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Offrir un peu de moi : ce que le bénévolat m’a appris sur le soin et sur l’humain

05/12/25
Offrir un peu de moi : ce que le bénévolat m'a appris sur le soin et sur l'humain

À l’occasion de la Journée mondiale du bénévolat, je repense au moment où, en accompagnant ma mère hospitalisée, j’ai découvert sans m’en rendre compte la force de l’engagement gratuit. Un sourire, une écoute, quelques mots d’humour suffisaient parfois à alléger une journée. Quand une infirmière m’a demandé : « Vous êtes bénévole ? », j’ai compris que j’offrais déjà un peu de moi. Depuis, des couloirs d’hôpital aux ateliers associatifs, j’ai appris que le bénévolat crée du lien, soutient les équipes et redonne du sens — autant aux autres qu’à moi-même.

Ma rentrée 2017 n’a été ni scolaire ni professionnelle mais citoyenne. Tout l’été, mes journées étaient rythmées par les horaires de visites à l’hôpital. L’état de santé de ma mère avait fait de moi une visiteuse quotidienne. Je commençais à connaître les horaires des différents soignants et des sorties quotidiennes de certains patients. Patients que je taquinais et encouragés entre les instructions du kiné. Chaque jour, j’avais l’impression d’entrer au cœur d’un microcosme dont je voulais faire partie. Ne pas simplement en être spectatrice, mais y contribuer.

Ma mère était dans une chambre avec une charmante dame qui approchait les 90 ans. Chaque jour, son mari venait tendrement lui tenir compagnie. Ils n’avaient pas de famille. En-tout-cas les mois où j’étais présente, je n’ai vu ni famille ni ami. Je suis devenue la fille de la voisine de chambre, qui dit toujours bonjour avec un sourire. Puis celle qui fait rire alors que la lassitude et la monotonie guettent. Parfois, j’étais les bras qui leur manquaient pour déplacer quelque chose ou simplement avoir du réconfort. Je dois dire que le rôle d’interprète/intermédiaire entre eux et l’équipe soignante était assez intéressant aussi… Petit à petit, j’ai commencé à faire la même chose pour d’autres personnes.

Un après-midi, tranquillement assise et discutant avec un patient, une infirmière nous regarde et sourit. En passant, elle me demande si je suis bénévole ? C’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’il y avait un service de bénévolat à l’hôpital et qu’en réalité, je contribuais déjà à ce microcosme.

Lire aussi : Le quotidien des bénévoles en hôpital : une autre manière de prendre soin

Perte de temps ou gain de sens ?

Lors de mes débuts en tant que bénévole, j’ai fait face à trois grands clichés. JAMAIS de la part des bénéficiaires ni de leurs proches, mais venant des professionnels et bénévoles.

Le premier n’est pas véritablement un cliché, mais une constatation. Peu importe l’organisation auprès de laquelle je m’engageais, j’étais indéniablement la benjamine du groupe. Quand je dis la benjamine, il y avait un minimum de trois décennies entre nous. Forcément, j’avais droit à : "Tu n’as pas l’âge de la retraite, pourquoi tu veux faire du bénévolat ?"

Le second était un cliché qui m’a vraiment surpris. "Pourquoi tu fais du bénévolat ? Tu es femme de médecin ou ton mari est riche et tu n’as pas besoin de travailler, du coup, tu t’ennuies et tu viens ici ?" Spoiler : je ne suis pas encore mariée à un (richissime) gentleman. Même si c’était le cas, la philanthropie fait partie de la femme que je suis. Je ne m’engage pas par ennui, mais par envie.

Enfin le troisième, qui me piquait un peu trop. "C’est parce que tu ne veux pas travailler que tu fais du bénévolat ?" Si l’engagement est libre, l’investissement, les compétences offertes et acquises sont réels. Que ce soit au niveau du savoir, savoir-faire ou des soft skills. L’implication est constante à différents niveaux :

  • Temps
  • Énergie
  • Émotionnel
  • Ou encore les formations continues liées au secteur où nous sommes greffés.

Le bénévole n’est pas une personne qui veut faire pénitence comme au Moyen-âge. Ce n’est pas non plus forcément une riche épouse qui s’ennuie dans son foyer ni une personne qui refuse de travailler (et donc d’avoir un salaire !). D’ailleurs, une expérience de bénévolat peut ouvrir la voie vers une nouvelle orientation professionnelle ou démontrer de manière concrète certaines compétences pour un futur emploi. Le bénévole est une personne qui veut offrir son temps, ses compétences avec altruisme et une certaine foi en l’humanité.

Aussi neutre que la Suisse

Le professionnalisme et la neutralité du bénévole, le place souvent en tant qu’intermédiaire entre deux univers. Un peu comme une neutralité suisse. Surtout qu’il amène une bouffée d’air frais, la vie extra-muros de l’hôpital, de l’institution auprès de laquelle il œuvre.

Dans le secteur médical et social, le fait d’avoir une personne qui ne porte pas la blouse blanche ou qui n’est pas liée contractuellement, aide à avoir une approche d’humain à humain. C’est souvent de cette manière que les confidences abondent et les barrières, les peurs tombent. Cette approche permet souvent d’impliquer les bénéficiaires dans leur trajet de soin ou d’accompagnement.

Sans oublier que pour l’équipe de professionnels, cela a des répercussions positives. Notamment :

  • Un gain de temps et une prise en soin améliorée grâce au désamorçage communicationnel
  • Une redistribution d’actes qui leur ont été ajoutés au fil du temps. Permettant de s’investir à nouveau pleinement et plus sereinement dans leur cœur de métier.
  • De déceler des problèmes sous-jacents qui n’ont pas osé être dévoilés devant les professionnels. D’où l’importance de faire du bénévole, votre partenaire et non l’étranger qui vient perturber le service.

Il reste toujours un peu de parfum à la main qui donne des roses

Que ce soit un café, un renseignement, une écoute attentive, un sourire ; la façon dont celui-ci est offert, fait toute la différence. Ne sous-estimez pas la présence des bénévoles à vos côtés, ils sont les ambassadeurs de votre service.

Tant sur le plan économique qu’humain, l’engagement des bénévoles auprès de la société et au cœur des institutions, fait une différence indéniable et vitale. Surtout dans la conjoncture actuelle. Les bénévoles font partie de ces bulles d’air qui maintiennent un système en souffrance et à bout de souffle.

"Il reste toujours un peu de parfum à la main qui donne des roses." Ce proverbe que l’on attribue à la sagesse chinoise et parfois à la sagesse Perse, rappelle qu’il y a plus de joie à offrir qu’à recevoir. On pourrait dire que c’est le leitmotiv du bénévole. Cependant, n’attendez pas le 05 novembre 2026 pour remercier et considérer ces mains délicatement parfumées qui sont ou ont été à vos côtés.

Z.I.K., soignante



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