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Ces soignants qui refusent le vaccin : "Applaudis à 20h pour être trahis à 21h !"

23/11/21
Ces soignants qui refusent le vaccin:

L’obligation vaccinale pour le personnel de santé occupe une grande partie de l’actualité ces derniers temps. On voit se confronter une partie du gouvernement qui campe sur ses positions et les syndicats qui montent au créneau de manière unanime pour faire part de leur désaccord avec ce projet de loi. Le Guide Social donne la parole à deux soignants qui refusent le vaccin. Nathalie Moray, infirmière et Philippe Brassard, aide-soignant nous livrent leur détermination et leurs inquiétudes.

[DOSSIER]
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Entre le 1er janvier et le 31 mars, les professionnel.le.s de la santé devront être vacciné.e.s ou attester d’un test PCR négatif de moins de 72 heures, réalisé à leur frais. A défaut, ils.elles seront au chômage temporaire corona. A partir du 1er avril, les personnes non-vaccinées seront licenciées et accéderont au chômage classique. Pour en savoir plus de l’impact de cette mesure, le Guide Social est allé à la rencontre du terrain pour recueillir les impressions des professionnel.le.s. directement concerné.e.s par la procédure.

“On va nous considérer comme des irresponsables”

Face à cette proposition, Nathalie Moray, infirmière en gastroentérologie et à domicile a fait le calcul : “ Ça me reviendrait à 400 euros par mois. Je ne travaille pas pour me payer des tests PCR.

Pour elle, c’est la déception : “Je suis dégoutée et déçue. Je ne sais pas ce que je vais devoir faire. Comme tout le monde, j’ai une vie de famille, un loyer à payer... mais je ne veux pas me faire vacciner, ni tester tous les jours à mes frais. Donc, à la vue de la situation actuelle, je pense que je serai au chômage en janvier.

Pour Philippe Brassard, aide-soignant en maison de repos, cette loi est un coup de couteau dans le dos : “On a été applaudi à 20h pour être trahi à 21h.

L’infirmière poursuit : “ Face à la pénurie de personnel soignant, cette décision est une idiotie. On voit que les CHU postent des annonces d’emploi d’infirmier pour différents services en anticipation des futures démissions.” En effet, les collègues de Nathalie qui sont dans la même situation, semblent vouloir camper sur leurs positions : “Je pensais qu’avec les contraintes, les collègues allaient se faire vacciner. Dans mon service, on est quatre infirmier.ère.s et malgré la menace, peu changent d’avis. Il va y avoir un manque d’effectif dès janvier, c’est certain.

L’aide-soignant confirme : “L’impact au niveau du personnel va être catastrophique. Nous sommes déjà en pénurie de professionnels ce qui va entraîner une fracture au sein du personnel car les personnes vaccinées vont devoir tout assumer en sous-effectif. Cela va entraîner une haine envers nous et une incompréhension de notre choix. Et au niveau de la population générale, on va nous considérer comme irresponsables.

La liberté de choix

La stigmatisation de la profession est l’une des craintes dont font part les syndicats mais aussi les travailleur.se.s. Philippe Brassard insiste : “Cette loi stigmatise notre profession alors que d’autres prestataires qui interviennent dans les structures de soins, comme les agents de ménage, sont également au contact des patient.e.s mais n’ont aucune obligation imposée. On doit obliger tout le monde ou personne. Pour nous, qui ne sommes pas vaccinés et qui ne voulons pas céder à la pression, ce sont des difficultés financières qui nous attendent.

Malgré ces différentes sources de pression, conserver la liberté de choix est plus importante. Dans la maison de repos où Philippe Brassard exerce, lui et ses collègues ont été au plus proche des difficultés lors de l’arrivée du Covid. Cependant, son choix est fait, il ne souhaite pas être vacciné contre le Covid : “Je comprends la vaccination pour les personnes vulnérables comme les personnes âgées, on a été au cœur de l’action et on a vu les dégâts du Covid sur les personnes âgées. Je tiens à préciser que je ne suis pas anti-vaccin. Personnellement, je me fais vacciner tous les ans contre la grippe, mais je veux avoir le choix et que mon choix soit respecté.

Des données scientifiques et des moyens

J’espère que les revendications et les actions dans le milieu des soins vont porter leurs fruits, que la loi ne passera pas et que je pourrai continuer à travailler”, nous confie Nathalie Moray. Elle poursuit : “ Je suis d’accord pour me faire tester tous les trois jours mais pas à mes frais. D’ailleurs, tout le monde doit se faire tester gratuitement même les vaccinés car ils.elles peuvent transmettre le virus. On sait que même en étant vacciné, on peut transmettre le virus, alors pourquoi ne pas tester tout le monde ?

Il lui semble également nécessaire de réaliser une étude scientifique afin d’obtenir la preuve que les soignants non-vaccinés sont vecteurs de l’augmentation des contaminations : “Je souhaite qu’il y ai des données scientifiques qui prouvent que nous contribuons à l’augmentation des chiffres, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Pour Philippe Brassard, cette loi s’attaque au mauvais problème. Il demande plus de moyens : “ Nous n’en serions pas là si nous avions les moyens humains et matériels. Être débordé à partir de 1.000 personnes en soins intensifs dans un pays qui compte 11 millions d’habitants, il y a un problème. Si un attentat arrive dans un stade de foot de 45.000 personnes, comment va-t-on faire ? Cette situation est dramatique.”

Il poursuit : ” Le Covid ne fait qu’accentuer un problème qui existe depuis des décennies. Avec ce projet d’avant-loi, on s’attaque au mauvais problème. Je souhaite que l’on continue à sensibiliser à la vaccination, qu’on prenne le temps des analyses, qu’il y ai une vraie réflexion sur la problématique du personnel, du soin et que l’on rende notre profession plus attractive concernant les horaires et les conditions de travail. Il faut nous laisser la liberté de choix sinon la vaccination obligatoire va faire fuir les potentiels futurs professionnels.

A.Teyssandier



Commentaires - 3 messages
  • Courage à vous et tout à fait d'accord. On nous embarque tous vers une obligation vaccinale qui ne devrait pas avoir un yota de crédibilité vu le fait qu'on est encore en phase expérimentale. Voir la réaction et les dires de Copieters (qu'on n'entend d'ailleurs plus qu'épisodiquement). Jamais je ne vous stigmatiserez. Sans vous, nous ne sommes pas grand chose.

    zutetrezut jeudi 25 novembre 2021 15:11
  • Courage à vous vraiment, tenez bon dans votre choix et détermination.
    Je vous envoie une grande et belle énergie de force et d'amour.
    Courage tenez.

    PaIxeTaMouR jeudi 25 novembre 2021 15:17
  • Je réalise une étude en psychologie du travail sur les conséquences/les risques de l'obligation vaccinale du personnel soignant. Je cherche des soignants ayant fait le choix de ne pas recevoir l'injection pour les recevoir au cours d'un entretien, dont la confidentialité sera assurée. Ils peuvent me contacter par e-mail : sowlod@gmail.com.
    Sophie Wlodarczak, psychologue du travail et étudiante dans le master de spécialisation en gestion des risques et bien-être au travail.
    Merci !

    Sophie Wlodarczak mercredi 1er décembre 2021 14:18

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