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La place du psychologue dans l'éducation à la parentalité

02/10/17
La place du psychologue dans l'éducation à la parentalité

Les patients rapportent souvent leurs difficultés de parents. Comment mettre au travail ces préoccupations familiales et surtout leur sens dans la thérapie individuelle qui est menée ?

La parentalité est sans cesse à repenser. D’abord parce que l’enfant évolue : ses besoins, ses désirs, et donc aussi la relation qui s’instaure entre lui et ses parents, se modulent au gré de ces changements. Ensuite parce que la société elle-même se transforme sans cesse, et que les repères qu’elle peut ou non offrir sont de plus en plus flous ou laissés au libre choix de chacun. L’espace thérapeutique individuel peut, dans ce cadre, être un lieu où les questions se posent, où les craintes se disent, où les incertitudes se dévoilent. Sans tabous et sans approche normative.

Pas de recette

Le métier de parent ne peut s’appuyer sur des recettes éprouvées qui mènent à une éducation parfaite ! Or, les parents en détresse seront souvent très enclins à profiter de leur propre thérapie pour valider ou infirmer leurs choix en la matière. « Mais que dois-je faire ? » sont des demandes à la fois fréquentes et chargées émotionnellement. Or, si l’espace thérapeutique permet de penser ces questions, le psychologue doit bien se garder d’y apporter des réponses. Ouvrir des pistes de réflexion et affiner le ressenti en la matière seront les seules visées du praticien.

Parents en questionnement

Face à ces questions douloureuses, brûlantes, envahissantes, il peut être tentant de donner conseils et avis. Mais cette façon de couper court à la réflexion et de se diriger prestement vers des balises en « prêt-à-porter » réduirait l’enjeu de ce qui se dépose et la richesse de tout ce que charrie ce questionnement en matière d’éducation. On raterait finalement l’essentiel de ce qui se dit.

L’enfant dans le parent

Parfois, un retour à sa propre enfance et à l’éducation reçue de ses parents émerge. A travers des valeurs qui se prolongent ou qui se récusent, des souvenirs qui portent encore une forte empreinte émotionnelle se mettent en mots. Qu’est-ce qui se murmure alors ? De vieilles cicatrices apparaissent, se disent, se pensent. Des peurs aussi, et des attentes. Des tranches d’enfance, avec ou sans fratrie, reviennent à la surface et éclairent autrement ce qui se joue aujourd’hui.

Le bonheur obligatoire

Et puis on retrouve ce fameux bonheur qui constitue le credo actuel de nos vies. Il faut que chacun s’épanouisse à chaque instant. A sa manière mais impérativement. Et on oublie alors que l’on se construit sur des butées, des frustrations, des impossibles. A force de chercher ce principe de plaisir qui doit fonder nos existences, on oublie ce principe de réalité qui le tempère, qui le met en tension, qui le rend vivant et structurant. Point de salut dans la liberté à tout crin.

Des familles nouvelles

Et évidemment, tout cela se corse dans les nouvelles constructions familiales qui deviennent tellement courantes. Les fratries se déclinent en « demi frères » ou en « sœur de cœur » avec des couples qui durent ce qu’ils durent, et des enfants qui cohabitent pour le meilleur et pour le pire, au gré de la vie amoureuse de leurs parents. Parfois, se dépose aussi la solitude radicale d’un parent qui ne peut jamais se tourner vers un conjoint pour partager ses questionnements. Les boussoles sont encore fragiles pour trouver son chemin dans les nouveaux méandres de ces cadres familiaux mouvants.

L’ouverture avant tout

Ce sont donc bien les questions qui restent la priorité thérapeutique, pas les réponses à donner. Ces questions sont complexes et porteuses de sens souvent multiples. Prendre le temps de les entendre, mais aussi de les laisser se déployer dans toutes les strates qui les sous-tendent est l’essentiel du travail visé. La réponse est finalement largement secondaire, superflue voire délétère.

DB, psychologue

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