Assistants en Psychologie : et si on s'appelait autrement ?

Le métier d’assistant en psychologie recouvre une fonction hybride et peu (re)connue. Son approche socio-clinique est, aujourd’hui encore, peu mise en avant. Une situation qui soulève la question de la pertinence du nom qui lui est donné.
Voilà un certain temps que l’on se questionne sur cette fonction mystérieuse : « C’est quoi au juste un assistant en psychologie » ? Malgré le temps qui passe, je persiste à dire que c’est un travailleur social aussi apte à mener des entretiens cliniques qu’à s’engager sur le terrain ou mener des actions sociales. Dans un monde qui ne sait pas choisir, n’est-ce pas une aubaine que de se savoir équipé pour en relever les multiples défis ? Il semble que non : dans ce même-monde, la logique est aux cases et aux étiquettes, de préférence certifiées « université ». Qu’à cela ne tienne, ce thème-là est déjà largement traité.
Il reste que, pour gagner à être reconnu, il faut aussi pouvoir se remettre en question. Et celle qui se pose aujourd’hui c’est : pourquoi, diable, a-t-on choisi le terme « assistant » en psychologie ? La connotation à laquelle il renvoie, quand on constate la guéguerre « Haute Ecole versus Université », ne participe pas en elle-même à nous tirer une balle dans le pied ?
Passez-moi le bistouri !
C’est vrai au fond, comment gagner en crédit quand l’intitulé lui-même renvoie à l’idée qu’on est là pour « aider » le psychologue ? Des personnes qui m’ont demandé, très sincèrement, si mon métier consistait à gérer les dossiers des psychologues ou de prendre des notes pour eux, il y en a des dizaines… Autant dire qu’à ce train-là, on n’est pas sorti de l’auberge. Que les choses soient claires : il ne s’agit pas de discréditer le statut de psychologue ou de surestimer la fonction des assistants en psychologie, mais bien de défendre une éthique qui reconnaisse chaque métier à sa juste valeur, sans laisser planer un spectre d’autorité de l’un sur l’autre.
Chacun sa place ?
Bien sûr, nous avons choisi de faire trois années d’études. Nous avons décidé d’apprendre en Haute Ecole, conscients de ce que ça impliquerait. Et nombre d’entre nous ont choisi de poursuivre leur cursus à l’université par la suite. Mais cela implique-t-il pour autant que nous soyons associés de la sorte au métier de psychologue ? La tentation est forte de répondre « non » juste par principe de différenciation. Il faut toutefois reconnaître que la nuance est fragile, à en lire la description du métier qu’on retrouve sur le site du Siep : « Le quotidien de l’assistant en psychologie est proche de celui du psychologue (…) le niveau de diplôme de l’assistant en psychologie étant moins élevé que le niveau de diplôme du psychologue, l’assistant en psychologie aura moins de responsabilités qu’un psychologue. »
Un début à tout
Si le métier d’assistant en psychologie est noble, il ne se résume nullement à faire pâle copie du psychologue. Je ne reviendrai pas sur ses spécificités, déjà dépeintes précédemment. Notons toutefois que l’intitulé du diplôme, outre les mauvaises compréhensions qui en sont faites, ne reprend pas le caractère socio-clinique qu’il recouvre. Ainsi, le professionnel lui-même peine parfois à se retrouver dans ces mots. Pour entamer la révolution tant attendue de ce corps de métier, peut-être faudrait-il commencer par questionner cette situation paradoxale. Les assistants en psychologie clament haut et fort une meilleure reconnaissance de leur métier mais souffrent déjà d’une dénomination peu éclairante sur ce qu’ils font !
Des idées ?
Je me souviens de mes années en auditoire : à cette époque déjà, une des responsables pédagogiques du cursus a relevé cette incohérence. C’est ainsi qu’elle a suggéré de nous définir comme « diplômés en Psychologie Appliquée ». Ce titre renforce la notion empirique et pratique qu’offre la formation, ce qui est aussi une manière de se distancer du bachelier universitaire. Cela ne répond toutefois pas aux enjeux de la réflexion que l’on mène aujourd’hui… Et si on parlait plutôt d’intervention ou d’accompagnement reprenant les différentes casquettes du professionnel ? Un titre comme « Intervenant psycho-social » ?
On ne changera pas le monde mais…
Espérer un meilleur avenir pour le métier de passion que nous avons choisi et pour la formation que suivent encore des milliers d’élèves est une nécessité. Qu’en est-il aujourd’hui de ce projet de modification du nom du diplôme ? Dans quelle mesure le fait de revendiquer le caractère « hybride » d’un métier n’est-il pas dangereux pour d’autres professions directement concernées (comme les assistants sociaux ou les éducateurs par exemples) ? Ces questions, prêtant à discussion, relèvent au moins de l’importance de faire vivre la réflexion et de lui permettre de se développer au point – pourquoi pas – de penser autrement le processus de formation. Le débat est ouvert.
A l’origine : une anecdote
Il faut savoir qu’initialement, le titre d’Assistant en Psychologie a été pensé pour compléter celui d’Assistant Social. Il s’agissait en fait de permettre aux populations en difficulté de bénéficier des deux pendants de l’aide : le terrain social, et l’aide psychique.
L’histoire a donc démarré sur de belles intentions : celle d’offrir un soutien aussi global que différencié. Sauf qu’aujourd’hui, le nom ne sonne pas forcément comme on voudrait l’entendre.
LT, assistante en psychologie
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