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Le non-marchand était présent en nombre

06/12/16
Le non-marchand était présent en nombre

Le non-marchand en a assez et l’a fait savoir aux gouvernements en manifestant le 24 novembre dernier, en vue d’obtenir, entre autres, de meilleures dispositions de fin de carrière. 20 000 personnes se sont retrouvées dans les rues de la capitale, pour se faire entendre du monde politique.

Le 24 novembre dernier, le secteur non-marchand levait le pied à Bruxelles. L’objectif : interpeller les gouvernements sur la situation des travailleurs et obtenir un accord du non-marchand, ce qui n’a plus été le cas depuis 2010. Christian Masai, secrétaire fédéral pour le Setca non-marchand, fait le point sur ce rassemblement.

Qu’avez-vous retiré de cette manifestation ?

L’unique point de satisfaction, en ce qui me concerne, c’est la participation massive de travailleurs. Je pense que c’est un signe assez clair de la mobilisation des travailleurs de tout le secteur non-marchand, qu’on a souvent tendance à identifier de manière simpliste (et c’est normal, c’est comme ça qu’on le voit le plus) comme étant les infirmiers, les MRS. Mais le secteur non-marchand est évidemment bien plus vaste que ça puisqu’on retrouve aussi les handicapés, l’aide à la jeunesse, le socio-culturel, l’insertion professionnelle, les Entreprises de Travail Adapté (ETA), les aides-familiales… c’est important de le resituer pour ne pas avoir un focus limitatif sur un groupe ou un secteur de travailleurs.

Quel était l’objectif de cette manifestation ?

Elle avait comme objectif d’interpeller LES gouvernements (et pas un gouvernement), de chacune des entités : fédérale, communautaire, régionale. Et donc la manifestation s’est faite symboliquement à Bruxelles. Evidemment je suis satisfait de la participation importante, mais tout de suite, j’ajoute qu’il y a une déception par rapport à l’écoute et surtout aux réponses qui nous ont été données par ceux qui ont bien voulu nous recevoir ce jour-là.

Quelles ont été ces réponses ?

La conclusion : le gouvernement nous propose des calendriers. C’est une technique bien connue qui signifie qu’on ne va pas faire grand-chose, mais qu’on ne veut pas dire « Non. »

Et concrètement, alors, que va-t-il se passer ?

Concrètement, Charles Michel a dit à la fin de l’entretien à Maggie De block et Kriss Peeters qui étaient là : « Vous reprenez contact avec les organisations syndicales pour faire un calendrier, pour chiffrer un peu leurs demandes et voir ce qu’il est possible de faire », point. C’est comme ça qu’on le formule. Exemple : En Communauté française, on a été reçu par le gouvernement au mois de mars 2016, qui nous a dit qu’il allait mettre en place un groupe de travail pour chiffrer nos revendications. Nous sommes au mois de décembre et ça n’a pas été fait. On se réfugie derrière un manque de temps, un manque de visibilité de ceci, l’absence d’un cadastre par exemple…

Un cadastre ?

En Communauté française, lorsqu’on a négocié un accord du non-marchand en 2000, le gouvernement nous a dit : « Oui, mais attendez, vos revendications, combien ça va couter ? » A l’époque, on s’est rendu compte (ça avait au moins ce mérite-là !) que les gouvernements étaient incapables de dire quel était le nombre de travailleurs qui relevaient de leurs champs de compétences. C’est dramatique ! Une des conclusions a donc été de rapidement faire un cadastre qui nous permet non seulement d’établir les coûts des éventuelles revendications, mais aussi de donner aux politiques de la visibilité sur la gestion budgétaire qu’ils avaient à faire sur les secteurs dont ils ont la tutelle. Nous sommes en 2016, le cadastre n’est toujours pas terminé. On a avancé, mais il n’y a toujours pas d’outil définitif qui permet à 95%,96% ou 97% de dire quel est exactement le nombre de travailleurs.

Vous êtes donc en train de dire que (prenons un exemple) : Rachid Madrane, ministre de l’Aide à la Jeunesse, ne sait pas dire, à l’heure actuelle, combien de personnes travaillent dans son secteur ?

Non, je pense qu’il ne sait pas le dire et dans le secteur socio-culturel c’est pire…. (NB : l’Équipe du Guide Social va interroger les différents ministres afin de recueillir leurs informations à ce sujet. A lire bientôt sur le site). En plus, certains secteurs n’étaient pas dans le périmètre des accords (interprofessionnels) parce que soit ils se sont constitués professionnellement durant les dernières années, soit il n’y avait pas de volonté politique de le faire. Je fais référence, en Communauté française, à toute la série de musées, d’établissements qui font l’objet d’un contrat de programme (Musée de la photo à Charleroi, de la Tapisserie à Tournai…) les centres d’expressions de créativité, le secteur sportif… En Région wallonne, le tourisme non commercial n’est pas dans le champ d’application de l’un ou l’autre des accords donc une revendication c’est de les y ajouter, puisque d’une manière ou d’une autre ils entrent dans les matières des ministres, avec des agréments, des subventionnements, etc.

Le secteur du spectacle compte des milliers de travailleurs. Les ministres les reçoivent toujours et leur disent « Je vous ai compris ». Mais après : plus rien, tout au plus les grands contrats programmes avec le théâtre national. Mais le théâtre pour enfant, les petites structures ne sont pas dans un cadastre. C’est un outil indispensable, à la fois en termes de gestion politique et en termes de fixation des couts et des revendications. Et cet outil, après 14 ans, n’est toujours pas fait. C’est à pleurer.

Seconde partie de l’interview : demain !



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