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Harcèlement sexuel à l'hôpital : stop à la loi du silence !

16/08/21
Harcèlement sexuel à l'hôpital: stop à la loi du silence !

Loi du silence, absence de sanction, « culture carabine » : le milieu hospitalier est un terrain propice au harcèlement sexuel entre travailleurs. Les infirmières ainsi que les aides soignantes sont durement touchées par le phénomène... Il est grand temps de mettre les auteurs face à leurs responsabilités !

Le livre "Silence sous la blouse", de la Française Cécile Andrzejewski dénonce le harcèlement trop présent dans les couloirs des hôpitaux. Blagues grivoises, allusions déplacées, attouchements sexuels : les langues des femmes du milieu hospitalier se délient. Des témoignages chocs qui nous font découvrir un milieu où la loi du silence et la "culture carabine" priment. Pour les auteurs des faits, les sanctions sont souvent bien maigres. Comment réagir face à ces situations ?

 [A lire] : Harcèlement moral, un poison de tous les instants !

Loi du silence et dédramatisation

"Dans un grand hôpital, Justine, infirmière, est soulevée du sol par un neurochirurgien qui l’embrasse de force. Ailleurs, […] L. et ses collègues sont menacées à coups de pieds dans le bloc. Ailleurs encore, Laurie, technicienne de labo, subit fessées et caresses de la part de son chef biologiste. Toutes ces employées ont en commun d’avoir été agressées et d’avoir tenté d’alerter. Ceux qui leur font face, supérieurs ou collègues, partagent la même impunité : ils ont été couverts par leurs confrères et leur hiérarchie", peut-on lire sur la quatrième de couverture du nouveau livre de Cécile Andrzejewski.

Lorsqu’elle est alertée, la hiérarchie dédramatise souvent les abus, en parlant "d’échappatoire à la pression du métier". Après tout, c’est l’esprit carabin ! Pour rappel, le terme carabin désigne l’étudiant en médecine et, par extension, ses mœurs et désinhibitions. Les blagues, plaisanteries, gouailleries, bien que douteuses, sont là pour faire descendre la pression ! Or, la loi est claire, "le harcèlement sexuel au travail désigne tout comportement non désiré à connotation sexuelle ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à la dignité d’une personne ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant". La forme peut être tant physique que verbale.

Le manque de sanctions

En matière de harcèlement, la procédure interne prévoit que les sanctions et mesures soient décidées par l’employeur. Dans ce milieu, vu les conditions, les sanctions ne vont jamais bien loin. "Certains employeurs minimisent les faits, préférant visiblement sacrifier un membre du personnel plutôt que de recadrer frontalement un médecin", explique la CNE. Généralement, les supérieurs se contentent de changer la victime de service, une infirmière ou une secrétaire étant plus facilement transposable qu’un médecin spécialiste.

Tout de même, des condamnations existent. Il y a peu, l’AZ Turnhout a licencié un gynécologue après des plaintes d’abus sexuel. Dans le milieu hospitalier, les commissions médicales provinciales (CMP) ont, normalement, le droit de prendre des décisions, lorsque la situation le demande. Ils peuvent, par exemple, demander la suspension de l’auteur. Entre 2005 et 2017, il y a eu 76 condamnations ordinales de médecins liées à des faits de mœurs. 76 sur un total de 7.421…

Victime : que faire ?

La première chose à faire si vous êtes victime d’harcèlement sexuel est de faire appel aux services de la personne de confiance ou du conseiller-ère en prévention de l’hôpital. Celle-ci organisera, dans un premier temps, une conciliation avec l’auteur des faits. Si c’est sans succès, la personne de confiance peut adresser une plainte au Contrôle du bien-être au travail.
Si la procédure interne est infructueuse, d’autres solutions existent ! Vous pouvez porter plainte au commissariat de police, sans en avertir votre hiérarchie (pensez à avoir des preuves) ou intenter une procédure pénale ou civile. Si vous êtes syndiquées, celui-ci peut vous conseiller et engager une procédure judiciaire.

Vous avez besoin de plus d’information à ce sujet ? La Fédération des Centres de Planning familial a sorti un dossier thématique sur le sujet, ainsi que des articles sur la prévention et les moyens de porter plainte.



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