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Fraudeurs, les infirmiers à domicile ?

20/08/18
Fraudeurs, les infirmiers à domicile ?

Selon l’Inami, plus de 2,6 millions d’euros de fraudes ont été commises en 2017 par les infirmiers à domicile. Ce montant est en hausse d’1 million par rapport à l’année 2016. Comme le relaient les journaux Mediahuis, plus de la moitié des fraudes touche le secteur de la santé.

Le secteur des soins de santé, en particulier des soins infirmiers, a connu plusieurs changements de taille ces derniers mois. Parmi ceux-ci, une nouvelle réglementation concernant les rémunérations, l’allongement des études de 3 à 4 ans ou de nouvelles règles pour le secteur des soins à domicile. Ainsi, pour les infirmiers indépendants dans le secteur du domicile, début septembre 2017, la ministre de la Santé, Maggie De Block, a annoncé vouloir effectuer des contrôles à chaque visite en vue de lutter contre la fraude. Une bonne idée ? Si le secteur, à l’époque, s’est fortement soulevé contre cette méthode, les statistiques rendant compte d’un taux de fraude effectif de 2%, l’Inami vient de mettre à jour le montant des fraudes en 2017. Celui-ci s’élève à 2,6 millions d’euros, soit plus d’1 million qu’en 2016.

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Le secteur de la santé en tête

Les journaux Mediahuis révèlent également que le secteur de la santé compte pour plus de la moitié des fraudes. Comment ? Certains infirmiers ou infirmières actifs dans le secteur des soins à domicile déclarent des soins qui n’ont, en réalité, pas été prodigués. D’autres, quant à eux, déclarent plus de soins que ceux qui ont effectivement été réalisés. Pour la députée CD&V Nathalie Muylle, qui a pu avoir les chiffres, les fraudeurs doivent être punis en conséquence. Elle déplore qu’à l’heure actuelle, « les amendes atteignent maximum 200% du montant facture », rapporte Le Vif.

 [A lire] : Les infirmiers indépendants interpellent la ministre De Block

Qu’en dit le secteur ?

Karine Dethye, membre de la FNIB et représentante de la profession au tribunal de première instance,remet l’église au milieu du village, une nouvelle fois. « Il est facile de généraliser toute la profession alors qu’il s’agit de 33 dossiers sur 20.000 prestataires soit 0,16% de fraude. Cette généralisation soulignée par certains articles : « les » au lieu de « des », m’irrite au plus haut point. En effet, il faut séparer le bon grain de l’ivraie, la malhonnêteté se retrouve malheureusement dans toutes les professions et nos politiques seraient en devoir de montrer à la population leur éthique, leur honnêteté. Je ne concède nullement un blanc-seing à ces prestataires infirmiers malhonnêtes, je récuse cependant cette volée d’opprobres jetée sur une profession qui devrait faire l’objet non pas de railleries mesquines, mais qui devrait être davantage valorisée. »

 [A lire] : Les infirmiers sollicitent Maggie De Block

Les politiques, garants de l’honnêteté

Pour la représentante de la profession, les politiciens doivent se porter garants de l’honnêteté. K. Dethye déplore que la politicienne en question, Mme Muylle, se permette de telles remarques concernant les amendes, quand, selon les données récoltées par la plateforme Cumuleo en date du 17/08/2018, cette dernière totalise 13 mandats, dont certains dans des administrations publiques sociales. Mais, point de jugement hâtif ou de généralisations. Peut-être Madame Muylle est-elle prête à gouverner par l’exemple, en remboursant à plus de 200%...

Le soin à domicile, un secteur en mutation

Si cette nouvelle confortera probablement la ministre de la Santé, Maggie De Block, dans son choix d’imposer un contrôle systématique à chaque prestataire de soins dès octobre 2017, pas sûr que le secteur s’en réjouisse. En effet, lors de l’annonce de la ministre, celui-ci était dans l’incompréhension totale et le manque de communication criant autour du nouveau système a eu des conséquences désastreuses : baisse de moral, surcharge administrative, coûts imprévus… Les infirmiers indépendants ont dû totalement revoir leur mode de fonctionnement.

 [A lire] : Le stress des infirmiers, un problème de taille

Quel premier bilan ?

Suite à la mesure de contrôle systématique de la carte d’identité du patient prise par la ministre de la Santé, en octobre 2017, les retours sont mitigés. Comme le confirme K. Dethye, « Les lectures de CI sont plus fluides, même si on dénote de temps en temps quelques petits dérapages lorsque les connections sont moins bonnes. Par contre, la ministre nous a imposé ce système mais ne compte pas en contrepartie nous financer pour le matériel, ni pour la perte de temps occasionnée à chaque visite. C’est pour elle « une opération blanche ». Ce pointage déshumanise notre travail et vise à instaurer un climat de méfiance de la part de nos patients vis-à-vis de leurs soignants (surtout pour les nouveaux patients qui s’interrogent toujours sur la manœuvre.) Un nombre non négligeable de prestataires infirmiers plus âgés ont d’ailleurs rendus leurs tabliers plus vite qu’ils ne l’auraient souhaité en raison des problèmes rencontrés. Certains moins aguerris aux techniques informatiques et plus jeunes se sont aussi tournés vers le monde hospitalier. »

La rédaction



Commentaires - 2 messages
  • Si on continue dans cette lancée,la pénurie d infirmière va augmenter et les soins seront réalisés par les ministres . On est des moutons et si 1 jour il aurait grève générale tant hospitaliers que domicile . Qui va réaliser les soins ? Et la fraude , oui comme beaucoup autres secteurs deja en politique avec les actes de presences de nos chers ministres et le parlement peu de siège occupé mais ils sont payés. Alors qu il balaie devant chez eux avant

    Isaaaa mercredi 22 août 2018 12:00
  • Lorsque l'on voit le nombre de médecin pratiquant le tiers payant dans ma région, qui prennent systématiquement 2 voir 3 vignettes Í? chaque patients afin de facturer des passages inexistants entre chaque visite, je pense que les économies se calculerais en dizaines de millions si notre cher ministre s'attaquait Í  ses confrères....

    Mickla01 mercredi 17 octobre 2018 14:15

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