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Le métier de kinésithérapeute en Belgique : état des lieux

Le métier de kinésithérapeute en Belgique : état des lieux

Actuellement, la Belgique compte plus de 37 000 kinésithérapeutes. Profil, compétences, installation sur le marché de l’emploi, implantation, honoraires.... Fabienne Van Dooren, directrice générale d’Axxon, livre au Guide Social un état des lieux de la profession.

Sur le 37.000 kinésithérapeutes actifs, seuls 23.000 ont un profil au niveau de l’Inami, c’est-à-dire qu’ils prestent dans la nomenclature kinésithérapie (art 7). Les autres peuvent travailler en médecin physique, ou au forfait en maison médicale ou en maison de repos et soins.

Le kinésithérapeute a pour but de soigner les affections corporelles d’un patient : “Le kinésithérapeute, c’est quelqu’un qui s’occupe de tout ce qui est fonctionnel chez un patient. (…) Notre métier, c’est d’essayer de maintenir le corps des patients le plus fonctionnel possible”, pointe en préambule Fabienne Van Dooren. Il gère aussi bien les troubles musculaires, respiratoires ou encore neurologiques : “Fonctionnel ne veut pas dire uniquement “bouger”, etc, il y a aussi toute la partie respiratoire, on peut faire de la revalidation cardiaque, on s’occupe aussi de presque tous les systèmes physiologiques du corps”. Il s’agit avant tout d’un métier manuel : “Bien entendu, nos outils préférentiels sont nos mains. (...) De ce fait-là, on peut quand même déceler des choses dont le patient n’est même pas conscient lui-même”. D’autres appareils sont ensuite sollicités en fonction du type de rééducation à effectuer.

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Le profil des kinés en fonction des études

Les kinés n’ont pas tous le même profil. Il varie en fonction des “spécialités” ou compétences particulières d’une part, et de la zone géographique d’autre part car les études durent quatre ans en partie francophone contre cinq en partie néerlandophone. “Il y a quelques années, il y a eu ce qu’on appelle un concours de sélection : à la fin des études, on faisait passer un concours, et ceux qui le réussissaient avaient la possibilité d’ouvrir leur cabinet. C’était quand même sérieusement discriminatoire de faire cela en fin d’études donc cela a été annulé mais normalement cela devrait être remplacé par quelque chose d’autre parce qu’il y a quand même énormément de kinésithérapeutes qui sortent par année - environ 1000”.

Le problème est que le budget accordé à la profession par l’INAMI ne varie pas en fonction du nombre de kinés fraîchement diplômés et prêts à entrer sur le marché mais reste le même d’année en année car il s’agit d’une enveloppe fermée. “Il faut quand même essayer de réguler un petit peu l’accès à la profession mais le moyen n’a pas été encore défini”, ajoute-t-elle.

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Une demande de revalorisation des honoraires

Axxon et l’Union des kinésithérapeutes de Belgique sont les deux associations principales de kinésithérapeutes en Belgique. Toutes deux s’accordent sur un point : le métier manque de considération : “Tous les deux ans, nous devons conclure une convention avec l’INAMI (accord entre les prestataires de soins et l’INAMI sur les honoraires, etc). (…) Si on fait une moyenne, on est quand même en-dessous de 25 euros la demi-heure, ce qui ne correspond plus du tout à la réalité actuelle par rapport aux investissements qu’il faut faire dans notre profession. La profession est nettement sous-honorée”, s’indigne Fabienne Van Dooren. Les kinés réclament cette revalorisation et souhaitent que leur profession soit traitée à ce niveau-là d’égal à égal avec d’autres soignants, comme les médecins.

L’intégration sur le marché de l’emploi et les perspectives d’évolution

L’accès à la profession dépend de plusieurs critères bien précis. En premier lieu, la demande : de nombreux diplômés commencent à officier en tant que remplaçants des kinésithérapeutes en place pendant la période des vacances d’été. En second lieu, l’aire géographique : s’implanter en campagne est bien plus aisé qu’en zone urbaine. A noter également que la région flamande compte environ 21 000 kinés en 2019, la région wallonne 13 000 et la région bruxelloise 3 000.

La tendance actuelle concernant l’exercice du métier de kiné est l’apparition des cabinets de groupe : “Du côté néerlandophone, c’est quand même déjà un petit peu plus avancé et ça commence à venir côté francophone. (…) Soit des cabinets de groupe multidisciplinaire, où il y aurait un kiné, un logopède, un médecin, un psychologue, etc, soit des cabinets à plusieurs kinésithérapeutes. Cela permet un turnover plus facile. C’est fini maintenant de travailler de 6h du matin jusque 10h ou 11h du soir”.

Ces roulements permettent à ceux qui le souhaitent de séparer vie professionnelle et personnelle : ”Il faut savoir aussi que la population des kinés est quand même grandement féminine donc à partir du moment où il y a des enfants, le mercredi après-midi, on aimerait bien s’occuper des enfants et donc, quand c’est un cabinet de groupe, il y a toujours quelqu’un qui peut prendre des traitements en charge à ce moment-là”. Le fonctionnement est le même en période vacances : les kinés disponibles prennent en charge les patients dont le traitement ne peut être arrêté malgré l’absence du spécialiste attitré.

Un acteur de la prévention ?

En dépit de compétences évidentes en la matière, les kinésithérapeutes ne sont pas amenés à travailler dans le secteur de la prévention : “Cela s’explique, parce que en effet, la prévention primaire ne fait pas partie de notre nomenclature”.

La directrice générale d’Axxon déplore aussi la passivité des autorités à ce sujet : “Ce qu’il faut savoir, c’est que la prévention, c’est quelque chose qui n’est absolument pas poussé au niveau politique en Belgique - n’importe quelle prévention - alors qu’on est convaincus que la prévention permettrait de faire des économies parce que si on fait les choses préventivement, peut-être que la pathologie ne va pas évoluer, ne va pas se déclarer, etc. C’est l’objet d’un groupe de travail au niveau de l’INAMI, on est en train de revoir notre nomenclature pour y insérer la prévention”. Les kinés sont donc absents de tout système de prévention à l’heure actuelle. Une réalité bien regrettable.

Et pour aller plus loin :

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