Fraude sociale : la traque aux chômeurs commence

Les inspecteurs de l’Onem pourront désormais débarquer sans préavis chez les chômeurs bénéficiant d’allocations.
La lutte contre la fraude sociale met les chômeurs sous tension, alors qu’ils sont déjà coupés de nombreux droits à l’insertion socioprofessionnelle. Ce Lundi, le secrétaire d’Etat en charge de la Lutte contre la fraude sociale, Bart Tommelein (Open Vld), a décidé de renforcer ses dispositifs. Désormais, les inspecteurs de l’Onem pourront contrôler les chômeurs à leur domicile sans prévenir.
Plus d’obligation de préavis pour un contrôle à domicile
Les contrôles anti-frauduleux au domicile des chômeurs ne sont pas une nouveauté. En 2014, 10.566 cas de fraude à domicile ont été ainsi mis au jour par l’Onem. Or, les dispositions administratives actuelles pour ces contrôles ne sont pas satisfaisantes selon le secrétaire d’Etat Bart Tommelein. Jusqu’à maintenant, les inspecteurs de l’Onem étaient tenus de déposer un préavis de 10 jours aux chômeurs bénéficiant d’une allocation avant un contrôle. Un aménagement qui favorise la fraude sociale au lieu de l’endiguer selon Bart Tommelein, car "le fraudeur a tout le temps pour s’organiser", peut-on lire dans Le Soir. En conséquence, le secrétaire d’Etat a proposé dans une loi-programme de supprimer cette disposition.
Un mesure surtout dissuasive
La question du respect de la vie privée se pose dès lors que l’on peut s’attendre à voir débarquer chez soi des inspecteurs de l’Onem inopinément. Pour Bart Tommelein, il ne s’agit pas d’entraver la vie privée des chômeurs, mais de proposer des solutions légitimes à la fraude sociale : "les inspecteurs ne se rendent au domicile que lorsqu’il y a de sérieux soupçons d’abus, par exemple lorsque l’analyse des factures d’énergie ou d’eau le laisse penser. Et ils ne commettent bien évidemment pas de violation de domicile. L’habitant du lieu contrôlé doit donner son autorisation. Si ce n’est pas le cas, il faut faire intervenir un juge d’instruction", rapporte Le Soir. Il s’agirait donc surtout de faire peur aux fraudeurs, en leur montrant que le gouvernement est passé à la vitesse supérieure.
Les chômeurs encore et toujours stigmatisés
C’est avant tout parce que les chômeurs sont en plein viseur que cette mesure pose un véritable problème de société. Comme le déplorait ce matin le bourgmestre de Schaerbeek Bernard Clerfayt (FDF) pour Bel RTL, "c’est une manière supplémentaire de montrer que le chômage serait la faute des chômeurs". Alors que les mesures anti-chômage ne s’investissent pour le moment qu’auprès de la formation ou de la réorientation professionnelle des chômeurs, sans remettre en cause l’activité économique globale, le récent constat de malhonnêteté de chômeurs peu scrupuleux auprès des CPAS achève peu à peu de les mettre tous dans le même sac, au ban de la société.
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