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L'activation sociale, entre citoyenneté active et mise à l'emploi

08/10/14
L'activation sociale, entre citoyenneté active et mise à l'emploi

Les CPAS ne sont pas que des machines à octroyer un revenu d’intégration, ils aident également les personnes qui s’adressent à eux à s’émanciper. Et pour permettre à tous l’intégration sociale, une politique d’activation a été mise en place.

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L’objectif central de cette mesure vise l’épanouissement social maximal en assurant les droits sociaux fondamentaux de chaque individu de la société. Des enquêtes démontrent effectivement que les personnes précarisées participent moins, voire pas du tout, aux activités sociales et culturelles. Or la participation sociale, culturelle et sportive est un droit fondamental repris dans la déclaration universelle des droits de l’homme (1948) et coulée dans notre Constitution, comme le rappelle Julien Van Geertsom, Président du SPP Intégration sociale et Lutte contre la pauvreté : «  chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine et à cette fin, la loi garantit le droit à l’épanouissement culturel et social. L’activation sociale est donc ici essentielle, d’autant plus qu’elle fait partie des missions spécifiques des CPAS. »

Petit à petit, l’oiseau fait son nid

Par la mesure d’activation sociale, les CPAS cherchent donc à impliquer les personnes défavorisées dans la vie sociale en les faisant participer à la vie sportive et culturelle et en leur donnant accès aux nouvelles technologies de communication et d’information. Si le groupe-cible sort plus et noue des contacts sociaux, cela peut être un premier pas vers une participation et une implication à part entière dans la société. « Une expérience de participation parmi d’autres a été d’inviter les usagers à cuisiner. Loin de nous l’idée d’en faire des cordons bleus, mais une telle initiative offrait la possibilité de travailler en groupe, de gérer un budget, d’apprendre à connaître les légumes de saison et d’être sensibilisé à une alimentation saine,... En les impliquant dans un projet commun, les usagers acquièrent des compétences nécessaires pour s’insérer dans une trajectoire vers l’emploi et, prendre progressivement leur vie en main », explique Julien Van Geertsom.

Les compétences développées lors d’un projet d’activation sociale peuvent ensuite être d’application dans tous les domaines de la vie et servent parfois même de levier pour sortir du cercle vicieux de la pauvreté. Les initiatives qui sont soutenues par cette mesure se distinguent par conséquent d’un trajet d’insertion professionnelle bien défini. Il s’agit en quelque sorte d’une phase qui précède ce trajet, et pendant laquelle les participants développent résistance et assurance. Le rôle du CPAS dans ce contexte est de décrire le groupe-cible, de formuler les projets et de mettre les participants en contact avec les offrants.

L’activation sociale, un enjeu de taille

C’est après une recherche exploratoire sur les pratiques en matière d’activation sociale au sein des CPAS belges que l’HIVA KU Leuven et l’Université de Saint-Louis ont réussi à spécifier le terme d’activation sociale. « L’activation sociale est l’augmentation de la participation sociale et la rupture de l’isolement par le biais d’activités socialement utiles, soit comme but en soi, soit comme premier pas dans un trajet d’insertion socioprofessionnelle, soit comme premier pas vers une remise (ultérieure) au travail rémunéré. »

L’enjeu est donc de taille, même si tous les bénéficiaires d’une allocation sociale du CPAS ne peuvent pas être intégrés (à court ou moyen terme ) sur le marché du travail pour des raisons très diverses (maladie, problèmes de logement, garde d’enfants, qualification, connaissance d’une des langues nationales, … ). Julien Van Geertsom estime néanmoins qu’une réinsertion vers l’emploi est possible pour 2/3 des usagers.

L’activation sociale, pour quel public cible ?

En mai 2013, le Conseil européen rappelait que la Belgique souffre d’une participation au marché du travail stagnante et inférieure à la moyenne ainsi que de fortes disparités en matières d’emploi et de chômage entre régions et sous-groupes de population. Aussi, les personnes issues de l’immigration, les personnes plus âgées et les jeunes peu qualifiées font partie des groupes de population affichant la plus faible participation au marché du travail. Ces groupes sont aussi exposés à des risques plus élevés de pauvreté et d’exclusion sociale.

L’institution européenne recommande dès lors à la Belgique de mener des réformes en vue d’une meilleure adéquation entre l’offre et la demande de main-d’œuvre via une aide à la recherche d’emploi et à des possibilités de formation. « Bien que les mesures visant les jeunes peu qualifiés soient susceptibles de bénéficier aussi aux personnes issues de l’immigration, une stratégie globale spécifique à ce dernier groupe-cible est préconisée. En outre, il semble difficile de résoudre certaines inadéquations entre l’offre et la demande de main-d’œuvre sans accroître nettement la mobilité interrégionale de la main-d’œuvre. Une analyse plus fondamentale est nécessaire pour déterminer comment rendre l’offre d’enseignement et de formation plus transparente et plus efficiente et comment renforcer les synergies entre les différents prestataires de formation », peut-on lire de la recommandation du Conseil européen à la Belgique.

Dans cette optique, les politiques d’activation ne doivent pas être cloisonnées aux seuls CPAS. Un lien fort est nécessaire entre la politique d’activation sociale et l’insertion professionnelle. Et à l’heure où un accord de gouvernement vient d’être trouvé pour la suédoise, voilà un premier dossier à confier au ministre qui sera chargé de l’Intégration sociale.

Delphine Hotua



Commentaires - 2 messages
  • et les nouveaux bénéficiaire a partir de 2015 les quelques 20000 chômeur flanqué a la porte par le gouvernement ceux la qui se sont cassé le cul pour trouver du boulot depuis maintenant 3 ans que va t'on faire pour les réinsérer sur le marché du travail eux qui n'ont pas trouvé pour telle ou telle raison de travail moi par exemple j'aurais 54 ans fin de ce mois et en janvier dehors basta ouste du balais j'aurais droit a quoi ?

    rosyetdany@gmail.com jeudi 9 octobre 2014 19:04
  • Bien sur beaucoup de gens pourraient travailler mais bien que la plupart aimeraient, il y a d'abord certains freins à surmonter :
    1) Il n'y a pas assez d'emplois salariés disponibles probablement en grande partie à cause du cout du travail élevé résultant des charges fiscales très élevées sur le facteur travail (notamment l'entièreté ou quasi de la sécu), résultat on presse le travailleur au max plutôt que d'engager.
    2) La façon dont est organisée l'assistance sociale et la sécurité sociale par rapport aux indépendants (cotisation sociales minimales élevées, absence de droit à un complément de revenu ...) dans un contexte où les citoyens peuvent bénéficier de la sécurité sociale ou de l'assistance sociale si ils n'exercent pas ce statut, empêche de pouvoir percevoir le travail indépendant comme une porte de sortie massive vers l'emploi pour les plus précarisés.
    3) Même si il y avait de l'emploi salarié disponible, les employeurs sont très exigeants en Belgique (connaissance linguistique, rapidité, polyvalence, autonomie ...etc) ce qui explique pourquoi un certain nombre de personne sont de facto exclues du marché du travail ... et le comble, c'est la plupart du temps ce public là que l'on pourchasse (alors qu'il est le moins à même de trouver de l'emploi par lui-même et le plus susceptible de découragement devant le mur qui s'oppose à eux). Participer à la vie économique de la société devrait d'abord être un droit.

    poupi lundi 13 octobre 2014 16:35

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