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Les maisons médicales forfaitaires, bientôt sur la paille ?

13/10/17
Les maisons médicales forfaitaires, bientôt sur la paille ?

Le monde des maisons médicales est en train de passer un mauvais moment. La ministre de la Santé, Maggie De Block leur fait passer un audit et a suspendu la création de nouvelles structures en attendant. Alors qu’une étude révèle que, plus que jamais, les maisons médicales sont un acteur incontournable dans le domaine des soins de santé.

Les maisons médicales vont-elles voir leur forfait diminuer ? C’est la question du moment. Alors qu’une étude de Solidaris prouve que les structures fonctionnent et sont un acteur incontournable pour le domaine des soins de santé en Belgique, surtout en ce qui concerne les personnes précarisées, Maggie De Block continue son audit du secteur. Fin 2016, la ministre avait imposé un moratoire, interdisant la création de nouvelles structures.

Un forfait diminué ?

Le secteur craint que l’audit mené par KPMG n’en arrive à la conclusion d’une diminution de forfait, par patient. Pour le Dr Laperche, fondateur de la maison médicale de Barvaux-sur-Ourthe, la crainte est bien réelle et « impacterait fortement la prise en charge de nos patients », comme il le précise à L’Avenir. Il n’est cependant pas contre un audit, estimant avoir « des comptes à rendre à la société puisque l’on fonctionne avec des budgets publics ». C’est le caractère exclusivement financier de cet audit qui, pour lui, est bien trop ciblé. Il précise « Mais cette étude, axée sur le seul angle financier, est un audit à charge. Il ne sert pas à analyser notre fonctionnement mais à nous casser. »

Une prise en charge efficace

Le plus des maisons médicales, dont celle du Dr Laperche, est d’être suffisamment accessibles pour que les publics les plus précarisés puissent s’y rendre, patients souvent ‘rejetés’ des autres circuits de soins. Le Dr Laperche explique à l’Avenir « Nous soignons des personnes de tous âges mais nous avons une surreprésentation des patients précarisés et âgés. La plupart de mes collègues travaillant à l’acte sélectionnent une patientèle qui leur ressemble. Il y a des patients qui ne sont attrayants pour personne, ceux-là arrivent par défaut chez nous… »

Un travail solidaire

L’équipe de la maison médicale, composée de 8 généralistes, 3 kinés, 5 infirmier(e)s, une assistante sociale, une psychologue, 3 accueillantes et 2 gestionnaires privilégie l’entraide et la solidarité. EN plus de leurs activités de première ligne, l’équipe s’investit dans des projets de prévention et de santé communautaire. « Chaque membre de l’équipe s’implique dans un projet : la psychologue anime un groupe d’entraide tabac, les kinés un cours de gym douce, un autre s’investit dans les sorties culturelles… Si on veut améliorer la santé des citoyens, il faut intervenir bien en amont de la salle de consultation », précise Dr Laperche à l’Avenir. De plus, la mise en place d’un forfait contribue à la solidarité « car c’est l’équipe qui est payée à chaque contact avec le patient, pas la personne individuellement. »

Le concept fonctionne

Alors que la ministre de la Santé reste inflexible et confirme que l’audit en cours par KPMG ira jusqu’au bout en vue de déterminer une série de réglementations concernant le fonctionnement des structures, une récente étude de Solidaris démontre que le concept fonctionne et ne coute pratiquement rien. Ainsi, comme le divulgue Le Soir, en comparant la hausse des dépenses de l’Inami par secteur entre 2013 et 2016, la hausse des dépenses atteint 6 % pour les honoraires de médecin, 11 % pour les infirmières, 8 % pour les dentistes, tandis que la hausse du forfait des maisons médicales ne dépasse pas 2,51 %. Le nombre de patients fréquentant les maisons médicales a triplé et s’élève à 360.000 personnes.

Le KCE a réalisé une étude il y a une dizaine d’années, dont les résultats se vérifient toujours à l’heure actuelle : « Si le coût de la médecine au forfait est plus cher en première ligne, ce coût est compensé par des économies en seconde ligne (hospitalisation, imagerie médicale, biologie clinique et médicaments) et par une meilleure prévention. Pour les patients, le système est financièrement plus accessible puisqu’ils ne paient pas de ticket modérateur. En outre, leur facture de médicaments est moindre car ils se voient davantage prescrire des génériques et moins d’antibiotiques et ils paient moins au niveau de la deuxième ligne car ils sont moins souvent envoyés à l’hôpital ou chez un spécialiste. »

Parmi les autres critères de satisfaction retirés par l’étude de Solidaris, celui de l’accessibilité des soins, ce qui confirme les propos du Dr Laperche. En effet, dans les trois grandes villes où a été réalisée l’étude (Liège, Gand et Bruxelles), un plus grand pourcentage de la population se tourne vers ces structures. A la capitale et Liège, il y a 40% de BIM (bénéficiaires de l’intervention majorée, soit une population précarisée) en plus dans les maisons médicales et le taux atteint 60% à Gand.
Malgré ces arguments, la ministre maintient le moratoire et devrait recevoir d’ici novembre le rapport final de l’audit.

La rédaction



Commentaires - 1 message
  • Que restera-t'il comme solution pour la population que ce gouvernement de droite Í  pauperisée? Un mort ne coûte pas cher. A voir les mesures que vous prenez, je le pense vraiment. Comment un médecin peut-il manquer d'empathie Í  ce point?

    Alpuette jeudi 26 octobre 2017 19:19

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