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Réforme des ACS : "Gare aux effets contreproductifs"

25/02/14
Réforme des ACS :

L’évaluation du statut ACS proposée par la ministre de l’Emploi inquiète les associations du secteur non-marchand. SIREAS, ASBL bruxelloise du secteur de l’insertion socio-professionnelle a rédigé une analyse sur la question.

Lire notre dossier : Réforme des ACS : "S’y attaquer, c’est ouvrir la boîte de Pandore"

Analyse de Pascal De Gendt , auteur de l’étude.

Pourquoi cette réforme vous fait peur ?

On s’est basé sur la note d’intention de la ministre pour rédiger ce rapport. L’idée n’était pas de tout critiquer mais de dégager quelques effets contreproductifs. La ministre constate que les emplois ACS ne concernent pas assez les jeunes, sa priorité. C’est un problème en effet, mais les postes ACS du secteur requièrent expérience et qualité. Prenons l’exemple de notre asbl SIREAS. Pour assurer les formations que nous proposons à un public difficile, il faut une expérience et des compétences, qui s’acquièrent avec le temps. L’idée d’une rotation des ACS telle que préconisée par la ministre risquerait de briser une dynamique. Nous avons également une autre crainte. Céline Frémault entend mieux contrôler le travail des associations bénéficiaires. Sur ce point, nous craignons d’être sous la coupe du pouvoir subsidiant qui n’a parfois pas la même vision que nous du travail et de perdre notre autonomie. Sans langue de bois et sans faire de procès d’intention, se pose aussi la question de la subsidiation par « copinage politique »… Reste encore la crainte de la régionalisation des compétences. Actuellement, le système ACS bénéficie d’une aide du fédéral. Comment cela sera-t-il budgétisé à l’avenir ? C’est une question cruciale.

Modifier le système tuerait le secteur associatif ?

Les chiffres le disent. 80 %des associations auraient des difficultés à poursuivre leur activité sans ACS. Ce système a vraiment été une bouffée d’oxygène pour le secteur associatif. Mais il y a un autre enjeu. Les associations d’insertion professionnelle que nous sommes – et d’éducation permanente plus généralement – sont essentielles à l’emploi à Bruxelles ! On sait que le manque de qualification est un problème crucial. Réduire nos moyens serait donc contreproductif… Le secteur associatif devient hélas le parent pauvre des politiques en cette période d’austérité. Les ACS, ça pèse dans le budget c’est sûr... Mais le secteur associatif ne pense pas en terme d’efficacité par rapport au coût. Nous sommes dans une autre logique.

Quelles seraient les alternatives ?

Il serait peut-être intéressant que le travailleur ACS de longue durée passe à un contrat normal, qui serait subsidié d’une autre manière. Si on utilise les ACS actuellement, c’est parce qu’il n’y a pas d’autre moyen. Nous ne sommes pas contre la réforme. Nous voulons juste y aller prudemment, en concertation avec le secteur. Il ne faut pas non plus que cette réforme soit un paravent à une réduction des budgets sociaux. Nous devons être prudents, surtout dans un contexte de politique d’austérité.

Lire aussi :
 L’évaluation du statut ACS et APE par l’asbl SIREAS

N’hésitez pas à participer à la discussion concernant les ACS dans notre Forum !



Commentaires - 3 messages
  • Le système ACS est soi-disant une aide pour le chômeur mais en réalité cela le pénalise encore plus!!!Celui qui veut trouver du travail n'en trouve pas parce que la plupart des employeurs dans le secteur associatif cherchent des personnes avec un statut ACS. Donc que faut-il faire? rester au chômage pendant au moins un an voir plus pour enfin bénéficier de ces conditions???alors qu'on nous demande aussi de trouver du travail le plus vite possible!C'est absurde et honteux!!!

    luma29 jeudi 27 février 2014 09:54
  • c'est en plus un système qui freine la circulation, un chômeur Wallon ne peut pas travailler à BXL et inversement, entre les discours "bien pensant" des politiques et la réalité des gens, il faut savoir le grand écart

    DIOGENEmonsaintbernard jeudi 27 février 2014 10:19
  • Sans compter que même des chômeurs de longue durée Bruxellois ne peuvent postuler à ces postes car "trop qualifiés". Un comble!
    Bien souvent le descriptif de fonction des offre de ces asbl correspond à un Master mais question de budget l'asbl demande un Bachelier. Vous aurez beau correspondre à 95% au descriptif du poste, Actiris refusera de vous transmettre les coordonnées de l'employeur!!! Une discrimination à l'embauche institutionnalisée!!!
    C'est tout simplement scandaleux que ces mesures bénéficient avant tout au asbl avant de bénéficier aux chercheurs d'emploi et qu'Actiris en soit le complice.
    De plus il n'est pas rare de voir la même annonce revenir tous les x temps. Chacun en tirera la conclusion!

    Calimero427 jeudi 27 février 2014 15:20

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