"Crèches en Danger" ou l'urgence de modifier les normes des milieux d'accueil

Un collectif, dénommé « Crèches en danger », se mobilise pour interpeller les citoyens et les politiques afin de demander la révision des conditions d’autorisation des milieux d’accueil en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Ce collectif se compose de responsables de crèches, de parents et formateurs dans le secteur de la petite enfance. Tous veulent la même chose, la révision des conditions d’autorisation des milieux d’accueil.
Leurs constats : un manque criant de crèches publiques et des crèches privées davantage soumises à des réglementations changeantes « avec des exigences de moins en moins compatibles avec la réalité économique ».
Espérer trouver une place
Dans son mémorandum 2014, La Ligue des Familles estimait que, pour couvrir le besoin de places en milieux d’accueil, le “taux de couverture” devrait être de 51 %. Or d’après le collectif, « aujourd’hui en Fédération Wallonie-Bruxelles, seuls 22 % des enfants de moins de 3 ans peuvent espérer trouver une place en milieu d’accueil (70 % subventionné - 30 % non subventionné), et cette proportion va en diminuant ! » Subsidiés ou non, la plupart des milieux d’accueil de Wallonie et de Bruxelles sont aujourd’hui dans une situation financière critique.
Plan Cigogne III insuffisant
D’après les calculs de la Ligue des Familles, si le Plan Cigogne III (2014-2020) remplit son objectif, le taux de couverture serait de 36% d’ici 10 ans. En d’autres termes, il resterait toujours dans 10 ans quelques 15 % d’enfants demandeurs qui n’auraient pas de place en crèche. Pour les milieux d’accueil non subsidiés, le plan prévoit de mettre en œuvre les conclusions du projet pilote de coaching des maisons d’enfants. « Notons que ledit projet pilote a abouti à la création de 2 milieux d’accueil sur les 31 projets sélectionnés. Rien de bien surprenant si l’on considère la réalité financière des milieux d’accueil non subventionnés », ajoute le collectif.
Des crèches et des parents dépassés financièrement
D’après le collectif, « compte tenu des normes observées par l’ONE, les mensualités des milieux d’accueil non subventionnés devraient s’élever à environ 1000 €/mois par enfant, en tous cas plus de 850 €/mois ». Dans un contexte économique actuel compliqué, « un marché noir se développe, proposant de garder les enfants à moindre coût, dans des conditions échappant à tout contrôle de qualité. »
170 milieux d’accueil menacés
Les normes sont différentes en Communauté flamande. Elles permettent aux milieux d’accueil non subventionnés de « maintenir leur équilibre financier moyennant des mensualités plus abordables (autour de 650€/mois par enfant vs. 1000 €/mois en Fédération Wallonie-Bruxelles). » Les crèches bruxelloises, qui ont le choix d’affiliation, ont vite fait leur calcul. « Parmi les crèches autorisées par Kind en Gezin à Bruxelles, ¾ sont des crèches francophones ». Mais le décret voté en novembre 2013, modifiant les conditions d’autorisation et de subvention des milieux d’accueil de la petite enfance, risque bien de peser dans la balance. Ce décret oblige notamment la connaissance du néerlandais, en dehors du responsable, par au moins un(e) accompagnateur(-trice) par crèche affiliée à Kind en Gezin. D’après le collectif, « 170 milieux d’accueil, représentant près du tiers des places actuellement disponibles en Région bruxelloise, sont concernés et risquent de fermer leurs portes, ou de devoir augmenter leurs tarifs de près de 50 % pour pouvoir continuer d’accueillir des enfants après s’être mis en conformité avec les exigences en vigueur en Fédération Wallonie-Bruxelles. »
Viser le meilleur compromis
« Crèches en Danger » exige la révision de la politique d’autorisation des milieux d’accueil de la Fédération Wallonie-Bruxelles « afin qu’elle vise le meilleur compromis entre le bien-être des enfants, et la viabilité économique des milieux d’accueil ». Une pétition, proposée à tous les citoyens, a été mise en place sur le site http://www.crechesendanger.be/ à l’attention des ministres Nollet et Demotte.
Lire aussi :
– Notre dossier :Boom des places d’accueil avec le Plan Cigogne III
– Du flamand obligatoire dans les crèches à Bruxelles
– Mémorandum 2014 de la Ligue des Familles
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