Psychothérapeutes : un cadre plus clair
Les changements législatifs concernant les professionnels de la santé touchent aussi les psychothérapeutes. Quels sont les éléments qui les distinguent des psychologues ?
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La nouvelle loi relative aux psychologues et orthopédagogues cliniciens a également ouvert le chantier de la réforme de l’accès au métier de psychothérapeute. L’occasion de revenir sur les différences qui marquent ces professions, dont les spécificités ne sont pas toujours bien comprises. Le projet de loi qui entrera en vigueur en septembre 2016, consacre une série de dispositions autonomes concernant la psychothérapie, au cœur de son chapitre 3. La psychothérapie n’entre en effet pas dans l’Arrêté Royal 78, que les psychologues cliniciens souhaitaient faire modifier, afin d’être repris dans le giron des professionnels de la santé.
Critères de reconnaissance
La nouvelle loi reconnaît à présent le titre de psychothérapeute à part entière et fixe les conditions d’accès à la profession. Les pré-requis sont :
– Etre au minimum porteur d’un diplôme de premier cycle d’enseignement supérieur (au moins 3 années d’études) dans le domaine des professions de la santé, de la psychologie, des sciences de l’éducation ou des sciences sociales.
– Avoir suivi une formation aux notions de base de la psychologie.
– Ces notions comprenant la psychologie générale, la psychopathologie et psychiatrie, la psychopharmacologie, le psychodiagnostic, le travail en réseau avec les professions de santé, l’introduction aux orientations psychothérapeutiques.
Enfin, l’habilitation à la psychothérapie est octroyée et peut être retirée après avis du Conseil fédéral de la psychothérapie.
Différenciation face aux psychologues
Le projet de loi a donc bien définit les différences de formations et de critères pour exercer le métier de psychothérapeute, par rapport aux psychologues cliniciens. Les critères minima de reconnaissance sont liés aux matières enseignées, au volume horaire des différents enseignements et à la supervision de la pratique clinique. Il existe donc deux différences majeures par rapport aux cliniciens : le diplôme universitaire est reconnu, mais il n’est pas obligatoire (plusieurs hautes écoles sont également reconnues) et le psychothérapeute ne relève pas de l’A.R. 78. Il est de fait soumis à la supervision de la pratique clinique.
Les pratiques reconnues
D’autre part, le projet de loi définit actuellement la reconnaissance comme cadre de référence psychothérapeutique aux orientations suivantes :
– La psychothérapie à orientation comportementale et psychodynamique.
– La psychothérapie à orientation systémique et familiale.
– La psychothérapie à orientation comportementale et cognitive.
– La psychothérapie à orientation humaniste centrée sur la personne et expérientielle.
L’exception psychanalytique
Remarquons que la psychanalyse n’a pas été retenue dans ces 4 courants. Elle ne relève pas de la nouvelle loi, sauf si l’acte psychanalytique s’inscrit dans la pratique psychothérapeutique. Les conditions sub-mentionnées pour accéder à la profession devront alors être observées. Ce point est déjà fort controversé. Lors du vote du projet de loi, plusieurs associations représentatives des psychanalystes ont demandé l’inclusion de cette orientation dans la liste des psychothérapies. Mais pour une question de manque de cohésion des différentes associations représentatives (beaucoup de psychanalystes ne souhaitent pas lier leur profession à une formation de base type) et de timing, cette demande est restée sans suites.
Moins de charlatans ?
En reconnaissant et en restreignant l’accès à la profession selon un cadre définit, la nouvelle loi devrait permettre d’éloigner les charlatans, comme le souhaitait l’ancienne ministre de la santé, Laurette Onkelinx. Mais certains écueils seront encore à éviter : informer le public sur les différences entre le psychothérapeute reconnu et les thérapeutes en tout genre (ex : aide psychothérapeutique, accompagnement psycho-corporel, coaches personnels ou psychanalystes…). Un travail d’information devrait être déployé dans ce sens. Sans oublier que tant pour les psychothérapeutes, que pour les psychologues cliniciens, le diplôme ou l’accès au métier ne préjudice pas automatiquement de la qualité de la prestation. Mais ceci est un autre débat en soi !
Du côté législatif, avant de pouvoir entrer en vigueur, la nouvelle loi nécessitera encore des arrêtés d’application. Ce qui entraînera sans aucun doute, moult discussions !
Sandra Evrard
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