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La Commision des psychologues : non-démocratique, réductrice et simpliste ?

09/01/17
La Commision des psychologues: non-démocratique, réductrice et simpliste?

Le Collectif des praticiens de la Parole (COPEL-COBES) n’est pas d’accord avec les actions de la Commission des psychologues et entend le faire savoir. Il lui a adressé une lettre ouverte, qui, à ce jour, a récolté 253 signatures.

LETTRE DE PSYCHOLOGUES A LA COMMISSION DES PSYCHOLOGUES

Aux instances de la Commission des Psychologues,

Les soussignés, psychologues cliniciens, ne se reconnaissent pas dans l’orientation que prend la Commission des psychologues comme représentative de leur profession. Nous constatons que le mode d’action de cette commission est non démocratique, son orientation professionnelle simpliste et réductrice, ses directives contraires à l’éthique du psychologue, et sa position envers les psychologues suspicieuse, voire malveillante.

La commission est non démocratique , parce que l’Assemblée plénière de la commission est composée d’une majorité écrasante de membres de la Fédération belge des psychologues (FBP) dont rien ne prouve qu’elle représente la majorité des psychologues. Notons qu’à ce jour, sur 11 000 psychologues inscrits à la commission, 7000 n’appartiennent à aucune Association professionnelle. Il ne nous échappe pas que la création même de la commission a été étroitement dépendante de la FBP.

L’orientation professionnelle de la commission est simpliste et réductrice , parce qu’elle est solidaire des positions actuelles du ministère de la santé qui ne jure que par une seule idéologie, celle de l’Evidence-based medicine, alors que la grande majorité des psychologues, fidèle à l’effet de la parole et du transfert, reconnaît l’irréductibilité de la mentalité au chiffre.

Les directives de la commission sont contraires à l’éthique du psychologue. Nous nous inquiétons lorsque vous imposez au psychologue de renseigner dans des dossiers électroniques des données personnelles potentiellement accessibles, au nom d’une prétendue « continuité des soins ». La raison pour laquelle le patient consulte un psychologue et les comptes-rendus des consultations que vous exigez renseignés à l’attention des proches (survivants en cas de décès du patient), du psy suivant ou de l’obscure « personne de confiance » sont des renseignements éminemment privés et les divulguer nous paraît être tout à fait de l’ordre d’une violation de notre devoir de discrétion totale par rapport aux faits intimes qui nous sont relatés par le patient. Il en va de même pour cette idée ahurissante du secret professionnel que vous estimez partageable – avec les médecins de compagnies d’assurance notamment. Vous prétendez protéger le patient mais, selon vos mots d’ordre, le patient lui-même n’est pas en droit de détruire son propre dossier s’il le souhaite. Vous exigez spécifiquement du psychologue qu’il mentionne le « consentement » ou le « refus » de son « client » à « l’intervention » : nous trouvons très douteuse cette conception selon laquelle le travail avec le patient s’envisage en termes de docilité ou de mauvaise volonté. Vous prévoyez que « la personne de confiance », si elle est un praticien d’une profession de soins de santé (« médecin, kinésithérapeute, dentiste »), dispose d’un droit d’accès, outre au dossier du patient, aux notes personnelles du psychologue à son propos : à quelles fins et en quoi ces notes restent-elles alors « personnelles » ?

La position de la Commission envers les psychologues est suspicieuse, voire malveillante. Sur votre site, les patients sont invités à porter plainte contre leur psychologue. Ce pousse à la plainte contre le psychologue promeut l’idée que tout psychologue est un charlatan et une personne susceptible d’enfreindre la loi. Tout citoyen peut porter plainte contre un professionnel s’il le faut, mais donner l’impression que les infractions sont courantes dans notre métier relève d’une dérive alarmiste. Par cette action, la commission des psychologues installe un climat de méfiance et nuit aux relations transférentielles qui sont à la base de notre pratique.

À l’heure où il s’agit de renouveler son agrément à la Commission de Psychologues, nous nous indignons de constater combien votre instance s’emploie à infléchir notre pratique de psychologues dans le sens d’un manque criant d’éthique – et même d’humanité. Vous prétendez représenter notre métier mais vos derniers préceptes torpillent son exercice même.

Si vous êtes inscrits comme membre de la Commission et que vous souhaitez vous ajouter aux signataires, vous pouvez envoyer un mail à l’adresse cobescopel@gmail.com Indiquez dans l’objet du mail votre prénom, nom et ajoutez la mention « psychologue ».

A lire : Le document avec les signatures



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