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"Première vague" : les soignants racontent leur vécu

14/12/20

“Première vague”. C’est le titre qu’a choisi un collectif de cinéastes à leur recueil de témoignages de soignants pendant le premier confinement. Ces travailleurs en première ligne y racontent leurs angoisses, leur tristesse et leur épuisement.

Le 18 mars 2020 marque le début du premier confinement. La veille, deux réalisateurs, Olivier Magis et Christopher Yates, comprennent l’urgence de donner la parole aux soignants en première ligne dans cette lutte contre le coronavirus. De cette prise de conscience naît un collectif de 12 réalisateurs qui s’engage à recueillir les récits de ces hommes et de ces femmes sous l’angle du vécu et des ressentis. Au fur et à mesure que la confiance s’installe eux, les langues se délient.

Au total, le websérie documentaire diffusé sur RTBF Auvio réunit la voix de 35 soignants de Bruxelles et Wallonie sous forme de vidéoconférence. Ces récits s’apparentent à un exutoire à leur souffrance. On y découvre le courage mais aussi la fragilité humaine.

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S’isoler pour protéger ses proches

Emilien, ambulancier, vit seul. Cela l’arrange car “quand je rentre à la maison, je n’ai pas le risque de contaminer ma famille”, explique le jeune homme dans le premier épisode intitulé Seul.e pour protéger ceux que j’aime. Toutefois, l’isolement est parfois difficile : “Ce qui est compliqué, c’est que quand on rentre, on n’a pas forcément quelqu’un avec qui parler, raconter sa journée. Bien sûr, il y a le téléphone ou Skype, mais ce n’est pas la même chose.”

Cette solitude, Maurine, infirmière aux soins intensifs dans un hôpital liégeois, la ressent aussi au travail : “Entre collègues, on a tendance à se prendre dans les bras. Là, on se regarde de loin et on fait bisous de loin. C’est pas facile.” Quant à Zilfi, infirmière aussi, elle s’est isolée de sa famille, et plus particulièrement de sa maman âgée de 78 ans. “Je ne vais pas la voir parce qu’il faut que je la préserve comme elle est âgée”, confie-t-elle avec les larmes aux yeux.

“J’ai toujours la sensation qu’on n’a pas fait assez”

Dans le deuxième épisode A la vie, à la mort, les soignants racontent leurs sentiments et les choix difficiles à faire devant un patient en fin de vie. Florence, infirmière aux soins intensifs d’une unité bruxelloise, travaille de nuit. Avant de rentrer chez elle, elle accorde un peu de son temps à un patient en fin de vie : “Je sais qu’il n’a pas de famille. J’avais envie qu’il ait ce contact humain avant de partir.” Florence sait qu’elle ne peut sauver tout le monde, mais elle reste tout de même sensible au décès d’un patient : “On sait qu’il va partir mais j’ai toujours cette sensation qu’on n’a pas fait assez pour lui.”

Laureine, assistante en gériatrie, a accepté de ne pas envoyer un patient covid en soins intensifs malgré la détérioration de son état. Le vieil homme, âgé de 90 ans, souhaitait laisser sa place à un plus jeune car il “savait que ses chances de s’en sortir étaient minces”, explique la soignante. Un moment marquant pour l’assistante : “C’est un moment très fort où parle de la mort, où on ne cache plus la vérité.” Face à cette situation, Laureine raconte que “paradoxalement, c’est dans ces moments-là que je me rends compte des petits plaisirs de la vie, des trucs bêtes comme manger un bon repas, prendre une douche, des trucs simples mais en fait géniaux.”

Retrouvez les témoignages ici en vous connectant au site internet de la RTBF.

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