Et les (futurs) vieux, dans tout ça ?
Problème de société de plus en plus conséquent, le vieillissement de la population, surtout wallonne, n’est toujours pas suffisamment pris en compte, comme le révèle Le Soir, suite à une étude de 2 ans menée par l’UCL, à la demande de l’Iweps.
La vieillesse… « dommage collatéral » dans une société où les techniques technologies ont connu une avancée remarquable, tout comme les soins de santé. On vit plus longtemps, c’est un fait. Surtout en Wallonie, apparemment, où les seniors comptent pour une grande partie de la population. Cela engendre immanquablement une modification du paysage sociétal, surtout au niveau des soins de santé, de la prise en charge, de l’économie, etc. Ce phénomène, qui concerne tant les citoyens que les professionnels, doit se préparer en amont, comme le conseille une récente étude de l’UCL. Or, est-ce réellement le cas, à l’heure actuelle ? Il semblerait que nous ne maitrisions pas encore tous les enjeux, pourtant primordiaux.
Une réalité… réelle
L’objectif de ces deux années d’étude, menées par des chercheurs (sociologues, géographes, philosophes) à la demande de l’Institut wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique (Iweps), n’est pas, comme le précise Le Soir, de mettre en lumière les coûts économiques qu’engendreront ce vieillissement de la population, mais plutôt, de bien comprendre les enjeux humains réels auxquels le phénomène nous confrontera et trouver des solutions. Les faits démographiques sont là : la population wallonne vieillit. Si les technologies contribuent au maintien à domicile, elles ne règleront malheureusement pas tous les soucis.
Hé ho, les politiques ?
Pour le professeur Jacques Marquet, interrogé par Le Soir, « La question du vieillissement est surtout traitée aujourd’hui du seul point de vue de son financement et des problèmes qu’il pose ou qu’il posera, résume le professeur Marquet. Mais c’est loin d’être le seul aspect du dossier à prendre en compte. En fait, les réponses à apporter au problème du vieillissement doivent traverser toutes les politiques et irriguer toutes les ramifications de la société. Les transferts de compétences liés à la sixième réforme de l’Etat sont un moment important. »
Le débat n’est pourtant pas neuf. Depuis quelques années déjà, les MRS crient à l’aide et demandent d’ouvrir des lits en conséquence. Débat qui engendre une discussion éthique sur la prise en charge des ainés par le privé, qui prend de plus en plus le pas sur les structures publiques, sous-financées. L’assurance autonomie, à présent enfin adoptée, est également censée apporter une « petite » solution au problème, mais ne fait également pas l’unanimité, puisque plus d’un y voit une taxe déguisée.
De l’importance d’anticiper
Ce qui ressort de cette recherche, comme le divulgue Le Soir, est unanime : le vieillissement de la population, déjà plus qu’amorcé, doit être réfléchi en amont. « Que l’on interroge les jeunes seniors ou les professionnels de l’aide, une même préoccupation émerge : les continuités qui sont appréhendées comme gage du bien vieillir (…) Or lorsqu’ils conçoivent leur vieillissement, les jeunes seniors l’envisagent actif et font l’impasse sur la grande dépendance. Celle-ci reste largement non pensée » , expliquent les auteurs.
Une refonte totale des rôles de chacun (proches, aidants, professionnels, institutions) devrait être engagée et pensée concrètement. Le cas des habitats kangourous, par exemple, est une réelle innovation. « Les responsables politiques ont un rôle à jouer, souligne Jacques Marquet. Est-il normal, comme notre travail le met en évidence, que des expériences de terrain soient mises en difficulté par l’Afsca ou que des personnes âgées soient mises au lit avant 18 heures parce qu’au-delà, cela coûte plus cher aux finances publiques ? »
Rester ouvert
Puisque la Wallonie semble être plus concernée que Bruxelles et que le débat suscite déjà certaines réactions, les chercheurs préconisent de rester ouverts, plutôt que de figer la réflexion. Néanmoins, une prise de recul s’impose : les enjeux doivent être appréhendés à l’échelle sociétale et déboucher sur des soins et une prise en charge concrets, globaux et proches du milieu de vie. « Il s’agit surtout de repenser le soin dans le cadre de vie, et donc de repenser l’espace public en termes de lieu de vie, de logement, de rencontre, de lien social, de solidarités familiales et de voisins. Cette perspective invite à décloisonner les politiques. »
La rédaction
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