Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

AMO : durant le confinement, l'heure est à l'adaptation et au digital

22/04/20
AMO : durant le confinement, l'heure est à l'adaptation et au digital

Les associations réalisant des missions d’accueil en milieu ouvert voient leurs activités fortement impactées par la crise sanitaire et son confinement inhérent. En temps normal, dans la majorité des AMO, ce sont les jeunes qui font la démarche de solliciter l’aide et l’échange. Or, le confinement impose aux structures de se rendre disponible pour poursuivre le suivi de leur public. Il requiert souvent l’usage de plateformes digitales, ce qui peut modifier la façon de fonctionner des travailleurs du milieu.

[DOSSIER]
 Coronavirus : le dilemme pesant des AMO pendant le confinement
 Relations jeunes-police : les AMO, des interlocuteurs privilégiés

« Normalement ce sont les jeunes qui viennent vers nous, là c’est plutôt l’inverse », lance Manuel Murillo, qui travaille à Promo Jeunes AMO. Au sein de ces missions d’Accueil en Milieu Ouvert (AMO), l’objectif est clair. Le but est de répondre aux demandes des jeunes de 0 à 22 ans. Cela peut porter sur le domaine scolaire, le domaine familial mais également prendre la forme du travail de rue. Chaque AMO peut se spécialiser dans un domaine, selon ses compétences et son public. Malgré ces différences : un leitmotiv, trouver des solutions cherchant à favoriser l’autonomie chez les jeunes. C’est-à-dire faire le lien et leur expliquer ses différentes possibilités. La majorité des AMO travaillent à la demande des jeunes, démarrant et arrêtant le suivi quand bon leur semble. Cela reste moins vrai pour les structures s’appuyant sur le travail de rue.

L’épidémie de Covid-19 a induit de grands bouleversements dans la manière de travailler de ces entités. Manuel Murillo, travaillant chez Promo Jeunes AMO témoigne : « On fait de la prise de contact, la dynamique est inversée, il faut que l’on manifeste notre disponibilité. Et cela pose de nouvelles questions, car on échange différemment via les réseaux sociaux qu’on le fait en face à face. C’est toujours compliqué, ce switch vers le virtuel, on sait qu’il est probable qu’on perde certains jeunes. C’est dommage mais on ne peut pas vraiment faire autrement. »

La problématique est posée. Elle est plurielle. Le rythme des activités proposées par les AMO a évolué. Les permanences sociales, durant lesquelles les jeunes peuvent venir évoquer leurs problèmes, ouvrir un dialogue ont dû être fermées. Elles sont remplacées par des permanences virtuelles aux mêmes horaires, seulement, les effets sont-ils les mêmes ? Comme dans la majorité des services aux personnes, les rendez-vous pris antérieurement ont été tenus, et ont fonctionné soit par téléphone, par visio-conférence ou en face à face tout en faisant attention de respecter les règles d’hygiène.

S’adapter, être « présent, mais pas moralisateur »

Se rendre disponible pour ces structures reste la priorité. Si a Promo Jeunes AMO, les activités collectives ont dues être annulées, des groupes de paroles ont eux été mis en place. Garder le contact, cela se fait de différentes manières. Christophe Sleutel, qui travaille pour l’AMO AtMOsphère confie : « Nous faisons des permanences téléphoniques, on essaye de s’enquérir de comment ils [les jeunes] vont. Cela passe par Whats’App, Facebook. On propose aussi des services. On demande aux jeunes s’ils ont le matériel nécessaire pour suivre l’école à domicile, on peut leur imprimer certains cours ou exercices et leur livrer. » Le travail de rue, le porte à porte ont repris depuis le début de la semaine pour cette structure d’accueil en milieu ouvert.

A l’inverse, certaines AMO se spécialisent plus, elles, dans le travail de rue. C’est le cas de l’AMO Dynamo, dont le slogan est révélateur : « Parce que la rue existe ». Pour Sébastien Hertsens, co-directeur de la structure, l’esprit reste le même, mais le travail se fait différemment. Deux à trois fois par semaine, lui et son équipe font des tours du quartier à vélo pour aller à la rencontre des jeunes, discuter avec eux, évoquer leur quotidien. Forcément, le coronavirus a changé ces habitudes.

« On se concentre sur les problématiques des jeunes, on fait de la prévention informelle. » Là aussi, cela passe par Whats’App. Le suivi individuel est maintenu lorsqu’il est jugé nécessaire. Et il faut trouver le juste milieu, doser ses interventions. Comme l’indique Sébastien Hertsens : « On les recontacte pour prendre des nouvelles, passer 10 minutes au téléphone avec eux, ça leur fait du bien. Il faut être là, sans être harcelant. Présent mais pas moralisateur. Bref, ne pas faire du remplissage ». Surtout rester proche de son activité quotidienne et accomplir son rôle. Un exemple de plus qu’il faut adapter ses activités en ces temps troubles.

C.D.

Retrouvez dans les prochains jours la suite de notre dossier consacré aux AMO.

[Sur le même sujet] :
 "Nous, les éducateurs spécialisés, nous sommes des soignants !"
 Éducateurs, travailleurs sociaux… les oubliés de la crise sanitaire
 Travailleurs sociaux, entre envie de servir et inquiétude
 Béatrice, éducatrice dans la petite enfance, lance un coup de gueule
 Coronavirus : "Non, la quarantaine n’est pas romantique pour tou.te.s !"



Ajouter un commentaire à l'article





« Retour