L’art au service du lien social : une expo de rue pour repenser le vivre-ensemble

À Ixelles, le programme de transformation sociale « 1km² », porté par l’ASBL Le Laboratoire, investit l’espace public avec une exposition de rue inédite : « Comment réparer le monde ? ». Réunissant élèves du Centre Scolaire Eperonniers-Mercelis, seniors du centre de jour Audrey Hepburn, bénéficiaires de La Forestière et ado de l’AMO SOS Jeunes, cette initiative collective donne la parole à des habitant·e·s peu visibles dans l’espace public, et propose des réponses créatives et citoyennes pour retisser du lien dans un monde fragmenté. Quand le travail social sort des institutions pour se vivre dans la rue, au cœur du quartier.
Plutôt que de débattre entre convaincu·e·s, pourquoi ne pas créer des espaces où l’on se découvre, s’écoute et s’inspire mutuellement ? Dans un contexte marqué par les divisions sociales et culturelles, le besoin de recréer du lien devient essentiel. C’est précisément l’ambition du programme 1km², une expérience humaine à l’échelle d’un quartier, portée par l’ASBL Le Laboratoire.
Cette année, le projet aboutit à une exposition de rue collective et participative intitulée « Comment réparer le monde ? ». Une initiative qui rassemble des publics aux horizons multiples : les seniors du centre de jour Audrey Hepburn, les élèves du Centre scolaire Eperonniers-Mercelis, les adolescent·e·s de l’AMO SOS Jeunes, ainsi que l’artiste Camille Dufour et le Musée d’Ixelles. À découvrir dès le 16 juin dans les rues autour de Flagey, et à partir du 18 juin via une carte interactive du quartier.
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1km² : une autre manière de faire du travail social, ancrée dans le quotidien
Plus qu’un projet artistique, 1km² est une méthode de transformation sociale. Un programme de six mois provoquant des rencontres inattendues entre des publics que tout semble séparer mais qui pourtant partagent au moins deux points communs : ils habitent le même quartier et sont invisibilisés dans les médias.
Le processus est toujours le même, et se déroule à travers des ateliers interactifs :
- Ils se rencontrent.
- Ils découvrent ensemble des richesses culturelles de leur quartier, qui sert de base commune.
- Ils créent un souvenir de leur expérience.
« Au Laboratoire, nous ne donnons pas la parole. Nous créons un cadre sécurisant, bienveillant et valorisant pour qu’elle puisse émerger », pointe Emilie Vervust, fondatrice et directrice de l’ASBL le Laboratoire, à l’initiative du projet.
Des ateliers intergénérationnels pour transformer les maux en solutions
Si le processus semble bien balisé, le résultat est toujours surprenant. Cette année, ce sont les élèves du Centre Scolaire Eperonniers-Mercelis, les seniors du centre de jour Audrey Hepburn et les bénéficiaires de la Forestière (un centre de jour pour personnes en situation de handicap mental), ainsi que les ados de l’AMO SOS Jeunes, qui se sont à leur tour lancé·e·s dans l’aventure.
Les participant·e·s ont exploré le travail engagé de la graveuse Camille Dufour et la vaste collection d’affiches du Musée d’Ixelles. Ils/elles se sont inspiré·e·s de ces oeuvres mais aussi, plus globalement d’un média vieux comme le monde - l’affichage - pour créer leur propre street expo.
L’expérience menée dans le cadre du programme 1km² s’est traduite par une série d’ateliers créatifs où les participant·e·s ont été invité·e·s à réfléchir aux grands maux de notre époque. Ensemble, ils ont imaginé une « boîte des horreurs », symbole des malheurs du monde, puis ont identifié leurs propres « super-pouvoirs » pour y faire face. Répartis en sous-groupes, ils ont ensuite tiré au sort un problème à résoudre, et conçu collectivement une réponse positive, répondant à quatre critères : Liberté, Actions concrètes, Bienveillance et Optimisme — soit la méthode LABO.
De ces échanges sont nées des propositions artistiques variées : performances, fresques, affiches détournées, slogans… L’ensemble de ces créations sera visible dès le 16 juin dans les rues autour de la place Flagey, et à partir du 18 juin sur une carte interactive développée avec le partenaire Nighthawks, qui en détaillera les contenus et emplacements.
« L’expérimentation ouvre un champ des possibles qui dépasse celui de l’imagination », note Emilie Vervust.
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Une montée en puissance, avec un modèle prêt à essaimer
Après un pilote en 2023, puis le déploiement dans trois quartiers bruxellois en 2024, 1km² entre dans une nouvelle phase en 2025 : l’essaimage.
« A Bruxelles, dans d’autres régions de Belgique, et pourquoi pas à l’international. Le concept s’y prête vraiment. Il y a un potentiel énorme pour un ancrage local fort dans chaque territoire, tout en conservant une méthode adaptable et inclusive. »
Le projet, soutenu par les joueurs de la Loterie Nationale, la commune d’Ixelles, des partenaires privés mais aussi stratégiques comme Coopcity et Prométhéa est en train de s’outiller pour essaimer dans toute la Région bruxelloise, mais aussi au-delà.
Emilie Vervust rajoute : « Optimaliser la structure du programme, les contenus des ateliers, les outils,... grâce à une équipe pédagogique interne qui sont les personnes relais (ergo, psy, prof, travailleuses sociales) qui se lancent dans l’aventure pour la deuxième fois et avec qui ont fait des meetings réguliers pendant l’expérience modèle à Ixelles. Mais aussi avec des consultantes externes (experte en pédagogie active, coache pour ado, pedopsy,..) qui nous aident à avoir une vision téléscopique de l’expérience. »
Cette structuration offre une base solide, facilitant l’adaptation du programme aux réalités propres à chaque public et aux enjeux spécifiques de chaque quartier.
Rendez-vous le 16 juin 2025 dans le quartier Flagey (Ixelles) pour découvrir la street expo participative « Comment réparer le monde ? ».
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