De 3 à 4 ans pour les études d'infirmier, quel impact ?

En 2016, les études pour devenir infirmier responsable de soins généraux sont passées de 3 à 4 ans. Cette mesure résulte d’une volonté de valoriser la formation par rapport au contexte européen. En revanche, la formation d’infirmier breveté ne semble pas vraiment suivre le mouvement. Retour sur les nouveaux enjeux de la formation d’infirmière avec Delphine Haulotte, présidente de l’Association belge des praticiens de l’art infirmier (ACN).
Pour répondre aux exigences européennes, la formation d’infirmier responsable de soins généraux est passée de 3 à 4 ans en 2016. Cette mesure, à l’origine de certaines difficultés pour les étudiants, tente ainsi de valoriser le cursus en formant mieux les futurs professionnels à la réalité du terrain. C’est aussi la question de la formation et des compétences de l’infirmier breveté qui se pose. Delphine Haulotte, présidente de l’Association belge de l’art infirmier (ACN), revient sur ces changements.
[DOSSIER]
– Le métier d’infirmière en pleine mutation
– De nouvelles attributions pour les infirmières ?
Une meilleure préparation à la réalité du terrain
Le Bachelier en soins infirmiers est passé en 2016 de 3 à 4 ans, comme celui de sage-femme. Cette réforme est liée à deux facteurs. D’abord, une demande de l’Europe. "L’Europe mettait en demeure la Belgique parce qu’il manquait 2.300 heures de stage. Les écoles ont dû s’adapter", explique Delphine Haulotte. L’allongement de la durée des études est aussi lié à la modification du profil de compétences de l’infirmier responsable de soins généraux, publiée au SPF Santé Publique.
Avec cette quatrième année de Bachelier, les futurs infirmiers vont pouvoir réaliser plus de stages. L’occasion pour eux de se préparer à la réalité du travail. La présidente de l’ACN, qui est aussi professeure à la Haute Ecole Leonard de Vinci, développe : "La quatrième année, ils vont faire des stages d’au moins 6 semaines par endroit de stage : 6 semaines en chirurgie, en médecine, 6 semaines à domicile, 6 semaines en soins intensifs... Pour l’instant ils font 3 ans, alors bien souvent ils ne sont pas prêts. J’ai beaucoup d’étudiants qui disent : ’je ne veux pas travailler après 3 ans, je ne suis pas prêt’. Donc, ils font une spécialité. Ils ont très peu de recul vis à vis des pratiques professionnelles et donc forcément, ceux qui sont engagés après 3 ans doivent être coachés parce qu’ils n’ont pas l’habitude de s’occuper de 15 patients en un coup."
Quid des infirmiers brevetés ?
Si la profession d’infirmier responsable de soins généraux a été revalorisée avec une formation plus complète, celle d’infirmier breveté reste sur le carreau. "Pour l’instant, du côté francophone ils ont allongé les études de 3 ans à 3 ans et demi, mais du coté néerlandophone, ils n’ont rien changé", indique Delphine Haulotte. La formation n’est donc pas reconnue au niveau de l’Europe. Les écoles d’infirmier breveté ont ainsi perdu certains étudiants : les études infirmières françaises nécessitant un examen d’entrée, beaucoup de français se dirigeaient vers la formation belge d’infirmier breveté du côté de la frontière Mons-Tournai. "Mais ces français maintenant vont plus vers le bachelier où ils ont une reconnaissance du diplôme", explique la présidente de l’ACN.
Des discussions ont donc eu lieu au sein des associations professionnelles et du SPF Santé Publique afin de différencier le statut les infirmiers responsables de soins généraux et les infirmiers brevetés, qui exercent souvent les mêmes fonctions, mais n’ont pas le même cursus scolaire. Un nouveau statut devrait donc voir le jour pour les infirmiers brevetés, celui d’assistant de soins.
– [A lire] : A diplômes différents, les infirmiers seront payés pareil
Bientôt de nouveaux changements
Dans la formation du métier d’infirmier, de nouveaux changements devraient encore voir le jour. "Maintenant, on discute des infirmiers spécialisés", déclare Delphine Haulotte. Ainsi, à partir du 17 avril, des études de spécialisation devraient être modifiées. L’une des possibilités évoquées seraient de ne rendre la spécialisation possible qu’après avoir déjà travaillé comme infirmier . "Il faudrait déjà deux années d’expérience professionnelle avant de faire une spécialité comme soins intensifs, pédiatrie ou le domicile, parce que le domicile ça devient justement l’hospitalisation à domicile", révèle la présidente de l’ACN. En effet, cela semble être le nouveau cheval de bataille de la ministre de la Santé, Maggie De Block, qui souhaite réorienter les soins de l’hôpital au domicile. Les réformes mises en place, comme la lecture obligatoire de la carte d’identité, ne réjouissent pourtant pas toujours le secteur.
– [A lire] : La colère gronde dans le secteur des soins à domicile
La rédaction
Commentaires - 2 messages
Ajouter un commentaire à l'article