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Investir dans les soins infirmiers, c’est investir dans une société prospère et en santé

12/05/25
Investir dans les soins infirmiers, c'est investir dans une société prospère et en santé

À l’occasion de la Journée internationale des infirmier·ères, l’acn et la FNIB livrent une carte blanche forte. Entre fierté, gratitude, vigilance et détermination, ce texte rend hommage à une profession essentielle mais encore trop peu reconnue. Et rappelle que les soins infirmiers ne sont pas un sacerdoce. C’est une profession, qui exige des moyens.

[Dossier] :

Aujourd’hui, 12 mai, c’est la journée internationale des infirmiers et infirmières… En tant que présidente d’une association professionnelle, l’association belge des praticiens de l’art infirmier (acn-ASBL), ce jour est l’occasion de regarder en moi et d’identifier les émotions qui m’animent.

La fierté

Elle a toujours été et elle sera toujours, je crois, la première qui me vient lorsque je pense à ma profession et à toutes les personnes incroyables qui l’exercent au quotidien. Les études scientifiques montrent que les infirmiers et infirmières contribuent à la santé de la population et, dès lors, à une société prospère et épanouissante. Les membres de notre profession ne sont pas seulement présents quand ça va mal : dès le début de la vie, ils nous accompagnent pour promouvoir notre santé, prévenir la maladie ou les complications, aider à notre rétablissement, faire avec nous un bout de chemin lorsque nous rencontrons la maladie, la souffrance ou la mort… prendre soin de nous quelle que soit notre situation. Et ils le font avec les plus belles valeurs qui soient : en promouvant notre qualité de vie, notre dignité, notre intégrité ; en soutenant notre capacité à choisir comment nous voulons mener notre vie et en nous aidant à y trouver du sens.

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La gratitude

Car cette fierté ne concerne pas que moi mais toutes les personnes qui, au quotidien, s’engagent dans ce but en recherchant l’excellence. Infirmières et infirmiers, aides-soignantes et aides-soignants, étudiantes et étudiants… tous et toutes répondent toujours présent. Leur force et leur humanité a impressionné la population lors de la pandémie de COVID-19, lorsque ces personnes faisaient face avec créativité et courage à des conditions terribles et à un avenir inconnu. Nous les avons alors applaudies. Mais au-delà de cette période intense, nous avons vite oublié leur situation et les services qu’elles rendent à la société. Pensez-y aujourd’hui, et pensez-y chaque jour : ne les applaudiriez-vous pas ? ne leur enverriez-vous pas un petit mot ou un dessin ? ne passeriez-vous pas leur offrir une marque de reconnaissance ? Elles sont là lorsque le jour se lève, elles sont là lorsque la nuit tombe, elles seront là lorsque vous en aurez besoin. C’est une certitude.

La détermination

Cette merveilleuse profession doit continuer à évoluer afin de répondre aux défis sans cesse changeants de notre société. Et pour cela, elle doit être soutenue par le monde politique et la population. Investir dans les soins infirmiers, c’est investir dans une société prospère, robuste, inclusive… et en santé. Les mandataires de l’acn et de la FNIB sont déterminés à poursuivre le travail qu’ils réalisent depuis plus de 100 ans déjà en faveur de la profession. Et ce travail n’est pas un combat égoïste : chaque Euro investi pour les praticiens et praticiennes de l’art infirmier, c’est un Euro investi dans notre santé, qui sera largement récupéré. Chaque attention aux membres de cette profession, c’est une occasion qu’eux-mêmes puissent être attentifs à nous parce que nous les aurons placés dans les conditions pour ce faire. La plus-value que les soins infirmiers peuvent apporter à la santé et au bien-être de la population est déjà scientifiquement démontrée. Il nous reste à rendre cette plus-value possible grâce à l’excellence de la formation, à la dignité des conditions de travail, au sens qui peut être trouvé dans les pratiques quotidiennes.

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La vigilance

Les soins infirmiers sont, historiquement, une profession peu visible et peu valorisée. Cela impacte l’attractivité de la profession, c’est-à-dire l’envie de nos jeunes de la rejoindre. Cela impacte aussi la rétention au sein de celle-ci, lorsque des enjeux de pouvoir amènent à des comportements qui découragent l’engagement et qui font perdre le sens, le goût, la joie.

Les membres de notre corps professionnel ont une responsabilité : viser l’excellence au quotidien, promouvoir la profession, y accueillir les jeunes, se battre, si nécessaire, pour pouvoir exercer dans de bonnes conditions. Mais ils ne sont pas les seuls responsables. Nos personnalités politiques doivent impérativement et urgemment prendre des mesures pour renforcer l’attractivité de la profession. De telles mesures existent et sont efficaces : elles ont déjà été prises avec succès en Belgique – dans d’autres temps – et ailleurs. Elles doivent aussi prendre les mesures qui favorisent la santé de la population : justice sociale, promotion de la santé, inclusivité, humanisme… font partie des combats infirmiers historiques.

Nous sommes et nous resterons vigilants. Mais nous ne pouvons l’être de manière solitaire : c’est la société entière qui doit se mobiliser, car la vie politique n’est jamais que le reflet des comportements sociétaux. Et dans une période où un certain nombre de nos valeurs fondamentales sont remises en cause, je ne peux qu’appeler à la vigilance de chacun et chacune pour œuvrer à la construction d’une société en santé, c’est-à-dire dans laquelle les individus ont non seulement une bonne pression artérielle, mais aussi et surtout se sentent utiles, respectés, engagés, trouvent du sens à leur vie, acceptent et valorisent l’interdépendance, reconnaissent la richesse de l’altérité. C’est le projet de société, à la fois humble et géant, proposé par l’art infirmier.

L’espoir

Je ne peux finir que sur cette note. Si je n’y croyais pas, si chaque membre de nos associations n’y croyait pas, il n’y aurait pas les innombrables soirées de réunion, dossiers à préparer, débats, rencontres de politiques, enquêtes auprès de nos membres… auxquels nous consentons. Nous nous sentons sur un fil, l’avenir annoncé n’est pas tout rose : pénurie, augmentation des maladies chroniques et de la complexité des soins, appauvrissement des plus pauvres et fracture sociale...

Il me semble parfois que nous sommes à un tournant, un de ces moments où tout peut basculer, pour le pire ou pour le meilleur. En cette journée internationale des infirmiers et des infirmières, je formule le souhait que cet espoir que nous entretenons au quotidien soit fortifié et justifié, rapidement, par des avancées majeures dans la situation des praticiennes et praticiens de l’art infirmier. Ensemble, choisissons le meilleur.

Jacinthe Dancot
Pour l’acn, Association belge des praticiens de l’art infirmier
Pour la FNIB, Fédération nationale des infirmiers de Belgique



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