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Passage à l'acte et acting out, une distinction capitale dans la pratique clinique

11/12/19
Passage à l'acte et acting out, une distinction capitale dans la pratique clinique

Comment comprendre la violence de nos patients, qu’elle soit adressée à l’autre ou tournée vers eux-mêmes ? La distinction lacanienne entre passage à l’acte et acting out est à la fois capitale sur le plan théorique et d’une grande utilité clinique.

La violence met à mal le sujet, l’autre, la société et, bien sûr, les soignants qui accompagnent ces sujets en souffrance. Pour mettre cette violence au travail, il faut d’abord comprendre la logique qui la fonde et qui peut être de deux ordres. Entre passage à l’acte et acting out, Lacan nous propose une distinction essentielle à la fois pour comprendre l’acte violent mais aussi pour accompagner le sujet dans la suite de son parcours psychique.

Sans raison

La violence choque, secoue, indispose tout un chacun. Lorsqu’elle est apparemment immotivée, elle heurte davantage encore, parce qu’elle semble illogique, gratuite voire inhumaine. Dans le soin psychique, elle reste une composante courante du parcours de nos patients, d’intensité variable, mais qui signe toujours quelque chose d’une certaine mise au travail du sujet qui en est l’auteur.

Quand l’adresse reste présente

Certains actes posés, malgré leur violence, ne heurtent pas notre logique, notre bon sens. Que cette violence soit tournée vers soi ou vers l’autre, le sujet tente par là une communication « de toute urgence » pour faire signe, pour appeler, pour adresser un mal être dont il ne trouve pas la porte de sortie. Appel à l’autre pour faire voir sa souffrance, pour dire l’insupportable, pour solliciter une aide, parfois confusément. Le clinicien pourra alors entendre l’appel de cet « acting out » et le mettre au travail.

Une sortie de scène radicale

Mais parfois, l’acte échappe à toute logique apparente. C’est qu’il n’a pas d’adresse. Il signe alors juste une sortie de scène radicale, une coupure, à même le réel, qui, jusque dans sa sauvagerie, donne la mesure de l’angoisse, de la perplexité du sujet face à ce qui le déborde. On est alors dans le passage à l’acte. Ici, ce n’est pas l’interprétation clinique qui pourra nous faire saisir la logique du processus mais plutôt la fonction de cet acte : qu’est-ce que ça vient colmater, même mal, même de manière inefficace ? A quel contexte insupportable fait suite cette urgente coupure ?

Une distinction capitale

Nous le voyons, les deux logiques sont radicalement différentes. La distinction est dès lors capitale pour accompagner le sujet, dans un projet de soin cohérent. Ce qui est visé ? L’apaisement du sujet, et le développement d’un « savoir y faire » plus compatible avec soi, avec l’autre et avec le lien social. La solution, c’est le sujet qui pourra la construire, la « bricoler ». Le soignant sera ainsi le témoin, le lecteur de ce travail et, pour cela, devra saisir et repérer, au-delà des événements factuels, dans quelle logique se trouve le sujet. Avec ou sans l’autre, voilà la boussole essentielle pour comprendre les actes violents.

D.B., psychologue clinicienne

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