"J'ai dû licencier mon apprenti et me mettre au chômage"
Alexandra Daeleman, la responsable de l’ASBL « la ferme Paco’m les autres » est impactée par la crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus. Comme beaucoup d’ASBL, cette dernière, qui vient en aide à des publics fragiles via le principe de l’hippothérapie, va souffrir financièrement des conséquences du lockdown. La jeune femme, au chômage partiel, a accepté de faire un état des lieux de la situation. Elle ouvre notre nouveau format : un « 3 questions à » consacré aux ASBL impactées par le COVID-19.
Guide Social : Tout d’abord, pouvez-vous présenter votre ASBL : « la ferme Paco’m les autres » et nous dire quelles sont vos actions ?
Alexandra Daeleman : L’ASBL « la ferme Paco’m les autres » a été créée en 2011. Nous proposons de l’hippothérapie pour des publics atteints de handicaps, qu’ils soient physiques ou mentaux, mais également pour des usagers présentant des troubles relationnels. Nous accueillons des groupes de personnes handicapées ou polyhandicapées, mais il existe également des séances individuelles. Nous proposons également un accompagnement pour les enfants, ainsi que des cours d’équitation qui n’ont pas vocation à préparer des compétitions. L’objectif est plutôt de respecter l’être humain et l’animal et de pouvoir adapter son comportement à celui de son cheval. Enfin, nous avons des chevaux en pension. J’ajouterai que, ayant été très touchée par la situation dans les homes, je vais donner vie à mon souhait de créer des rencontres intergénérationnelles avec enfants et seniors, autour de l’hippothérapie.
Guide Social : Quelles conséquences ont été engendrées par la crise sanitaire que nous traversons ?
Alexandra Daeleman : En ce qui concerne l’association, les conséquences sont doubles. Elles sont financières, mais pas seulement. Lorsque l’on réalise un travail thérapeutique, il est important de maintenir une certaine régularité concernant les séances. C’est difficile à mettre en place, tout comme le lien de confiance entre humains et animaux, qui prend du temps. J’ai donc quelques craintes concernant la remise en route de l’activité. De la même manière j’ai conscience que c’est difficile pour notre public qui est confiné, et à qui les animaux et l’activité doivent manquer.
Par ailleurs, le 10 mars dernier, j’ai fermé mes prairies pour entretien, juste avant le confinement. Cette fermeture est une procédure annuelle, mais le confinement a réduit les moyens permettant l’entretien physique des chevaux. Ils ne pouvaient pas autant sortir que d’habitude, or ils ont besoin de se déplacer. Heureusement, j’ai pu rouvrir les prairies il y a quelques jours, donc c’est plus vivable pour eux.
Concernant le volet financier, je n’ai pas pu compter sur les stages de Pâques, ni les séances d’hippothérapie où je suis payée à la prestation. Pour ceux ayant déjà payé à l’avance mes services, il est impossible de les rembourser, j’ai donc privilégié les bons à faire valoir. Mais cela aura des conséquences financières sur le long-terme. Malheureusement j’ai dû licencier mon apprenti et me mettre au chômage, car je ne peux pas me dégager de salaire.
Guide Social : Quel est votre état d’esprit à l’heure actuelle, alors que vous êtes confrontée à ces difficultés ?
Alexandra Daeleman : On essaye de rester optimiste. J’ai fait un appel aux dons et j’ai été très touchée par la mobilisation que cela a engendré. D’anciennes stagiaires ont réalisé et vendu des pim’s, des pâtisseries et des vêtements pour aider l’ASBL. Cela m’a permis de sauver les mois de mars et d’avril. J’espère pouvoir reprendre en mai, mais nous sommes toujours dans l’expectative.
La situation est compliquée, je suis passée par toutes les couleurs. Il faut dire qu’on n’a jamais vécu cela. Il y a très peu d’informations sur ce que l’on peut faire ou ne pas faire. J’ai dû jouer au gendarme lorsque j’ai organisé les visites nécessaires. Les gens et les animaux sont tendus. J’ai tenu devant l’obligation de mettre certaines choses en place pour survivre financièrement, mais il y a aussi eu des moments plus durs. Je m’inquiète pour les stages de cet été, pour la situation financière. Malgré tout on essaye de rester optimiste et de s’émerveiller devant la solidarité dont font preuve beaucoup de personnes. Beaucoup se sont proposés pour m’aider bénévolement, cela m’a beaucoup touchée.
Propos recueillis par C.D.
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