Autisme : la Flandre s'éloigne de l'inclusion en autorisant 166 écoles spécialisées

Dans la prise en charge de l’autisme, la Flandre a fait le choix de l’enseignement spécialisé. 166 écoles ouvriront leurs portes dès l’année académique prochaine. Les enfants atteints d’autisme y bénéficieront d’un enseignement de type 9 adapté à leur déficience.
Au total, 8 000 enfants autistes pourront profiter de ce nouveau type d’enseignement. C’est du moins ce qu’a annoncé Hilde Crevits (CD&V), la ministre de l’enseignement flamande, relayée par la VRT.
Des 166 établissements créés à cet effet, 96 concerneront l’enseignement primaire spécialisé et 70, l’enseignement secondaire spécialisé.
À chaque handicap, ses besoins spécifiques
À l’heure actuelle, de nombreux enfants atteints d’autisme suivent des cours dans différents types d’enseignement, pas spécialement adaptés à leur handicap. Aussi, ces enfants souffrant d’autisme se retrouvent notamment dans l’enseignement de type 1 mis en place pour des élèves présentant un retard mental léger, mais également dans l’enseignement de type 3 pour des enfants présentant des troubles du comportement ou encore de type 8 qui correspond aux enfants avec des troubles de l’apprentissage.
Le type 9 de l’enseignement est donc un nouveau venu dans la typologie de l’enseignement spécialisé. Il prendra en charge les enfants avec autisme.
Une bonne chose pour l’autisme mais pas pour l’inclusion
Cinzia Tolfo, la présidente de l’association inforautisme, est mitigée par rapport à l’ouverture d’écoles de type 9 : « La démarche est intéressante car on va pouvoir à terme offrir davantage de places d’accueil scolaire, dont le nombre correspond plus ou moins aux chiffres des enfants autistes en Région flamande. Ce faisant, on reste cependant en porte-à-faux par rapport à la convention des Nations Unies relative aux personnes handicapées, car on favorise la ségrégation des enfants autistes. »
Pour rappel, la convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées, tout comme la législation anti-discrimination belge, obligent à mettre en place un enseignement inclusif où les élèves en situation de handicap sont intégrés dans l’enseignement ordinaire par le biais d’aménagements raisonnables. Ces aménagements raisonnables sont censés réduire les effets négatifs d’un environnement inadapté su la participation d’une personne à la vie en société.
La Fédération Wallonie-Bruxelles tergiverse
Reste qu’avec cette mesure, la Région flamande a décidé de prendre la problématique de l’autisme à bras le corps, ce qui n’est, semble-t-il, pas le cas de la Fédération Wallonie-Bruxelles. À cet égard, Inforautisme ne mâche pas ses mots : « Pendant qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, une certaine ministre (ndlr : Joëlle Milquet) tergiverse sur les listes d’attente et n’a pas conscience de l’accueil scolaire adapté largement insuffisant pour les enfants et adolescents autistes, en Flandre, cela avance avec la création d’un type 9 dans 166 écoles spécifiquement dédiées aux 8000 enfants autistes... »
Et Cinzia Tolfo d’ajouter : « En Fédération Wallonie-Bruxelles, 1.207 enfants sont inscrits dans les classes à pédagogie adaptée. En ce qui concerne les quelque 10 000 autres enfants, on ne sait pas où ils sont scolarisés voire même s’ils sont scolarisés. »
Œuvrer pour l’autisme plutôt que rien
Avec ce feu vert accordé par le gouvernement flamand pour la création d’écoles de type 9, le nord du pays va donc répondre, grosso modo, aux besoins des enfants souffrant d’autisme. Le sud de la Belgique, quant à lui, n’est à l’heure actuelle clairement pas en mesure d’assurer l’accueil scolaire pour les enfants souffrant de troubles du spectre autistique.
Dès lors, même si la Flandre s’éloigne de l’inclusion, sa démarche a le mérite de proposer des solutions à de nombreuses familles concernées par la problématique. Il est évident, pour la présidente d’inforautisme, que c’est toujours mieux ça plutôt que de ne rien faire...
Delphine Hotua
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