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Chronique d'un psy : tout est une question de taille...

20/02/17
Chronique d'un psy : tout est une question de taille...

Dans un contexte où la désinformation règne en maître, je me pose la question de la place de l’unité des psychologues face à la pléthore d’organismes censés les défendre.

Cette semaine, paralysé par une massive angoisse doublée d’un mal de crâne carabiné, je dois vous l’avouer, j’ai bien failli ne pas écrire de chronique. Quelle est la raison de cette soudaine gueule de bois émotionnelle ? Je vous répondrai par le même discours que j’ai tenu à ma bienveillante collègue, qui m’a demandé la raison particulière de mon air grave et déconfit. Prenant le temps d’ajuster calmement ma voix et laissant aller péniblement ma respiration saccadée, je lui ai dit solennellement : "Renée, l’heure est grave, nous sommes en guerre…"

"En guerre ? Mais contre qui", me demanda-t-elle ? "Je n’en sais rien, Renée, les mauvais, les méchants, les pas comme nous, l’ennemi quoi ! Qu’est ce qu’on nous a fait ? On veut nous faire plein de trucs dégueulasses. Notre code de déontologie ? La protection de notre titre ? L’Etat nous ment, Renée ! J’ai même entendu dire qu’on rétablirait la peine de mort pour radier les psy qui ne paieraient pas leur cotisation à temps ! Et qui est l’homme à abattre ? Tu poses trop de questions Renée… "

A vrai dire, ma collègue avait tapé dans le mille. Je savais qu’en tant que psy, je me devais de ne pas être d’accord, mais à y réfléchir, je ne savais plus trop bien contre qui j’étais fâché face à l’immensité des personnes à blâmer : Compsy, APPPSY, FBP, UPPsy, APPELpsy, UPPCF, COPEL-COBES, LBFSM, LWSM, Alter-psy, VVKP, AEMTC , AFPC, voire l’UPPC ? Me rendant compte que j’avais perdu Renée au milieu de mon énumération, j’ai décidé de reprendre depuis le début. Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’un reproche à l’autre des tas de choses que l’autre reproche à l’un. C’est un peu plus clair ? Non, toujours pas.

C’est alors que je me suis permis d’être un peu plus précis dans mon discours : "Je vais poser un constat, Renée". Même si la plupart des psy sont les champions hors catégorie de la pratique de la langue de bois, il faut se rendre à l’évidence, on n’est pas vraiment taillé pour faire de la politique. J’entends déjà grincer le cuir des fauteuils autant usés par le poids des années de consultation que par la mauvaise foi de leur propriétaire : j’insiste, consœurs et confrères, pour prendre des décisions, on craint ! Peut-être est-ce l’habitude de déconstruire le discours ? Éventuellement la peur d’être directif ? J’aimerais sincèrement croire que oui. A en écouter certains, les différences qui nous divisent feraient pousser des murs et des bunkers entre nous ? Je ne peux décemment pas m’y résoudre. Certes, c’est pas demain la veille qu’un psychanalyste et un comportementaliste chanteront d’une seule voix, main dans la main jusqu’à s’épouser dans un désir charnel, mais après quelques verres, je reste persuadé qu’ils arriveront certainement à s’accorder sur l’incohérence de leurs amis humanistes.

Qu’est ce qui a changé ces derniers mois ? Rien. Je reste persuadé que ce sont nos divisions qui nous unissent. Et comment expliquer les tensions actuelles ? Comme je le disais, le psychologue n’est qu’un très mauvais politicien. Le débat de fond a très vite été évincé par le jeu du pouvoir. Bref, au lieu d’avancer dans l’intérêt de tous les praticiens, n’en déplaisent à mes amis psychanalystes, j’ai l’impression que l’on préfère lâchement se comparer la verge, pensant pertinemment que la sienne est la plus longue.

C’est à ce moment précis, ne comprenant pas les bases du second degré, que Renée m’a supplié d’arrêter, préférant mille fois que je fasse la gueule en silence plutôt que de pousser plus loin mes élucubrations lubriques. Ce qui tombait finalement assez bien, parce que globalement, comme la plupart de mes confrères, je n’avais strictement rien à dire.

En conclusion, à lire les arguments des uns et des autres, cette semaine, en plus d’avoir mal au crâne, j’ai honte. Comment voulez-vous avoir un minimum de crédibilité, si en l’occurrence, chacun ne rate pas l’occasion de se tirer une balle dans le pied. Loin de moi l’idée de vouloir moraliser mais du haut de mon petit savoir, j’arrive à trouver de la richesse en chacune des associations psy. Pourtant, je ne suis ni naïf, ni alcoolisé. Ne pourriez-vous pas en faire autant ? Dans tous les cas, je vous préviens, si jamais on me bombarde encore une fois d’informations propagandopublicitaires sur les bienfondés de l’un ou de l’autre, je crée illico ma propre association : l’APRCBEKI, ou en non abrégé : l’Association des Psy qui en ont Ras la Couenne d’être Bombardés d’Emails Kilométriques Incendiaires et je vous préviens : de tous, c’est moi qui ai la plus longue.

T. Persons

[ A lire] :

 La Commission des Psychologues, non-démocratique, réductrice et simpliste ?]
 La Commission a -t-elle des motivations sous-jacentes ?
 La Compsy remet les pendules à l’heure
 La FBP demande aux psychologues de soutenir la Compsy
 La Compsy, cette belle Tour d’Ivoire
 LePsychologue.be soutient la Compsy
 La Commission Belge des Psychologues, prisonnière du système ?
 L’article 12, épine dans le pied des psychologues



Commentaires - 2 messages
  • Merci! J'adhère illico Í  l'APRCBEKI! ;)
    Et si tout le monde avait raison, avec juste des visions différentes d'une même réalité? Et si tout le monde avait raison de défendre sa propre vision des choses? Et si on arrivait Í  s'entendre...

    Bénédicte Godfroid lundi 20 février 2017 23:01
  • Bravo c'est bien dit!! A combien se monte la cotisation Í  APRCBEK? l'apéro est compris?
    Je le prendrait volontiers avec n'importe quel collègue psy, pour autant qu'il ne soit pas psychanalyste, ni membre de l'UDPCC (l'union des psys casse couille), ni en tournée minérale (j'aime bien le rouge Í  l'apéro), ni néerlandophone (je comprend pas bien) ni employé Í  Compsy (car ils ne servent Í  rien), ni ... enfin bref, Í  l'image de ma confrérie, je suis ouverte et dans l'accueil ð???ð???.
    Trève de plaisanterie, un peu plus d'union ferait notre force (je l'ai déjÍ  entendu quelque part celle lÍ ).....

    Tante Didi jeudi 23 février 2017 10:48

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