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Handicap : Emmanuel Macron veut stopper l'exil en Belgique

13/02/20
Handicap: Emmanuel Macron veut stopper l'exil en Belgique

Ce mardi 11 février, Emmanuel Macron a présidé la Conférence nationale du handicap à l’Élysée. Ce fut l’occasion pour le président français d’annoncer plusieurs mesures. L’AFrESHEB, association par et pour les Français en situation de handicap et leur famille, a analysé le discours du chef de l’Etat. Voici, selon elle, ce qu’il faut retenir des engagements concernant les Français accueillis en Belgique.

 [A lire] : Handicap : "La France se débarrasse de ses cas les plus lourds en Belgique"

Engagement : réussir l’école inclusive

Ce que promet Emmanuel Macron :

« En septembre 2020, aucun enfant ne doit se retrouver sans solution de scolarisation », exige Macron. Et de rappeler le numéro de téléphone de la cellule nationale aide handicap école (0800 730 123) qui informe les familles sur les dispositifs existants. Fin 2020, tous les nouveaux enseignants seront formés pour mieux prendre en compte les besoins éducatifs particuliers des élèves handicapés, via un module obligatoire en formation initiale. D’autre part, 45 unités d’enseignement autisme, en plus de celles déjà prévues dans la stratégie nationale, seront créées. Un livret numérique de parcours inclusif, regroupant l’ensemble des adaptations nécessaires aux enfants handicapés, sera également proposé. Pour améliorer les conditions d’emploi des accompagnants, une instance dédiée et un agenda social programmé seront mis en place au premier trimestre 2020. Dès le 1er janvier 2021, le forfait d’intervention précoce sera étendu à 12 ans pour les enfants ayant des troubles du neuro-développement (actuellement limité à 6 ans) et aux enfants « dys ». Par ailleurs, 11 500 postes d’AESH (accompagnant de l’élève en situation de handicap) supplémentaires seront créés en 2020. »

Les remarques de l’AFrESHEB asbl :

 D’après les remontées du terrain, le n° de la cellule nationale est parfois difficilement joignable (sans doute débordé pendant les moments critiques) et n’est pas efficace à chaque fois. Mais il a le mérite d’exister.

 La formation des enseignants ne doit pas se limiter à un module de quelques jours mais devrait comporter une année entière d’orthopodégagogie, avec des modules au choix sur différents besoins spécifiques et une possibilité de spécialisation plus poussée. Elle ne doit pas non plus se limiter à la formation initiale mais doit aussi se poursuivre en formation continuée. Autre problème : l’agrément des organismes de formation ne prend nullement en compte le contenu des formations et les universités sont autonomes, entre autres, à ce sujet. Les formateurs d’approches non scientifiquement validées et autres charlatans vont donc encore logiquement profiter de l’aubaine. Pour conclure, c’est encore une mesurette qui permettra… une inclusion scolaire à l’économie pour les élèves les plus performants. Nous sommes loin du système belge qui a créé il y a 50 ans un enseignement spécialisé (puis spécialisé et intégré, aujourd’hui aux élèves à besoins spécifiques) dépendant du ministère de l’Éducation et non du médico-social.

 On augmente (très peu) le nombre d’unités enseignement autisme. Nous rappelons que ces unités ont été créées sous le quinquennat précédent, grâce à l’action politique du député des Français de Belgique Philip Cordery qui a relayé nos propositions. Ces unités, d’abord maternelles, au cahier des charges très précis, peuvent se révéler vraiment efficaces si le cahier des charges est scrupuleusement suivi, à savoir, entre autres : le public accueilli : profil sévère ; l’intervention intensive précoce, le respect des approches recommandées pour les formations des personnels, des parents et les interventions ; l’objectif : tendre le plus possible à une réintégration dans le milieu ordinaire. Malheureusement, le respect du cahier des charges n’est pas toujours au rendez-vous, et donc l’efficacité. Il s’agit là d’une véritable carence des pouvoirs publics, qui n’ont pas eu le courage d’imposer le respect de ce cahier de charges.

 Un livret numérique est une très bonne idée. Un travail bien sûr à élaborer avec la CNIL et en respectant le RGPD… et un groupe de travail comprenant les professionnels mais aussi les représentants des parents ! À suivre…

 Peut-on vraiment parler de forfait d’intervention « précoce » à 12 ans ? C’est une bonne chose de l’étendre toutefois, sauf qu’il est insuffisant.

 Les postes d’AESH : ici les conclusions de Toupi.fr : « C’est mieux que rien mais vu qu’il y a déjà au moins 8.000 élèves actuellement sans AESH et que les besoins augmentent fortement chaque année, l’écart entre les effectifs d’AESH et les besoins risque encore de se creuser. Et les ressources en AESH seront de plus en plus mutualisées. En ce qui concerne l’attractivité du métier d’AESH, la réflexion est renvoyée à une nouvelle instance de concertation chargée de réfléchir à l’amélioration de leurs conditions d’emploi ». Nous rajouterons que ce ne sera pas facile de trouver 11.500 volontaires pour ce job tant qu’il ne sera pas valorisé…

 [A lire] : Handicapés français vivant en Belgique : une nouvelle loi inquiétante

Engagement : stopper l’exil en Belgique

Ce que promet Emmanuel Macron :

« Accélérer le déploiement des solutions adaptées aux personnes ayant les besoins les plus soutenus et stopper l’exil en Belgique. Le plan de prévention des départs en Belgique permettra notamment la création de 1.000 places supplémentaires dans trois régions prioritaires (Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand-Est), en plus des 2.500 places déjà programmées sur tout le territoire pour 2021-2022. »

Les remarques de l’AFrESHEB asbl :

 Nous avions déjà alerté plusieurs fois sur le risque de créer des « Usines à Français » en France alors que l’arrêté wallon de 2018 pour les services financés par une autorité publique étrangère fixait les normes de création à de petites unités de vie.

 Les refus d’orientation en Belgique pour les familles qui n’ont pas trouvé de solution équivalente en France (inadaptée, partielle, plus éloignée, voire inexistante). Ce refus enfreint l’article 18 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées sur le droit de circuler librement et la nationalité.

 Les Français en Belgique ne se limitent pas non plus aux personnes originaires de ces régions, même si ces dernières sont les plus représentées.

 La quantité de places n’est pas à la hauteur, et rien n’est dit en ce qui concerne leur qualité. Les familles françaises viennent aussi chercher une approche différente en Belgique, notamment une véritable scolarisation spécialisée, avec des approches scientifiquement validées et, pour les adultes, une approche plus éducative que médicale, partant du potentiel de la personne et non de ses limitations.

 [A lire] : Handicapés français vivant en Belgique : explosion des dossiers judiciaires



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