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L'ASBL « La Maison » menacée par un projet immobilier

23/08/18
L'ASBL «La Maison» menacée par un projet immobilier

« La Maison », ASBL d’aide à la jeunesse réservée aux ados, qui siège à Woluwe-Saint-Pierre depuis 1977, est en ce moment menacée par un projet immobilier. Ses représentants accusent la commune de ne pas apporter de solutions envisageables. Cette dernière affirme, à son tour, que ce sont les représentants qui refusent d’être aidés.

L’ASBL "La Maison" accueille actuellement 9 adolescents de 16 à 18 ans issus de milieux familiaux précaires. Menacée par un projet immobilier qui sera mis en place en janvier 2019, la direction de l’association est à la recherche d’un autre lieu de refuge pour les ados. Cependant, elle dénonce la commune pour manque de solutions concrètes. La commune renvoie la balle : "On ne peut faire le bonheur des gens contre leur gré", explique l’échevin du Logement, au journal Avenir. Que se passera-t-il avec les ados précaires qui y logent ? Et avec le personnel ?

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Quel projet ?

La Commune envisage de réaffecter l’endroit et souhaite construire 30 nouveaux logements passifs, une crèche et des infrastructures collectives pour 2019. Comme tous les autres locataires du bâtiment, l’ASBL "La Maison" doit déménager avec ses 5 employés et 9 bénéficiaires. Le problème : l’association ne sait pas où aller.

Qu’offre "La Maison" ?

Interviewé par l’Avenir, Morgan Verlinden, assistant social à "La Maison", déclare que l’association est une des rares institutions d’aide à la jeunesse qui se spécialisent dans le suivi d’ados entre 16 et 18 ans. Il affirme qu’actuellement l’ASBL "a réellement besoin d’une maison" et explique que "La Maison" offre un accueil "à court terme" aux ados précaires, "mais aussi un suivi dans le temps, ce que très peu d’institutions offrent en francophonie".

Il ajoute que le travail de cette ASBL est axé sur deux volets : "le volet social apaise les difficultés passées et bâtit un avenir solide en axant sur la famille, les amis, le relationnel, mais aussi l’administratif. Le volet éducatif accompagne les jeunes dans leur scolarité et orientation professionnelle, mais aussi dans leur quotidien, dans les repas, le ménage, les horaires, les budgets... On apprend à vivre dans un monde où il y a des règles."

Nathalie Minner, une autre professionnelle qui donne bénévolement des cours de néerlandais aux jeunes de "La Maison" déclare que "ces jeunes font partie de Woluwe-Saint-Pierre. Ils sont intégrés dans le quartier où “La Maison” est très connue. En 40 ans, je n’ai pas entendu un seul incident. Je ne vois pas pourquoi cette commune parmi les plus riches de Belgique ne peut pas loger l’avenir du pays que représentent ces ados. Ma question c’est : y a pas des logements vides dans cette commune ? Nous, on ne veut pas un truc clef en main : on est prêts à assurer les rénovations", cite L’Avenir.

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Un cercle vicieux

Le président de la Société Royale Protectrice de l’Enfance, Réginald d’Hoop de Synghem, accuse la commune de ne pas trouver de solutions. "Le projet est connu depuis 2016. La Commune a plusieurs fois rassuré Monsieur Voiturier (directeur de "La Maison") quant à sa volonté de trouver une solution. Mais on ne voit rien venir", écrit L’Avenir.

De son coté, la commune affirme qu’elle a avancé plusieurs pistes, mais le problème principal est que "La Maison" refuse de payer un loyer.

Selon la commune "la meilleure solution jusqu’ici" sera une fusion avec l’ASBL "Les Sentiers" qui développe aussi des activités d’aide à la jeunesse à Woluwe-Saint-Pierre, mais aussi dans d’autres communes. "L’autonomie du projet aurait été garantie. De plus, ils disposent de fonds et proposaient d’acheter une maison rue Mertens pour déménager les jeunes. Il semble que M. Voiturier a rejeté la proposition car il souhaite rester seul maître à bord. Nous le déplorons, moi comme le bourgmestre Benoît Cerexhe", assure l’échevin du Logement, Pascal Lefèvre, à l’Avenir.

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Que demande "La Maison" ?

De son côté, l’ASBL "La Maison" rétorque que si elle doit fusionner avec une autre ASBL, elle pourrait disparaitre : "On craint aussi que les jeunes soient explosés aux quatre coins de Bruxelles et que les emplois soient perdus", affirme Réginald d’Hoop.

Il ajoute que l’association a besoin d’un bâtiment afin de sauver ses employés et ses bénéficiaires. "Nous voulons un bâtiment. Nous voulons que la commune continue à loger ces jeunes. Ils ne sont pas délinquants, mais victimes de la situation de leur famille au point qu’un juge nous les confie. Car ils sont susceptibles de subir des dommages moraux et physiques. Ils logent ici. C’est leur maison, c’est ici qu’ils habitent", cite l’Avenir.

Concernant les solutions avancées par la commune, il estime que "Ces pistes, c’est du vide. J’ai l’impression que Woluwe-Saint-Pierre s’en fout. Mais si rien ne vient de la part de cette commune parmi les plus riches de Belgique, on ira voir ailleurs".

Vers un compromis ?

Vu qu’il est difficile d’arriver à un compromis, l’échevin Pascal Lefèvre avance de nouvelles solutions comme "la reprise de l’agrément de “La Maison” par le CPAS." Il conclut, également, que la commune "reste ouverte aux propositions de M. Voiturier."

La rédaction



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