Un site de l'Agence pour le Non-Marchand
Informations, conseils et services pour le secteur associatif

Face à la pénurie d’aides-soignantes, l’appel à accélérer l’obtention des visas

22/01/25
Face à la pénurie d'aides-soignantes, l'appel à accélérer l'obtention des visas

Une fois diplômées, les aides-soignantes peuvent attendre jusqu’à 45 jours pour obtenir leur visa et entrer sur le marché du travail. Une procédure trop longue alors que le métier est considéré en pénurie par le Forem depuis 2023. Face à cette situation, quatre fédérations du secteur des ainés ont présenté des solutions à la Fédération Wallonie-Bruxelles pour simplifier et accélérer l’obtention des visas.

La Belgique manque d’aides-soignantes et aides-soignants. En 2024, pour la deuxième année consécutive, le métier était dans la liste du Forem (l’office wallon de la formation et de l’emploi) des professions en pénurie, aux côtés des infirmier.ère.s, ou encore des médecins. « A certains endroits, il y a de très grandes difficultés de recrutement surtout lors des périodes de vacances », constate Jean-Marc Rombeaux, conseiller expert à la Fédération des CPAS - Union des Villes et Communes de Wallonie.

A ces difficultés de recrutement, s’ajoute un autre obstacle pour les employeurs : la longue procédure que les aide-soignant.e.s fraichement diplomé.e.s doivent affronter avant de pouvoir entrer sur le marché du travail. En effet, pour pouvoir exercer, les aides-soignant.e.s doivent obtenir un visa, octroyé automatiquement par le SPF Santé publique, après un enregistrement auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Temps d’attente pour décrocher le précieux sésame : jusqu’à 45 jours. « Il s’agit d’un délai maximum. Les autorités m’assurent que ça va plus vite mais sur le terrain on me dit que ça va généralement au-delà du mois », explique Jean-Marc Rombeaux.

Lire aussi : Tous le contenu du Guide Social dédié au métier d’aide-soignant.e

Deux options pour simplifier et accélérer la procédure

En octobre 2024, la Fédération des CPAS et trois autres fédérations wallonnes du secteur des ainés – UNESSA, FEMARBEL et SANTHEA – ont donc adressé un courrier à Elisabeth Degryse, ministre-présidente du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pour demander de simplifier et d’accélérer le processus d’obtention de ce visa. La lettre est restée sans réponse à ce stade.

Les fédérations ont proposé deux solutions :

  • Option 1 : supprimer la commission d’avis pour les personnes diplômées d’un programme de formation reconnu par la Fédération Wallonie-Bruxelles (par exemple, ayant obtenu un certificat de réussite de 1ère année infirmière ou un certificat d’aide-soignant.e d’une école francophone).

« Il s’agit de la solution la plus soutenable. La commission d’avis a du sens pour les personnes qui viennent de l’étranger ou de Flandre et qui demandent une équivalence », précise Jean-Marc Rombeaux. Mais pas pour celles et ceux qui ont déjà suivi une formation reconnue par la FWB.

  • Option 2 : mettre en place une forme d’enregistrement provisoire« sur la base d’éléments dignes de confiance », précise le conseiller – en attendant que la commission rende son avis. Cet enregistrement provisoire existait déjà en 2006, avant d’être supprimé.

Ce n’est pas la première fois que les fédérations du secteur interpellent les autorités à ce sujet. Un courrier similaire avait déjà été envoyé à la législature précédente. « Mais comme le problème n’a pas été résolu, j’ai proposé aux collègues de remettre le sujet sur la table », raconte Jean-Marc Rombeaux, qui presse pour la mise en place d’une procédure « digne du 21ème siècle ».

Lire aussi :"Les résidents pourraient être nos papas et nos mamans "

La pénurie des aides-soignantes, un effet domino

Si la réglementation et le délai de 45 jours ne datent pas d’hier, ce qui change aujourd’hui ce sont les difficultés à recruter les aide-soignant.e.s et la nécessité de pouvoir embaucher plus vite. Cette pénurie de professionnel.le.s est directement liée au manque d’infirmier.ère.s. En effet, « comme il est difficile d’en trouver, on se tourne vers les aides-soignantes, qui peuvent poser certains actes délégués par des infirmières. Et on est dans un effet domino », continue le conseiller.

Une situation d’autant plus critique que les aides-soignantes sont une ressource majeure pour le bon fonctionnement des structures où elles interviennent. Dans les maisons de repos wallonnes, elles représentent près de 39% du personnel, calcule Jean-Marc Rombeaux.

Lire aussi : Interview exclusive - Les grands chantiers du ministre Coppieters pour la Santé et le Social

Enfin, au-delà des questions de pénurie, l’attente pour obtenir un visa peut être un véritable obstacle pour les professionnel.le.s. « Certain.e.s ont un background social compliqué, il y a des mères de famille seules pour qui le fait de devoir attendre avant de pouvoir travailler est un problème », explique-t-il. Il arrive que certaines structures fassent travailler des aide-soignant.e.s diplomé.e.s avant qu’ils/elles aient leur numéro. « Mais c’est à leurs risques et périls car s’il y a un problème, je ne sais pas comment on gère au niveau de la responsabilité », souligne le conseiller.

Caroline Bordecq



Ajouter un commentaire à l'article





« Retour