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Dopage : arme de destruction massive de l'esprit sportif ?

30/08/13
Dopage : arme de destruction massive de l'esprit sportif ?

GW501516, EPO, Clenbutérol, hydroxyéthylamidon, furfénorex, tous ces noms de codes et beaucoup d’autres pour ne parler que d’une chose…Le dopage en milieu professionnel est mis en lumière ces dernières semaines, par les scandales qui ébranlent le monde du cyclisme comme celui de l’athlétisme. Mais il ne s’agit là que du sommet de l’iceberg. Petit détour par un monde fait de performances, de douleur et de coups de pouce chimique !

Une première chose est à mettre en lumière. Le dopage est présent bien au-delà des grandes disciplines « classiquement » contrôlées, et très médiatisées, comme le cyclisme ou l’athlétisme. A l’heure actuelle, en Wallonie, en Flandre ou à Bruxelles, la liste des disciplines contrôlées est bien supérieure à cela : basket, bodybuilding, jet-ski ou encore sports automobiles, rien n’est laissé au hasard dans la chasse à la triche chimique. A titre d’exemples « surprenants », en Flandre, la boxe est l’un des sports où de nombreux contrôles se révèlent positifs, tout comme le handball en Fédération Wallonie Bruxelles. Alors, cyclisme et athlétisme, victimes de leur succès auprès du public ? Car si d’une part ils sont davantage médiatisés, d’autre part les scandales de dopage qui les secouent le sont aussi !

La seconde erreur est de penser la lutte contre le dopage limitée aux circuits professionnels. Dans les faits, les amateurs n’échappent pas à la vigilance gouvernementale. Comme nous le précise Anne Daloze, Directrice de la Direction de la Lutte contre le dopage du Ministère de la Communauté française, « concernant les contrôles mis en place, ceux-ci concernent 70% de sportifs professionnels et 30% d’amateurs, mais ils suivent identiquement la même procédure et les substances recherchées sont également les mêmes ».

Il n’y a donc pas de différence entre professionnels et amateurs. Si ce n’est peut-être le suivi médical et la maîtrise des substances consommées. En effet, si certains professionnels accusés assurent avoir été dopés « à l’insu de leur plein gré », cela reste la plupart du temps supervisé par une personne ayant une formation médicale, médecin ou infirmier,… Le danger du milieu non-professionnel réside sans aucun doute dans l’amateurisme au niveau du dopage. A trop jouer les petits chimistes pour booster leurs performances, certains sportifs mettent leur vie en danger.

Des limites repoussées à l’extrême

La difficulté principale de la lutte contre le dopage réside principalement, toujours selon Anne Daloze, dans le volet prévention. En effet, les agences antidopage sont généralement en retard d’une guerre par rapport aux sportifs en matière de détection. Toujours plus loin, toujours plus subtil, toujours plus dangereux, les athlètes et leurs « conseillers » repoussent sans cesse les limites du dopage.

Lorsque des héros sportifs, comme un certain Armstrong pour ne citer que lui, chutent de leur piédestal, l’opinion publique est partagée entre des sentiments opposés. En effet, si le fait que le tricheur soit démasqué et pénalisé montre aux sportifs en herbe toute l’importance de jouer selon les règles établies, en contrepartie, cela ne fait que confirmer cette morosité actuelle qui veut qu’on ne puisse plus gagner sans coup de pouce extérieur. Et pourrait inciter les plus jeunes à tenter le tout pour le tout pour atteindre les meilleurs niveaux !

Dès lors, un travail de fond se doit d’être fait au niveau de la sensibilisation des sportifs en herbe…et de leur entourage ! L’arrêté gouvernemental relatif à la lutte contre le dopage, datant de 2011, précise que les objectifs essentiels de la lutte contre le dopage sont « une adaptation et une intégration des stratégies de lutte contre le dopage dans une approche d’éducation, de prévention et d’information, et la promotion de la participation du monde sportif et des citoyens dans la prévention contre le dopage ».

Pour ce faire, une brochure didactique sur les bonnes pratiques sportives et les risques liés au dopage, « Ma victoire, c’est sans dopage », (disponible à la demande à l’adresse info.dopage@cfwb.be), a été conçue à destination de ce public souvent fragile et influençable. De plus, pour conforter cette approche éducationnelle, des experts de la Direction de Lutte contre le dopage se déplacent sur simple demande, afin de réaliser des séances d’informations pour les jeunes. Une opportunité trop peu saisie par les entraineurs, éducateurs, et autres personnes ayant les cartes en main pour montrer aux jeunes sportifs que gagne se mérite. Et surtout, les mettre face aux dangers qui se cachent derrière l’utilisation de petites pilules et autres piqures qui peuvent sembler anodines.

Là où le bas blesse, c’est au niveau de l’implication du secteur sportif et des citoyens dans la prévention. En effet, le dopage semble presque un sujet tabou, en dehors de grandes compétitions ! Si d’efficaces collaborations existent entre les services de l’Administration générale de l’Aide à la jeunesse, de la Santé et du Sport, en charge des dépistages, et les Directions Générales de la Santé et du Sport, il semble essentiel d’améliorer à la fois la visibilité de la lutte contre le dopage, et celle des campagnes de prévention !

Serena Alba



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