L'éducateur, plus qu'un exécutant
Il existe d’innombrables profils d’éducateurs et autant de niveaux d’études pour obtenir ce titre. Dans l’imaginaire des gens, l’éducateur est souvent un travailleur au rôle mal défini. Pour les directions, il s’agit souvent d’un simple exécutant.
Ayant obtenu mon diplôme il y a un peu plus de 10 ans, je constate de grands changements dans la vision qu’ont les institutions des éducateurs et des missions qui leurs sont proposées. Durant mes 3 années d’études, je me suis spécialisé dans des domaines d’expertise bien définis. Des profs m’ont appris à être plus qu’un agent occupationnel ou de contrôle social. Au fur et à mesure des années et des expériences, je suis devenu un professionnel de l’intervention socio-éducative et pourtant, aucun de mes employeurs ne s’est jamais vraiment appuyé sur mon expertise.
Plus qu’un exécutant
L’éducateur n’est pas un simple exécutant ayant pour mission de mettre en action des projets pédagogiques dont il n’a pas besoin de connaître les enjeux. Il est supposé être expert en son domaine. Bien entendu, l’expertise s’acquiert dans la pratique et avec le temps, mais il est l’acteur principal de l’intervention. Il est supposé pouvoir fournir une analyse des besoins et proposer des pistes d’intervention. Leurs compétences multiples permettent aux éducateurs d’être au cœur des partenariats et de la mise en réseau au service des personnes. Pourtant, bien souvent, les éducateurs sont réduits à une tâche précise et sont fortement limités dans leurs libertés d’actions et de décisions.
Un diplôme, plein de formations
Le diplôme peut être obtenu dans des écoles aux programmes différents ainsi qu’en plein exercice ou en promotion sociale. En comparant ma formation et celles d’amis étudiant ailleurs, et plus tard celles de collègues, j’ai constaté que chaque haute école avait sa vision des choses, son orientation et ses spécificités. Personnellement, j’ai été dans des établissements (l’un de plein exercice l’autre de promotion sociale) qui mettaient l’accent sur les stages et la pratique ainsi que sur un domaine de spécialité. C’est ainsi que je me suis spécialisé dans le travail avec les adolescents et les jeunes adultes ainsi que dans le travail avec les personnes précarisées et/ou marginalisées. Là où dans d’autres formations, l’accent était mis sur la multiplicité des compétences et des publics connus ou vers la maîtrise des textes et des décrets. La diversité des formations reste une richesse permettant de proposer une offre de profils qui répondront aux demandes spécifiques des différentes institutions.
Exiger plutôt que restreindre
Il pourrait être tentant de vouloir un accès à la profession et de protéger l’appellation ; néanmoins, l’obtention d’un diplôme n’est pas synonyme de compétences, d’autant que les niveaux d’exigence dans les hautes écoles sont très inégaux. De plus, il y aurait un risque d’enfermer les éducateurs dans des rôles définis. Il en va de même pour les profils. Une reconnaissance de cet ordre amènerait une définition de ce qu’est un éducateur (et donc de ce qui ne l’est pas) alors que chaque secteur a des besoins qui lui sont propres. Il faudrait plutôt une sorte « d’ordre des éducateurs », qui pourrait dégager des lignes de conduite, poser des exigences et permettre d’amener une nuance entre les profils et les besoins.
Perceval Carteron, éducateur.
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