Rapatriement des handicapés français : quelles conséquences ?
L’herbe est toujours plus verte dans le jardin d’à côté. Un dicton qui se vérifie pour les quelques 8.000 personnes porteuses d’un handicap françaises résidant en Belgique. Mais, depuis quelques années, nos voisins ont la volonté de ralentir ce flux vers la Belgique. Une conséquence pour le secteur du handicap”¯ ? Tentative de réponse.
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Les personnes handicapées françaises sont nombreuses à passer la frontière et à être hébergées dans des institutions et des centres en Région wallonne. Un fait qui repose, en premier lieu, sur un facteur historique. En 1905, lorsque la France devient un Etat laïc, de nombreuses congrégations religieuses françaises viennent se réfugier dans notre plat pays, où ils y continueront leurs œuvres caritatives.
« Aujourd’hui, le secteur a évolué et s’est professionnalisé, évidemment », explique Sophie Rucquoy, directrice du secteur hébergement et accueil, au sein de l’Aviq (Agence pour une Vie de Qualité). « Depuis une dizaine d’années, certains établissements wallons présentent une offre de services qui plaît aux personnes françaises ». Alors que nos voisins proposent une approche médicalisée et thérapeutique du handicap, les centres et institutions wallonnes mettent l’accent sur la prise en charge socio-éducative, les capacités d’autonomie et le projet de vie des personnes.
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Des rapatriements forcés
Mais, voilà, depuis quelques années, le gouvernement français exprime sa volonté de ralentir le flux de personnes handicapées se rendant dans nos institutions. Certains feraient même état de rapatriements de certains résidents contre leur volonté ou celle de leur famille. « Du côté de l’Aviq, c’est sûr que nous n’approuvons aucunement la notion de rapatriement s’il n’est pas choisi. Néanmoins, à la base, cette volonté politique a été initiée par des associations, comme des rassemblements de parents qui demandaient des solutions de proximité pour leurs enfants ». Car, si pour certains, s’expatrier est un choix, pour d’autres, être placé dans une institution ou un centre en Belgique se fait par défaut.
Peu de conséquence pour le secteur
Bien qu’ils aient souvent fait les gros-titres ces dernières années, sur le terrain, ce genre de rapatriement reste des cas isolés. « Depuis quelques années, le nombre de français accueillis dans nos centres a augmenté ». De 6.000 il y a quelques années à 8.000 aujourd’hui. « A court ou à moyen terme, c’est inimaginable que ces personnes soient toutes rapatriées. Il faut se dire que pour le faire, la France doit aussi trouver des solutions sur son territoire. Il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter », explique Sophie Rucquoy. Lun soulagement pour les 5.000 employés concernés en Wallonie, qui peuvent continuer à dormir sur leurs deux oreilles.
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Plus de places pour les belges ?
En Belgique, le manque de places pour les personnes handicapées est une réalité. Mais, alors, cette volonté de rapatriement pourrait-elle être une aubaine pour toutes ces personnes en recherche d’un centre ou d’une institution ? En fait, pas vraiment. Actuellement, selon des accords de coopération, les centres accueillant des personnes handicapées françaises reçoivent leur subvention de la part de la société française même s’ils sont pris en charge par l’Aviq. Ils ne sont donc pas agréés pour accueillir des Belges. S’ils le font, c’est sur fonds propres ou dans des situations d’urgences.
La libération de places dans l’un ou l’autre centre ne changera donc pas le nombre des subventions accordées par la Région Wallonne. De plus, depuis 1997, un moratoire réglemente la création d’institution d’accueil sauf pour les « cas prioritaires » (personnes en situation extrême) ou en cas d’appels à projets lancés par le ministre compétent.
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