L'OMS veut moins de médicalisation de l'accouchement

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a émis jeudi 15 février de nouvelles recommandations quant à l’accouchement. Elle s’intéresse notamment à la médicalisation des naissances et suggère une plus grande implication des patientes dans la prise de décisions.
Récemment, les polémiques autour des violences obstétricales ont lancé une remise en question de la relation entre la patiente et l’accoucheur et de la nécessité des actes médicaux. Lors de sa conférence de presse à Genève le 15 février dernier, l’OMS s’est emparée de ces enjeux et a formulé 56 recommandations pour une meilleure prise en charge des accouchements.
56 recommandations
L’OMS a formulé 56 recommandations dont 30 qui reprennent des principes déjà existants et 26 nouvelles. Parmi ces recommandations l’OMS suggère de fournir plus d’informations aux patientes sur le déroulement de l’accouchement. Elle demande aux praticiens de plus faire participer les femmes aux prises de décision, en leur permettant d’être accompagnées de la personne de leur choix, mais aussi de choisir leur prise en charge de la douleur et les positions pendant l’accouchement. L’organisation suggère donc une plus grande personnalisation du suivi.
L’organisation appelle aussi à éliminer certaines références considérées comme « normales » pendant l’accouchement, telle celle concernant la dilatation du col de l’utérus d’1 centimètre par heure. Ainsi, elle souhaite minimiser les déclenchements et césariennes systématiques lorsque le travail dure plus de 12 heures (pour un premier accouchement) et 10 heures (pour les suivants).
Un recours à la médicalisation trop systématique
Si l’organisation a choisi de supprimer le seuil de dilatation du col de l’utérus, c’est parce qu’elle a constaté une augmentation du taux de césariennes et de déclenchements. Selon elle, il y aurait une médicalisation accrue et non-nécessaire de l’accouchement.
"La grossesse n’est pas une maladie et la naissance est un phénomène normal dont vous pouvez attendre que la femme puisse l’accomplir sans intervention", a affirmé le médecin du département de santé reproductive de l’OMS, M.Oladapo, "Or, au cours des deux dernières décennies, ce que l’on a vu, ce sont de plus en plus d’interventions médicales pratiquées inutilement sur les femmes".
A ce sujet, une carte blanche a été publiée dans La Libre pour demander plus de transparence de la part des maternités sur les actes médicaux réalisés.
Des inégalités dans l’accouchement
Selon M.Oladapo, "Certaines femmes reçoivent trop d’interventions alors qu’elles n’en ont pas besoin et d’autres n’ont pas accès à celles qu’elles devraient avoir". Pour l’OMS, il y aurait là une violation des droits des femmes. Elle se base sur son rapport State of inequality de 2015 qui indique des écarts importants dans la prise en charge médicalisée de l’accouchement. Ce rapport souligne par exemple que la péridurale est couramment utilisée dans les pays développés alors qu’elle est uniquement réservée aux femmes les plus favorisées dans les pays en voie de développement.
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