Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

Soins de santé en prison : à quand une nouvelle politique carcérale ?

20/05/14
Soins de santé en prison : à quand une nouvelle politique carcérale ?

Médecin depuis 1960 à la prison de Nivelles, Paul Gourdin tire la sonnette d’alarme quant à la qualité des soins prodigués en prison et le manque de moyens dont les médecins disposent.

Lire notre dossier :Les soins de santé en prison dénoncés

A la question où en est-on aujourd’hui en matière de politique de santé en prison, Paul Gourdin, médecin depuis plus de 40 ans à la prison de Nivelles, répond du tac au tac « nulle part ». Avant d’expliquer : «  Le budget ne changera pas avant le prochain gouvernement, on n’avance pas… On attend une nouvelle réflexion sur la politique carcérale lors du prochain gouvernement ». Lui et d’autres médecins de prison tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années sur la situation sanitaire déplorable derrière les barreaux. «  Les pathologies sont beaucoup plus élevées parmi cette population. Les détenus ont normalement les mêmes droits en matière de santé. Et la prison doit restaurer leur santé physique et leur santé mentale. Or, on est loin du compte aujourd’hui », déplore-t-il.

Manque de temps

Du temps ! C’est ce dont les médecins manquent pour soigner les détenus. « Les prestations sont réduites à peu de choses. Normalement, un médecin devrait recevoir 10 à 15 détenus par consultation, on est actuellement à 20-30… », explique le médecin. Et de rappeler que le système de garde est fortement menacé aussi . « Ils ont supprimé les honoraires de disponibilité pour les gardes », explique-t-il, « et le dispositif pour sortir le détenu pour une garde est beaucoup trop complexe », regrette Paul Gourdin. Ce qui revient à dire qu’en soirée et durant les week-ends, il n’y a plus de médecin disponible pour les détenus.

Pousser jusqu’à la grève

A cela s’ajoute un manque de moyens criant et des retards de rémunérations. Une coupe un peu trop pleine qui avait poussé les médecins à déposer un préavis de grève début mars avant de la lever le 19 « Mais la question des rémunérations est secondaire », insiste ce médecin. Pour lui, «  il faut mener une réflexion globale sur la politique de santé en prison. On met beaucoup d’énergie à bâtir des prisons mais on devrait en mettre surtout à les gérer ». Un message qu’il veut adresser aux futurs élus. L’association qu’il préside (l’ASBL IMAS regroupant médecins, dentistes et kinésithérapeutes exerçant dans le milieu carcéral ) a d’ailleurs envoyé à une semaine des élections un tract aux responsables politiques qui leur demande : «  Une fois élus, allez-vous réfléchir à une politique carcérale ? ».

Manon Legrand

Lire aussi : Les soins de santé en prison dénoncés

N’hésitez pas à participer, commenter et réagir sur nos réseaux sociaux ou Forum.



Ajouter un commentaire à l'article





« Retour