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Le Non-Marchand à bout de souffle : « Qui va nous soigner ? »

31/01/23
Le Non-Marchand à bout de souffle : « Qui va nous soigner ? »

Qu’ils soient bleus, verts ou rouges, francophones ou néerlandophones, toutes et tous étaient réunis autour des mêmes revendications : revalorisation, meilleures conditions de travail, retraites justes. Le secteur non-marchand est à bout de souffle et se sent abandonné. Il l’a fait, une nouvelle fois, savoir ce mardi ! Reportage.

Le dossier du Guide Social :

 Manifestation du Non-Marchand : « Je suis là aujourd’hui parce que je suis fatiguée »
 « Pour garder un modèle de société basé sur la solidarité, nous devons donner les moyens au Non-Marchand »

Mardi 31 janvier. 10h30. Par milliers, ils ont déferlé, bien équipé. Sifflets, musiques et slogans qui font (sou)rire jaune... Ils sont tous dans la même galère : infirmiers, travailleurs sociaux, aides familiales, forces vives des secteurs du handicap, de l’aide à la jeunesse et de la petite enfance… et ils sont bien déterminés à se faire entendre.

Yves Hellendorf : « Il y’a un problème de tenabilité et d’attractivité »

Pour Yves Hellendorf, secrétaire général CNE Non-marchand, les raisons expliquant le ras-le-bol des travailleuses et travailleurs sont multiples.

Pour lui, il y’a un cercle vicieux engendré par la détérioration des conditions de travail, diminuant, à leur tour, l’attractivité de certains secteurs du Non-Marchand, tirant toujours plus sur la corde des travailleurs.

Nathalie Lionnet, secrétaire fédérale de la SETCA Non-Marchand, pointe aussi le problème du temps partiel. Certains travailleurs préfèrent diminuer leur nombre d’heures pour alléger leurs conditions de travail, quitte à alléger le portefeuille.

La CGSLB l’a aussi bien compris avec sa campagne « Ghostbuster, Vandenbroucke à la recherche du collègue fantôme ». À travers la phrase humoristique, ils établissent un constat amer... Le manque de personnel dans le secteur épuise les travailleurs, qui à leur tour partent en burn-out, alourdissant ainsi la charge de leurs collègues. Bref, un effet boule de neige.

La flexibilité du travail, une épine dans le pied

Autre souci pointé par les organisations syndicales : ces dernières années, le nombre d’intérimaires et d’indépendants dans le secteur non-marchand n’a fait qu’augmenter. La raison ? Ces statuts leurs permettent d’avoir des horaires plus contrôlables. Mais pour Nathalie Lionnet, c’est un vrai problème. En effet, le manque d’attache et de connaissance de l’endroit pose des soucis dans le secteur Non-Marchand.

Que faut-il donc faire ?

Yves Hellendorf poursuit : « Il faut travailler sur toute une série d’éléments qui améliore l’image et les conditions de travail de ces métiers. Cela passe par la revalorisation salariale (notamment les prestations irrégulières) mais pas seulement. Il faut des horaires plus stables, des fins de carrière soutenables. Il faut aussi passer par une meilleure accessibilité des formations. »

La CGSLB ajoute aussi un « respect du temps libre et du temps de travail » et « une participation au dialogue social comme partenaire à part entière dans les décisions politiques pour notre avenir. »

« Il faut surtout que les partis politiques intègrent dans leurs programmes, des volontés de plans pluriannuels dans la législature prochaine de façon à ce que l’on ait une perspective », conclut Yves Hellendorf.

25 000 manifestants dans la rue aujourd’hui… et demain ?

« Il y’aura une rencontre du front commun jeudi », s’exprime Nathalie Lionnet. Elle a pour but de préparer la discussion avec « toute la classe politique et pas uniquement le gouvernement. »

Il est attendu de la part de tous les syndicats, que les politiques prennent des mesures d’urgence pour les deux années à venir. Yves Hellendorf précise : « Les différents ministres ne peuvent plus rester aveugles à cette situation. Il est grand temps qu’ils prennent des mesures d’urgence pour 2023 et qu’ils élaborent un vrai plan avec des propositions concrètes pour la prochaine législature. »

Mateo Rodriguez Ricagni



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