en lactation ; le titre n’est pas protégé. Cependant, afin de prétendre à un remboursement des consultations, il est nécessaire de posséder un diplôme pouvant donner droit à un numéro d’identification INAMI. La plupart des consultants en lactation sont des sages-femmes.

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Les médecins, kinésithérapeutes, infirmières pédiatriques, ou toute autre personne ayant une formation médicale ou une expérience de soutien à l’allaitement suffisante peuvent également prétendre à cette formation, mais ne pourront en revanche pas faire rembourser leurs consultations d’allaitement auprès de l’INAMI.

"Je pense que tous les professionnels susceptibles de prendre en charge une jeune maman devraient posséder une formation minimale à l’allaitement. Les médecins, kinés, infirmiers, … devraient tous savoir comment ça fonctionne", nous confie Valérie Pareit.

Elle rajoute : "Aujourd’hui, dans les cours de biologie en secondaire, les seins sont considérés comme des organes sexuels secondaires. C’est très réducteur. Nous sommes les héritiers d’une culture du biberon, qui ne prend pas du tout en compte les réalités physiologiques de l’allaitement. Cette méconnaissance des réalités physiologiques de la maman et du bébé, beaucoup de professionnels de la santé l’ont encore aujourd’hui, ce qui peut conduire à des visions erronées des réalités de l’allaitement, à des conseils pouvant culpabiliser les jeunes mères en difficultés."

Quelle formation pour devenir consultant.e en allaitement ?

Il existe différentes formations, offrant un diplôme au rayonnement international ou, au contraire, pouvant complémenter une formation médicale afin d’éclairer le professionnel sur ce domaine. Le SPF Santé Publique reconnaît par ailleurs les formations répondant à ces critères de qualité. Retrouvez-les sur les formulaires de reconnaissance disponibles sur le site du SPF Santé Publique.

Les formations courtes sont dispensées par des sages-femmes formées dans ce sens - Christel Jouret, par exemple, propose des formations courtes auprès des équipes de maternité et en ligne.

"Je propose des formations de 20 heures pour les équipes de sages-femmes. En général, je reçois un accueil très positif, mais sur le long terme, les automatismes hospitaliers reprennent vite le dessus. Le retour à domicile précoce, au J2 pour un accouchement par voie basse, est répandu partout en Belgique aujourd’hui. Il n’est donc pas possible que l’allaitement soit complètement lancé avant la sortie. Les mères sont parfois mises sous pression et ça, c’est dommage. Quand les parents sont rentrés à la maison, la sage-femme doit se faire au rythme de la famille. La formation continue des sages-femmes hospitalières lors du retour à domicile peut aider à accompagner cette évolution."

  • La reconnaissance IBCLC

Des formations approfondies, comme le DIU, ou Diplôme Inter-Universitaire en “Lactation Humaine et Allaitement Maternel”, sont également possibles. Elles permettent notamment de se préparer à passer l’examen IBCLC, l’International Board Consulting Lactation Certificat, qui est la plus haute forme de reconnaissance pour un consultant en lactation.

"Pour être éligible à l’examen IBCLC, il faut prouver que l’on a une longue expérience pratique en matière d’allaitement. On peut être soignant, médecin, ou bien avoir passé des heures à soutenir des mamans allaitantes, par exemple dans le cadre de permanence téléphonique dans une association de soutien de l’allaitement, comme la Leche League", précise Christel Jouret.

Cette reconnaissance doit être revalidée tous les 5 ans afin de s’assurer que la personne certifiée maintient ses connaissances à jour dans toutes les matières requises.

Pour plus d’informations sur le panel de formations en lactation disponibles en Belgique et en France, consultez le site d’Infor-Allaitement.

  • Peut-on être consultant.e en lactation à temps plein en libéral complet ?

"Non", répondent unanimement nos deux interlocutrices.

Christel Jouret développe : "On ne peut pas vivre uniquement de l’activité de consultant en lactation. Cette formation sert surtout à atteindre une certaine qualité d’accompagnement des mères allaitantes. Quand on gagne 40 €, il faut le couper en deux. On arrive pratiquement au même salaire qu’à l’hôpital."

Quelles qualités et compétences pour être consultant en lactation ?

  • Écouter, être patient et empathique

Plus qu’une approche technique et médicale, le consultant en lactation offre bien souvent avant tout une écoute empathique aux mamans parfois désemparées, ne trouvant pas de réponse à leurs questions auprès des professionnels de santé.

"Il faut être particulièrement attentive à ce que disent les mamans. Au début d’une consultation, j’invite la maman à s’asseoir confortablement puis je lui dit ’Racontez-moi’. Et elle se met à raconter, parfois à pleurer. Je note ses mots. Je rebondis sur certains éléments. À un moment, le chemin s’illumine et l’origine du problème apparaît sous ses yeux, parfois ébahis car parfois, le véritable problème est bien loin de ce qu’elle pensait. Une consultation d’allaitement, c’est écouter, observer chacun puis observer une tétée", note Christel Jouret.

Valérie Pareit renchérit : "La période périnatale est une période assez fragilisante émotionnellement. Je rencontre fréquemment des femmes qui ont des difficultés à se remémorer un accouchement difficile, qui traversent un allaitement compliqué, une reprise du travail délicate… Il y a beaucoup d’ambivalences. Nous faisons un vrai travail d’écoute. Je ne dirais pas que c’est un travail psychologique, mais plutôt un travail d’écoute empathique."

  • Appréhender une situation dans sa globalité

Parce que l’allaitement prend place dans un contexte, une histoire, les réponses aux différentes problématiques rencontrées sont loin d’être purement techniques. Une prise en charge holistique est indispensable pour un suivi de qualité. Une approche qui se construit au fil des expériences, aussi bien professionnelles que personnelles.

"Mon suivi en lactation consiste en une approche assez globale. Il n’y a pas que la femme ou que son bébé. Il s’agit d’eux deux, d’une famille, ils évoluent dans un environnement. Ce qui me plaît, d’ailleurs, c’est de pouvoir prendre le temps d’aborder les choses d’une manière assez large", explique Valérie Pareit.

De son côté, Christel Jouret pointe que c’est très holistique, ce métier. "Il ne s’agit pas que de connaissances théoriques mais bien de leur mise en pratique dans chaque vécu, pour chaque duo maman-bébé. Je me souviens d’une femme dont le bébé ne prenait pas assez de poids pour les professionnels qui suivaient son bébé. Ils lui ont rapidement laissé penser qu’elle n’avait pas assez de lait et qu’il fallait qu’elle donne à son bébé des biberons de lait artificiel."

Et de préciser : "Mais la réalité était tout autre. Après avoir passé une heure à décortiquer les fausses croyances des uns et les injonctions des autres, elle a réalisé, à son grand étonnement, qu’elle avait du lait en surabondance mais que son bébé ne prenait pas le poids attendu pour une raison évidente : il pleurait 4 à 6 heures par jour ! Personne n’avait relevé ce fait complètement anormal et encore moins l’incidence que cela avait sur son absence de prise de poids. Comment grossir quand on dépense une telle quantité d’énergie ?"

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  • Résoudre les problèmes et accompagner

Face à des situations mêlant à la fois vécu personnel, émotions et difficultés des mamans et des bébés, les consultantes en lactation doivent faire preuve d’inventivité et de ténacité. De précieuses ressources qui leur servent à venir à bout de la plupart des problèmes rencontrés. Pour être consultant.e en lactation, il faut donc avoir un esprit tourné vers la recherche de solutions avec les parents et au cas par cas. C’est toujours du sur-mesure !

"Quel que soit le problème, il y a des solutions adaptées à chaque cas", rassure Christel Jouret. "Avant tout, la solution apportée doit coller au projet des mamans, à leur réalité, dans leur contexte de vie. Il n’y a pas de problème qu’on ne puisse résoudre d’une manière ou d’une autre. Même si c’est par l’accompagnement au sevrage de l’allaitement. C’est aussi ça notre travail. Ces femmes warriors, vaillantes, battantes, j’en ai vu des milliers. Elles se coupent en dix pour continuer leur allaitement malgré des complications en chaîne. Je les admire. Ce sont mes héroïnes."

"Le sein des femmes leur appartient."
  • Savoir garder un rôle d’accompagnant

L’allaitement touche aussi au rapport à l’intime : qu’il s’agisse du rapport au corps ou encore du lien affectif qui se crée entre la mère et l’enfant. Une notion dont le corps médical prend de plus en plus conscience.

"Le sein des femmes leur appartient. Leur allaitement aussi", martèle Valérie Pareit. "J’entends encore des femmes qui me disent qu’on les a bousculées. Une femme, dernièrement, me racontait comment, parce que son bébé ne voulait pas téter, on est venu, à l’hôpital, extraire son lait. Cela me choque énormément. C’est leur sein, leur bébé. Notre rôle, c’est d’accompagner, pas de se substituer."

"Mon travail, c’est avant tout d’aider les femmes à se questionner, à retrouver ce qui est important pour elles."

Et de rajouter : "Il y a encore parfois, malheureusement, cette idée d’une médecine et de soignants qui savent, qui ont le savoir. J’entends parfois des femmes en souffrance par rapport à la manière dont elles ont été considérées, dans leur parcours d’allaitement ou durant l’accouchement. Il y a souvent, dans ces parcours, un manque de respect. Le respect, ce n’est pas juste dire ’Madame, est-ce que je peux toucher votre sein ?’. Une femme qui vient d’accoucher, qui est submergée par les hormones et les émotions, qui se retrouve devant un corps médical… Elle ne va pas souvent dire non. Elle peut se trouver dans une perte de contrôle totale. Et le personnel soignant, la consultante en lactation, doit justement lui redonner ce contrôle perdu, cette confiance en elle. Avant tout, l’écouter, lui permettre de se reconnecter à ses besoins, légitimer ses choix - même si cela veut dire arrêter l’allaitement au sein. En tant que professionnelles de l’éducation à la santé, notre mission est de redonner leur pouvoir aux gens, pas l’inverse."

Christel Jouret renchérit : "Mon objectif, en écrivant ce guide, est de montrer aux futures mères qu’elles ont un Superpouvoir, de leur donner les moyens d’acquérir un mental de marathonienne et une zénitude digne d’un bouddha. C’est ainsi, qu’écoutant leur intuition, elles sauront déjouer les pièges tels que les crevasses, la douleur, la crainte de ne pas avoir assez de lait, les remarques blessantes et les injonctions contradictoires qui n’ont pas de sens. C’est leur allaitement, leur bébé, leur corps. À nous, les soignants, d’être à la hauteur de leur courage et de leur projet."

"C’est à nous, professionnels de santé, d’être à la hauteur du projet de ces femmes, en leur prodiguant un accompagnement de qualité du prénatal jusqu’au bout de leur allaitement."
  • Quand diriger une femme vers un.e consultant.e en lactation ?

"Dès que l’allaitement pose problème", répond d’emblée Valérie Pareit. Et d’insister : "Toute situation d’allaitement légèrement problématique nécessite une intervention rapide. Par exemple, cela peut être des douleurs chez la maman. Les inconforts des deux ou trois premiers jours sont considérés comme assez normaux, mais si une femme se plaint de douleurs au-delà d’une semaine ou se plaint de crevasses, il faut nous la recommander."

"S’il y a des problèmes au niveau de la prise de poids du bébé, c’est aussi un indicateur. Et bien sûr, si la maman émet d’autres inquiétudes, ou des plaintes, qui peuvent être liées à son allaitement."

"J’ai des collègues sages-femmes, des infirmières, des ostéopathes, qui me recommandent des patientes."

Et l’allaitement aujourd’hui : où en est-il ?

"Aujourd’hui, de plus en plus de mamans demandent à initier l’allaitement. En Région wallonne et à Bruxelles, environ 90% des mères souhaitent initier un allaitement dès la naissance", décrit Christel Jouret. "Dans les années 70, la proportion d’enfants allaités à la naissance atteignait à peine 25%. Depuis 30 ans, on est dans un vrai retour à l’allaitement. Et plus récemment, dans le monde de l’alimentation, on commence doucement à quitter l’idée du fast fooding pour revenir vers le slow fooding."

  • L’héritage du biberon

Pour Christel Jouret, "nous sortons petit à petit d’un demi-siècle où le biberon était la référence de l’alimentation du petit d’homme. Les maternités avaient l’habitude de mettre le bébé en pouponnière, de le nourrir au biberon de lait artificiel avant de lui proposer le sein, ce qui évidemment ne fonctionnait pas. Le lait de vache, même hydrolysé, ne sera jamais aussi digeste et biodisponible pour le bébé que le lait de sa mère. Alors on a espacé les tétées, ce qui a donné ce rythme de référence : un biberon toutes les 4 heures. Cela n’a rien à voir avec le rythme naturel veille-sommeil d’un bébé. L’allaitement ne fonctionne pas du tout comme ça. Puis le geste d’offrir le sein, peu montré ces dernières décennies, a été un peu oublié. C’est pourquoi les jeunes mamans qui souhaitent allaiter aujourd’hui éprouvent parfois des difficultés et ont parfois besoin d’être accompagnées."

Elle note également : "Il y a aussi une réelle confrontation entre ce qu’on montre dans les magazines - un bébé qui dort, qui sourit ou qui mange - et la réalité : un bébé qui demande à être materné de longues heures. Quels sont ses trois besoins essentiels ? Être en sécurité physique, émotionnelle et alimentaire. C’est tout. Qu’il soit allaité au sein ou au biberon, le bébé a besoin de téter, d’être porté, bercé, parce que c’est ce qui le rassure. Si son grand besoin de succion n’est pas satisfait - notamment quand il est nourri au biberon, souvent trop rapidement - il restera plus agité. Dans ce cas-là, quand les moyens habituels de maternage ne suffisent pas, comme l’emmaillotage, les bercements, le portage, il m’arrive de proposer la sucette en dernier recours, surtout si les parents sont épuisés par la situation."

Valerie Pareit explique, de son côté : "Un bébé tête entre 8 et 12 fois par 24 heures. Je trouve important d’informer les parents de cette réalité déjà en prénatal. On a cette idée culturelle qu’un bébé, ça boit toutes les quatre heures, six fois par jour. Ça ne colle pas du tout avec la physiologie d’un bébé et d’un allaitement. Il faut en être conscient."

Vade retro biberon ?

Être consultant.e en lactation, est-ce défendre l’allaitement à tout prix ?

Christel et Valérie sont bien d’accord sur ce point. Bien sûr que non ! Leur rôle est avant tout d’accompagner les femmes dans leur projet, selon leur choix, quel qu’il soit.

"Moi, je n’aime pas parler de conseils. Je dis toujours qu’on ne conseille pas les femmes. On les informe et on les aide à trouver leurs solutions elles-mêmes, en leur proposant des options. Si une femme vient me voir en me disant qu’elle en a marre de tirer son lait, je l’accompagne dans son sevrage", indique Valerie Pareit.

Christel Jouret conclut : "Je m’occupe beaucoup aussi des mamans qui donnent le biberon, parce que ces repas sont un moment d’échange. Le lien parent-enfant est fascinant, primordial. Avant tout, c’est le lien mère-enfant qui compte, pas la manière de le nourrir."

Mathilde Majois



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