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Formation en podologie : journal de bord d’une stagiaire

29/01/24
Formation en podologie : journal de bord d'une stagiaire

Via un bachelier, la Haute-Ecole Léonard De Vinci offre la possibilité de se former au métier de podologue. Un métier paramédical pour le moins méconnu qui offre pourtant de nombreux débouchés  ! Afin d’en apprendre davantage sur cette profession d’expertise du secteur du soin, le Guide Social s’est intéressé tout particulièrement à un pan essentiel de cette formation en trois ans  : les stages, représentant plus de 25% du cursus. Durant plusieurs semaines, Charlotte, étudiante en Bloc 3 au sein de la Haute-Ecole, a ainsi livré son expérience concrète de terrain, à la découverte de son futur métier. Un récit sans langue de bois et loin des clichés  !

"A la base, je souhaitais me lancer dans des études de médecine mais j’ai raté l’examen d’entrée. Il a donc fallu trouver un plan B et surtout quelque chose qui allait me plaire. J’étais certaine d’un élément : je souhaitais me former à un métier dans le médical ou dans le paramédical.", lance, en guise de préambule Charlotte, 20 ans, avant de confier dans un grand sourire : "Avec la formation en podologie, j’ai vraiment trouvé ce que je cherchais dans un métier : l’alliance entre le côté mécanique et le côté soins avec notamment la prise en charge des pieds diabétiques ou des durillons."

Mais, comment cette étudiante en Bloc 3 au sein de la Haute-Ecole Vinci a-t-elle pensé à se réorienter vers le métier pour le moins méconnu de podologue ? "Honnêtement, à la base, je n’y avais pas du tout pensé.", répond la jeune femme. "Quand j’ai échoué à l’examen d’entrée en médecine, mes parents m’ont demandé de faire un test d’orientation afin de connaître les différentes pistes qui s’offraient à moi. Les résultats de ce test m’ont clairement orienté vers le médical et le métier de podologue était en haut de la liste. "

Sa vision du métier avant de commencer sa formation et surtout avant de se frotter au terrain était pour le moins lacunaire. "Je savais juste que cette profession s’exerçait soit en cabinet, soit à l’hôpital. Comme j’avais du mal à m’imaginer le quotidien de ce prestataire de soins, j’ai décidé de contacter une podologue indépendante pour en savoir davantage : après lui avoir posé une série de questions, j’ai passé deux jours en sa compagnie au sein de son cabinet afin de découvrir les facettes de cette profession méconnue. J’ai été proactive car je ne voulais pas opter pour des études sans trop savoir et donc de risquer d’être déçue. Grâce à elle, j’ai appris le concret du métier et j’ai vraiment aimé ! "

Le métier souffre d’une Image souvent erronée ou réductrice. Une profession où les praticiens se cantonneraient à la prise en charge des ongles incarnés ou à la fabrication de semelles… "Mais, être podologue est bien plus riche et vaste.", assure Charlotte.

A la veille de son stage  : «  Je veux parfaire mes connaissances en biomécanique  !  »

"Cette année j’ai déjà fait cinq semaines de stage dans divers endroits. Centre de réadaptation, maison de repos, maisons médicales… J’ai régulièrement changé d’endroits durant cette période. Cette polyvalence est intéressante car elle permet de se frotter à diverses réalités en peu de temps mais en même temps tous ces trajets sont parfois stressants… Ici, avec mon stage qui débute ce lundi 6 novembre, la situation sera différente. ", confie Charlotte, à la veille du début de sa toute nouvelle immersion sur le terrain.

Ce stage se déroule au sein d’un seul et même endroit  : un cabinet privé namurois. "Concrètement, chaque semaine, je passerai, avec mon maître de stage, quatre jours au sein de son cabinet ainsi qu’un jour au cœur de la Clinique du sport à Namur.", dévoile l’étudiante. "Du coup, les déplacements seront bien moindres. En revanche, les journées seront longues avec un horaire de 9h à 19h30."  Ce stage sera centré sur l’aspect biomécanique du métier de podologue. "Cela concerne l’analyse de marche ou bien de course ou bien encore la fabrication de semelles au sein d’un laboratoire. Cette nouvelle approche, je ne l’ai pas encore expérimentée en profondeur dans le cadre d’un stage."

Mais, quelles sont les attentes de cette future professionnelle pour ce stage ? Que souhaite-elle apprendre, développer ? "La biomécanique est clairement mon point faible. Mon but est donc de changer cette situation, d’en apprendre davantage sur cette facette du métier. Aujourd’hui, je me sens de plus en plus à l’aise avec la partie soins du métier. Si j’ouvre demain un cabinet, je pourrai gérer cet aspect. Par contre, ce n’est pas le cas pour la biomécanique. Il est dans important de parfaire mes connaissances et ma pratique mais aussi d’apprécier davantage cette partie de la podologie."

A la veille de son premier jour, l’heure est au stress pour l’étudiante de la Haute-Ecole Vinci. "Il y a toujours un peu d’appréhension avant de se lancer dans une nouvelle aventure. La peur de l’inconnu… En même temps j’attends avec impatience d’apprendre encore plus sur ce métier et de rencontrer les patients. Toutes les expériences sont bonnes à prendre. ", pointe Charlotte, avant de rajouter  : "J’ai envie aussi d’investiguer l’aspect relatif à la gestion d’un cabinet privé. Je suis curieuse de voir comment mon maître de stage prend en charge la logistique, les différents rendez-vous…"

"Mon futur ? Je le vois à moitié à l’hôpital et à moitié en cabinet privé. J’ai beaucoup parlé de la prise en charge à l’hôpital avec une de mes professeures. Elle m’a donné encore plus envie de travailler à l’hôpital dans un service de diabétologie. Cela me motive !"

Après une semaine de stage  : des journées bien chargées

L’heure est à un premier bilan, après une semaine sur le terrain. "La journée débute avec une heure au laboratoire pour la conception des semelles. Pendant ce moment, je découpe les semelles qui sortent du robot. Je les dégrossis à la ponceuse pour préparer le travail de mon maître de stage. Ensuite, nous commençons les consultations. Durant celles-ci, j’analyse la manière de prendre les renseignements administratifs et l’anamnèse. Ensuite mon maître de stage fait la palpation du patient et durant ce moment j’analyse. De temps en temps, il me demande de la faire avec lui. Une fois que mon maitre de stage prend les mesures, je me mets à l’ordinateur pour prendre notes de celles-ci. Ensuite, nous plaçons le patient sur le tapis de marche et j’analyse la marche du patient avec le professionnel. Nous discutons du traitement qu’il va mettre en place."

Charlotte rajoute  : "Comment se passe l’encadrement de son maître de stage  ? Il prend bien en considération le fait que je sois là. Il m’explique ce qu’il fait, ce qu’il pense. Il répond à mes questions. En début de consultation il me présente au patient."

Après trois semaines de stage  : le relationnel au cœur de sa pratique

Depuis la dernière fois, Charlotte a gagné en autonomie au sein de son stage. "Mon maitre de stage me confie davantage de tâches.", annonce-t-elle. "Il me laisse faire des anamnèses ou des palpations complètes."

Après plusieurs semaines d’immersion sur le terrain, l’étudiante a déjà accumulé une expérience des plus formatrices. "Les moments les plus forts que j’ai vécus jusqu’à maintenant sont les patients qui ont besoin de confier leurs douleurs, leurs expériences de vie, leur vécu et leurs différents accidents, en tout genre." Après, il y a aussi des moments plus difficiles à gérer… "Un exemple  ? Quand nous avons terminé la consultation mais que le patient veut continuer à discuter. Malheureusement, nous ne pouvons pas trop nous permettre de continuer à parler vu que le planning de la journée est très chargé. " 

Une chose est certaine  : l’aspect relationnel de son futur métier est un moteur pour l’étudiante  : "Le patient qui m’a le plus marquée est un homme de 59 ans indépendant qui travaille 70h par semaine et qui a des douleurs intenses au pied. Lors de sa remise de semelles, ce monsieur nous a apporté des gaufres pour nous remercier de notre gentillesse et notre travail. Cela m’a vraiment touchée."

Fin de stage  : «  Une expérience aussi intense qui formatrice  !  »

" Si je devais résumer en quelques mots le stage de cinq semaines, qui s’est terminé ce vendredi 8 décembre, j’utiliserais ces deux mots  : intense et formateur. " , pointe l’étudiante de la Haute-Ecole Léonard De Vinci.

Elle développe  : " Grâce au stage, j’ai sans conteste amélioré mes connaissances et mon expérience en biomécanique, un domaine de la podologie que je maitrisais moins. Ce stage m’a aussi appris certains cadres, certains schémas. En effet, j’ai pu observer mon maitre de stage réaliser, par exemple, des palpations et je me suis rendu compte qu’il les réalisait toujours dans un même ordre, comme un ballet bien huilé. Même chose pour les anamnèses. J’ai donc appris des trames, des schémas de prises en charge qui vont certainement m’être très utiles dans ma future pratique professionnelle."

La jeune femme quitte donc son lieu de stage avec un tout nouveau bagage professionnel qui viendra enrichir encore un peu plus la pratique de son futur métier. "La podologie est composée de deux pôles différents  : la chiro-podologie (les soins, etc.) qui à la base m’intéressait beaucoup et la biomécanique où j’avais plus de mal et moins d’atomes crochus. Après mon stage, je suis heureuse d’avoir investigué tout ce pan de la podologie. Il m’a permis d’être plus à l’aise avec cette matière. Aujourd’hui, je peux carrément affirmer que j’aime pratiquer la biomécanique  ! "

De ce stage, Charlotte retiendra également les rencontres chaleureuses avec les patients ainsi que les nombreuses observations relatives à la gestion d’un cabinet privé. "Ce dernier point m’a confirmé dans mon choix de réaliser mon futur métier notamment au sein d’un cabinet privé. En fait, le modèle de mon maitre de stage est très inspirant  : quatre jours par semaine en cabinet privé et un jour par semaine à la Clinique du sport. Pour moi, jongler entre le cabinet privé et entre le travail au sein d’une équipe pluridisciplinaire est le modèle gagnant. Ce travail d’équipe offre un vrai enrichissement au niveau de sa pratique, car on croise les regards et on en apprend des uns et des autres. "

Et, quelle est la plus grande difficulté rencontrée sur le terrain, à l’occasion de ce stage de cinq semaines  ? "Mon maitre de stage usinait des semelles et j’étais chargée de retravailler ces semelles au sein du laboratoire en les ponçant. Pour moi, ce fut une des épreuves les plus compliquées à réaliser sur le terrain, je ne me sentais vraiment pas au top  », confie-t-elle. Les horaires exigeants de son stage n’ont également pas été de tout repos  : «  Oui, ils étaient très lourds. Mais franchement ce fut formateur car ce sont des horaires courants dans le métier. "

Et de conclure  : "De manière générale, je suis satisfaite de ce stage. Mais, j’aurais aimé me mettre moins la pression. J’avais peur de mal faire, de ne pas arriver à l’heure. J’avais une vraie volonté de bien faire mais je me suis mise sans doute trop de poids sur les épaules, alors que mon maître de stage était vraiment bienveillant. Du coup, avec le recul, j’aimerais être plus douce avec moi-même. "

Et pour aller plus loin  : interview d’Adrien Buret, Maître de formation pratique au sein du département podologie

Le Guide Social  : Pouvez-vous nous fournir une définition du métier de podologue ?

Adrien Buret  : La podologie est une science paramédicale qui traite les infections du pied et des étages en relation avec le pied. Elle comprend 2 domaines principaux : la biomécanique qui comprend l’analyse de la marche et les orthèses plantaires fonctionnelles (semelles) et les soins des pieds.

Quels sont les clichés qui entoure ce métier, au final, assez méconnu ?

Adrien Buret   : Le principal cliché est lié au pied qui serait sale alors que ce n’est franchement pas le cas dans la plupart des cas. On entend aussi que c’est un métier assez répétitif car on va faire toujours la même chose alors que comme thérapeute, nous prenons en charge des humains et donc ce n’est jamais la même chose car nous devons toujours nous adapter à l’individualité du patient.

Que doivent savoir les étudiants avant de se lancer dans des études de podologue ?

Adrien Buret  : Ils doivent savoir qu’ils s’engagent dans un métier du soin à la personne avec une dimension de contact. Cela implique une certaine empathie, un non-jugement, une capacité réflexive et d’adaptation. Il faut aussi une bonne base scientifique pour intégrer les concepts nécessaires à la compréhension du fonctionnement humain que ce soit d’un point de vue cellulaire ou musculosquelettique.

Qu’est-ce qui vous a motivé à encadrer les étudiants dans leur incursion sur le terrain ?

Adrien Buret   : J’ai toujours aimé transmettre et accompagné dans les différents apprentissages. L’accompagnement en stages est idéal pour laisser grandir nos étudiants tout en leur apportant une certaine garantie en cas de difficulté technique, réflexive ou relationnelle.

Les stages constituent des moments essentiels durant la formation en podologie. Comment ces expériences sur le terrain sont-elles organisées durant les trois années d’études  ?

Adrien Buret  : En bloc 1, les étudiants ont 2 fois 2 jours d’observation chez un podologue de leur choix. En bloc 2, ils ont une période de 5 semaines complètes de stages chez un particulier ou dans des centres spécialisés. En bloc 3, ils ont 3 périodes de 5 semaines chez un particulier ou dans des centres spécialisés avec des possibilités de stages à l’étranger.

Comment l’étudiant peut-il trouver un lieu de stage ? Dans quel type de structures peut-il faire ses stages ? Sont-ils divers et variés ? Avez-vous des exemples de lieux auxquels on ne s’attendrait pas ?

Adrien Buret  : Actuellement les étudiants ne trouvent un stage que pour le bloc 1. Ensuite c’est l’équipe stages qui les affectent dans les différents lieux mais ils peuvent toujours faire des propositions s’ils souhaitent un stage spécifique. Les différentes structures sont en cabinet libéral, en maison médical (diabétologie ++), en home, dans des structures spécialisées (personnes en situation de handicap par exemple). Ces stages sont gérés par l’équipe stages car nous souhaitons que nos étudiants soient préparés à tous les domaines de la podologie et pas uniquement à leur centre d’intérêt particulier.

Nous avons aussi de plus en plus de podologues qui travaillent et conseillent dans les magasins de chaussures de running et les étudiants y font aussi tous un stage.

Sur le terrain, qu’attendent les professionnels des étudiants ?

Adrien Buret  : Cela dépend fortement du lieu de stages. Chez les podologues libéraux, ils attendent à gagner un peu de temps en termes d’organisation mais aussi à avoir des questions qui leur permettent de se remettre en question et de grandir. Les étudiants arrivent en stages avec des nouveautés que certains professionnels de terrain ne connaissent pas. Cela doit être win-win. Dans les autres structures le stagiaire est réellement acteur de terrain et se doit de prendre en charge des patients, sous supervision évidemment. Dans les maisons médicales, et surtout dans la prise en charge du patient diabétique, nos étudiants sont très appréciés car ils prodiguent des soins à une population à risque en grande demande et parfois en précarité.

Comment ces futurs podologues vivent-ils leur première confrontation avec le terrain ?

Adrien Buret   : Cela est très variable en fonction du profil de l’étudiant. Mais globalement le stress est assez présent. C’est assez classique quand on doit se lancer en tant que thérapeute et passer de la théorie à la pratique. Certains actes en particulier sont plus stressant comme la prise en charge d’un ongle incarné car il est difficile de s’entrainer réellement à cet acte en cours avec les notions de douleurs pour le patient entre autres.

La formation en podologie offre un panel étendu de débouchés, pouvez-vous nous les détailler ?

Adrien Buret  : La majorité des podologues sont en cabinet privé dans des structures seules ou en interdisciplinarité dans des centres médicaux. Ensuite nous sommes reconnus et nécessaires pour les unités de soins aux patients diabétiques dans les hôpitaux. Enfin nous sommes présents dans les homes, les maisons de soins, les magasins de chaussures de running, les clubs sportifs, etc. La profession étant jeune et peu connue, il reste encore bcp de portes à ouvrir.

Emilie Vleminckx

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