Prix du carburant : les travailleurs à domicile durement touchés
Le prix du carburant explose depuis quelques semaines. Cette crise touche durement celles et ceux pour qui le véhicule est leur premier outil de travail. C’est le cas des travailleur.se.s à domicile. Le remboursement des frais des centaines de kilomètres parcourus par semaine n’est plus suffisant. Une réaction gouvernementale est attendue, au risque de voir certain.e.s bénéficiaires privé.e.s de soins.
Une situation urgente, qui demande une réponse urgente
Les aides familial.e.s, aides ménagères sociales et gardes à domicile utilisent généralement leur véhicule privé afin de se rendre chez leurs bénéficiaires. Face à l’augmentation importante du prix du carburant, certain.e.s expriment le risque de ne plus être en capacité de se déplacer et apporter les soins essentiels.
Le gouvernement est déjà intervenu sur cette question via l’indexation du remboursement des frais de missions, effective en juillet prochain. Application bien trop tardive face à l’urgence de la situation actuelle.
En réponse à l’inaction gouvernementale, l’ensemble des organismes a envoyé une déclaration commune aux Ministres de l’emploi et de l’économie ainsi qu’aux Ministres régionaux de tutelle : "A défaut, c’est l’aide apportée quotidiennement à nos bénéficiaires et aux citoyens les plus fragilisés qui est mise en péril", précise le communiqué.
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Manger ou faire le plein : pour certains le choix s’impose
Plusieurs témoignages témoignent de la difficulté quotidienne à laquelle doit faire face les travailleur.se.s à travers le manque d’amorti des frais : "Je dois aujourd’hui renoncer à accepter certaines missions. Avec une indemnité de 0,27 €/km, lorsqu’il me faut parcourir 200 kms sur la journée et notamment dans le trafic (ville, ring, heures de pointe) cela n’amorti plus les frais de mon véhicule qui est un outil de travail (assurance, entretien, usure, taxes et carburant."
Il est aussi question du financement de sa propre activité : "Nous sommes à bout, de ne pas être entendues, cela ne peut plus continuer, mettre de notre poche pour aller travailler, plus possible." ou encore du choix entre se nourrir ou rouler : "Avec 2 enfants, il nous faut choisir entre faire le plein d’essence ou se soigner, manger à notre faim. Ça devient ingérable au quotidien, sans compter les entretiens et l’usure des pneus qui ne font eux aussi que d’augmenter."
Certain.e.s proposent des solutions concrètes : "Avoir un meilleur remboursement du kilomètre ou même avoir une avance de la société pour faire le plein, pour les déplacements car on fait de plus en plus de personnes par jour "
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"Certains soins, j’aurai tendance à les refuser parce que le déplacement est trop long"
L’agence Belga traite également l’information le 14 mars 2022 en donnant la parole aux aides à domicile dans une situation qui "n’est plus tolérable […] et qui impacte gravement les missions essentielles réalisées par les travailleurs."
Au micro de la RTL, c’est Christine, infirmière à domicile qui s’exprime. Avec 35 à 50 visites par jour, elle roule en moyenne 500km par semaine pour un coût de 400 euros mensuels. La hausse du prix de l’énergie fossile la mène face à un dilemme : devoir choisir et donc refuser des prestations : "Certains soins, j’aurai tendance à les refuser parce que le déplacement est trop long."
Toujours pour le quotidien, Julien, infirmier indépendant, voit son budget essence passé de 38 à 60 euros. Etant conventionné, il ne peut pas augmenter ses tarifs afin de compenser la hausse des frais : "On est obligé d’appliquer les tarifs de l’INAMI."
Réponse du gouvernement
Le gouvernement s’est réuni en comité restreint ce lundi 14 mars afin de proposer des solutions à l’ensemble des citoyen.ne.s. Un accord en est sorti menant à une réduction des accises de 0,175 euro par litre : "Ce qui représente environ 10 euros sur un plein de 60 litres", précise Le Soir. Un système de cliquet (taxes sur le carburant, qui représentent plus de la moitié du coût total pour le consommateur, diminuent une fois un certain seuil de prix atteint) doit également intervenir du moment où le prix du litre atteint 1,7 euros.
Des mesures encourageantes mais aucune mention spécifique concernant le secteur des soins à domicile...
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