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Service citoyen : " Nous sommes vigilants pour éviter les emplois déguisés "

15/10/14
Service citoyen :

La plateforme pour le Service Citoyen veut institutionnaliser en Belgique ce concept d’année d’engagement pour la collectivité, destinée aux jeunes de 18 à 25 ans, à l’instar d’autres pays d’Europe.

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Elle a adressé dans ce sens un memorandum aux responsables politiques à la veille des élections de mai 2014. Eclairage avec François Ronveaux, directeur de la Plateforme pour un Service Citoyen.

Après plusieurs années d’expérience pilote, vous exigez un cadre légal. Avec quels objectifs ?

Le projet de Service Citoyen est un projet qui n’est pas encore institué, contrairement au service civique dans 8 autres pays européens. Un cadre légal permettrait un financement, et donc donnerait de l’ampleur au projet. Actuellement, quelques dizaines de jeunes ont accès au service citoyen. Avec un cadre légal, il pourrait y en avoir des centaines. En Allemagne, en Italie ou en France, le service citoyen ou service civil concerne des milliers de jeunes. D’autre part, un cadre légal donnerait à cette génération qui s’engage dans le service citoyen un statut social. La jeunesse pourrait bénéficier d’indemnité. Il ne s’agirait pas d’un salaire, puisqu’on parle de volontariat. Aujourd’hui, ils ne bénéficient que de 10 euros par jour, ainsi qu’une couverture des frais de déplacement. C’est insuffisant et cela ne permet pas à tout le monde d’avoir accès au service citoyen.

Quelles sont les positions politiques aujourd’hui ?

Tant les déclarations de politique régionale de Bruxelles (COCOF) et de la Fédération Wallonie-Bruxelles se montrent sensibles au projet et le soutiennent.
A Bruxelles, il existe un soutien financier, en Wallonie pas encore. Le financement bruxellois s’explique par la Garantie Jeunesse, une recommandation européenne qui invite les Etats à offrir à un jeune de moins de 25 ans dans les 4 mois qui suivent sa fin de scolarité ou sa perte d’emploi un stage, une formation… Le service citoyen s’inscrit en plein dans ce projet. Le plan régional de la Garantie jeunesse pour Bruxelles a été accepté par l’Europe et des subsides ont été dégagés. En Italie aussi, le premier ministre Matteo Renzi va financer une grosse partie du service civil par cette garantie jeunesse. Au niveau fédéral, nous attendons de voir ce que va faire le gouvernement de Charles Michel. Sur le plan européen aussi, il existe un projet de service civique.

Pourquoi proposer un service citoyen aux jeunes plutôt que de les aider à trouver un emploi ?

Les jeunes sont demandeurs d’une période de transition avant de se lancer dans la vie active. Ce dispositif libère les jeunes de la pression sociale à trouver un emploi à tout prix. Le service citoyen accompagne les jeunes dans cet « espace transitionnel », avec des formations, des rencontres de terrain, un apprentissage de la solidarité et de l’entraide… Le service citoyen est un facteur d’orientation efficace des jeunes, plusieurs études l’ont déjà démontré. Il offre donc de réels effets en matière d’activation et d’insertion socio-professionnelle.

Le service citoyen est dénoncé parfois comme de l’emploi déguisé *… Que répondez-vous à cela ?

C’est un vrai risque et nous sommes extrêmement vigilants pour éviter l’instrumentalisation des jeunes par l’organisme qui les emploie. Nous avons mis en place des formations régulières pour les jeunes. Celles-ci offrent la possibilité de faire des feedbacks. Si l’on observe qu’il y a exploitation ou emploi déguisé, on agit. On a déjà eu le cas. Autre balise : nous définissons une mission avec l’organisme qui accueille le jeune. Pas plus de 25% de travail administratif n’est autorisé. Le jeune n’est pas non plus autorisé à porter des gestes qui relèvent de compétence précises. Enfin, nous essayons aussi de proposer plusieurs activités durant le service citoyen, afin de varier les missions.

Manon Legrand

*Lire à ce sujet :Le service civique, choix contraint de jeunes diplômés

En savoir plus :

 La plateforme pour le service citoyen

 Les neet’s, la jeunesse paumée



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