Les accueillantes d'enfants témoignent
Si une centaine d’accueillantes d’enfants conventionnées sont descendues dans la rue pour réclamer un statut de salariée en février dernier, les avis sur la question ne sont pas unanimes.
Lire notre dossier : Les accueillantes d’enfants revendiquent leur statut de salariées
Marylène est accueillante conventionnée depuis juin 2007, à Liège. Elle milite pour l’obtention d’un statut correct, mais pas à n’importe quelle condition. « Je ne voudrais pas que notre salaire soit identique à celui des puéricultrices, par exemple. Les puéricultrices qui travaillent dans les crèches ont un horaire de 38 heures semaines et les repas des enfants sont fournis par la crèche, tandis que les accueillantes conventionnées travaillent 50 heures par semaine, à raison de 10 heures d’ouverture chaque jour, et doivent déduire les frais de repas et de matériel, jouets, etc. de leurs revenus. »
Quoi qu’il arrive, Marylène restera accueillante. C’est un métier qu’elle adore. « Je trouve beaucoup de valorisation dans le regard des enfants et des parents. Si en plus nous avons un statut digne de nos 45 heures de travail par semaine, alors c’est bien, mais ce n’est pas ma priorité. »
Des conventions qui ne comblent pas les manques à gagner
Dans le Hainaut, une autre accueillante a d’abord travailléen étant conventionnée pendant un an, avant d’opter pour le statut d’accueillante autonome. « Le salaire est plus stable, je peux limiter les absences des enfants, ce que la convention ne permet pas et qui occasionne de grosses pertes. » Plusieurs de ses collègues sont également devenues autonomes après un passage par la convention.
Des avis partagés
Des discussions avec celles qui sont toujours conventionnées, elle conclut que « parmi elles, les avis sont très partagés. Certaines ne sont pas pour l’obtention d’un statut complet. Actuellement, à charge de leur mari, elles ne paient pas d’impôt. Si le service avec lequel elles sont conventionnées suit bien, si les contrats sont bien faits et limitent les absences des enfants, certaines se font 1.600 euros par mois. Bien sûr, parfois c’est 400… Certaines disent qu’avec un statut de salariée, elles auraient 1.400 euros net, mais je ne sais pas où elles ont été chercher ça. »
Un gros flou autour du statut
Sandrine, après avoir été AEC pendant 12 ans, a réorienté sa carrière. « Quand j’ai commencé, on n’avait rien, pas de petit chômage. Il y a des mois où je n’avais que 200 euros ! On ne pouvait avoir que trois enfants par jour, y compris ses propres enfants. Ma fille cadette avait 18 mois, quand j’ai commencé. » Créatrice de doudous qui connaissent un joli petit succès, elle a arrêté l’activité d’accueillante parce que le statut ne l’autorisait pas à être indépendante à titre complémentaire. « Il y a un gros flou autour de ça ! Et les exigences de l’ONE sont de plus en plus grandes. Énormément de mes anciennes collègues arrêtent à cause de ça. Ça fait 10 ans qu’on court après ce statut et que les promesses des gouvernements successifs tombent à l’eau. Les avantages d’un supposé statut ne sont pas assez importants. On parle de 1.200 euros net par mois, alors que j’en connais certaines qui arrivent à 1.500 et même 1.600. »
Mais la créatrice indépendante admet qu’être accueillante autonome n’est pas non plus la panacée. Les accueillantes conventionnées, même si les revenus sont aléatoires, sont payées tous les mois… ce qui n’est pas nécessairement le cas de leurs collègues indépendantes.
Caroline Dunski
N’hésitez pas à participer, commenter et réagir sur nos réseaux sociaux ou Forum.
Commentaires - 3 messages
Ajouter un commentaire à l'article