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Réforme du chômage et son calendrier : les CPAS toujours en attente de la compensation fédérale

24/11/25
Réforme du chômage et son calendrier : les CPAS toujours en attente de la compensation fédérale

Entre inquiétudes et anticipation, les CPAS se préparent à la réforme du chômage, et ce, même si la promesse du gouvernement fédéral de leur verser une somme de 26 millions d’euros avant la fin 2025 n’a pas encore été tenue.

Or, en juillet dernier, déjà, la Fédération réinsistait sur « une compensation des (sur)coûts liés à la réforme du chômage qui doit être intégrale, pérenne et structurelle. Il ne s’agit pas d’un refinancement ponctuel limité dans le temps et "conditionné au résultat", mais bien d’une nécessité de refinancement ferme, permettant aux CPAS de répondre à leurs missions (...) et dans le respect de la solidarité entre entités fédérées, entre communes, et surtout envers les citoyennes et les citoyens les plus fragilisés. »

Dorothée Klein, Présidente du CPAS de Namur et également Présidente de la Fédération des CPAS wallons, évoque la situation pour le Guide Social.

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"A un mois de l’échéance, nous n’avons toujours pas toutes les garanties financières"

Le Guide Social : Comment la Fédération se positionne-t-elle par rapport à la réforme ?

Dorothée Klein : Elle a acté la réforme, mais n’a pas pris position sur le bien-fondé de celle-ci. Par contre, la Fédération a directement attiré l’attention sur les impacts de cette réforme pour les CPAS, en insistant sur le fait qu’ils devaient être en mesure d’accueillir ce nouveau public dans de bonnes conditions. Nous avons été entendus sur le phasage, même si nous aurions préféré un phasage plus étalé dans le temps, puisque les vagues les plus importantes sont concentrées sur quelques mois seulement.

Le Guide Social : La promesse d’une enveloppe de 26 millions se fait toujours attendre. Qu’en est-il ?

Dorothée Klein : Nous nous trouvons désormais à seulement un bon mois de l’échéance, mais nous n’avons toujours pas toutes les garanties financières. Le cabinet de la ministre Anneleen Van Bossuyt (Ministre de l’Asile, de la Migration, et de l’Intégration sociale, NDLR) a contacté les trois fédérations de CPAS pour les assurer que l’enveloppe promise n’allait plus tarder, mais c’est ce qu’on nous répète depuis juin. On aimerait donc que cet arrêté soit enfin signé une bonne fois pour toute. Néanmoins, nous venons d’être en partie rassurés pour 2026, avec le vote à la Chambre, début novembre, de la compensation financière pour les CPAS.

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"Le risque ? Se retrouver confrontés à une pénurie d’assistants sociaux !"

Le Guide Social : Cette compensation prévoit le remboursement majoré du revenu d’intégration, la réforme du subventionnement du PIIS (projet individualisé d’intégration sociale) à partir de 2028, une stimulation supplémentaire pour l’emploi durable et un doublement de la prise en compte des coûts de personnel. Néamoins, sur le terrain, des dépenses ont-elles déjà dû être engagées, sans certitude de remboursement jusqu’à présent ?

Dorothée Klein : La situation est fort différente d’un CPAS à l’autre. En ce qui concerne le CPAS de Namur, nous avons déjà recruté une demi-douzaine d’assistants sociaux pour faire face aux prochaines nécessités. Bien entendu, ce personnel doit être formé, d’où l’importance de s’y prendre à temps. Par ailleurs, c’est aussi l’occasion pour nous de lancer un message au personnel déjà en place, afin de les rassurer sur le fait que nous n’allons pas implémenter ces changements en dernière minute. En ce qui concerne nos locaux, nous avons déjà commencé aussi à y opérer des transformations, par exemple en installant un guichet d’accueil supplémentaire. Certes, ces changements nécessiteront aussi quelques adaptations au sein du personnel.

Ainsi, les assistantes sociales devront travailler à deux par bureau, mais cette mesure sera en partie compensée par un système de télétravail accru pour tout ce qui a trait aux tâches administratives, de manière, parallèlement, à préserver au maximum la confidentialité des entretiens sur place. Néanmoins, d’autres CPAS retardent l’engagement de nouveaux membres de leur personnel, compte tenu de l’incertitude actuelle. Le risque étant, évidemment, de se retrouver confrontés à une pénurie d’assistants sociaux sur le marché de l’emploi au moment où ces CPAS se décideront à engager.

Le Guide Social : Concrètement, comment les équipes au sein de votre CPAS vivent-elles cette relative incertitude ?

Dorothée Klein : De manière générale, c’est une situation très inconfortable. Et ce, d’autant plus que la situation est déjà tendue depuis de nombreuses années, avec un accroissement du nombre de bénéficiaires et chez ces derniers, des problèmes de plus en plus prégnants au niveau des frustrations liées à leur situation, qui débouchent parfois sur des faits de violence. On ne travaille pas tous les jours dans la sérénité, d’où l’importance de prendre des mesures pour préserver au mieux cette sérénité. Le fait que les équipes voient qu’on recrute et qu’on transforme, que la direction et la présidence implémentent les changements nécessaires pour que les choses se passent au mieux, tout cela est de nature à rassurer. Mais il est indispensable également que des messages positifs viennent du politique, et principalement du fédéral.

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"Inacceptable que le personnel paye les pots cassés des atermoiements politiques"

Le Guide Social : Pour autant, vous dites que certains CPAS risquent de ne pas être prêts en janvier 2026 ?

Dorothée Klein : Nous allons nous battre jusqu’au bout pour faire accélérer les choses, car il serait inacceptable que le personnel paye les pots cassés des atermoiements politiques. Au niveau de la Fédération, nous faisons le maximum pour montrer que nous mettons la pression, mais aussi parfois pour couper les ailes à des rumeurs qui pourraient décourager les CPAS de prendre les mesures adéquates. Et ce, d’autant plus que, à nouveau, la situation ne sera pas identique d’une commune à l’autre : le nombre de personnes redirigées vers les CPAS sera parfois important, parfois plus limité. »

Le Guide Social : Face aux nombreuses questions en suspens, l’information du public est un élément d’autant plus important ?

Dorothée Klein : En effet. L’année 2025 n’est pas finie, il est donc essentiel de bien expliquer aux personnes concernées qu’il est encore temps de contacter d’abord le Forem, afin d’être accompagné dans la recherche d’un emploi. Ainsi, il est encore possible de s’inscrire à des formations dans des métiers en pénurie. Si les personnes menacées d’exclusion commencent leur formation maintenant, elles ne seront pas exclues du chômage après le 1er janvier. Et actuellement, l’éventail des formations est encore très large.

De même, toujours dans le même objectif de communication, il convient aussi d’oser dire les choses, en informant clairement sur le fait qu’un certain nombre de personnes menacées d’exclusion n’auront pas droit au revenu d’intégration pour différentes raisons. À cet effet, la Fédération a édité un guide, dont le but est précisément de répondre à toutes les questions qu’on peut se poser. Il est disponible sur le site de l’Union des Villes et Communes de Wallonie.

Propos recueillis par O.C.



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