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Transkids veut adoucir le quotidien des enfants transgenres

02/04/19
Transkids veut adoucir le quotidien des enfants transgenres

Ce 31 mars, c’était la journée internationale de la Visibilité Trans. Date à laquelle Daphné Coquelle et son équipe ont décidé de lancer Transkids, la première association francophone dédiée spécifiquement aux enfants transgenres et à leurs parents.

«  C’est en parlant, un jour, avec une maman d’un enfant trans, qui courait tous les jours pour déposer son enfant à l’école, que ça m’a frappé. Qu’est-il mis en place, en Belgique francophone, pour ces enfants  ? Même moi, qui était du milieu, n’avait pas la réponse  », raconte Daphné Coquelle, co-fondatrice de Transkids et ancienne bénévole chez Genres Pluriels. Et, pourtant, la transidentité d’un enfant apporte des questionnements et des besoins spécifiques.

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C’est pour répondre à ce manque qu’est née l’association Transkids, lancée officiellement ce 31 mars. Leur premier objectif, c’est de répondre aux questions des parents et des enfants concernés. Mais aussi, les faire se rencontrer. «  La plupart du temps, un enfant transgenre et ses parents n’ont jamais rencontrés d’autres familles comme la leur. Les faire se rencontrer, c’est souvent salvateur pour eux ». Raison pour laquelle Transkids organise, depuis octobre, des rencontres mensuelles dans un lieu public. Au parc ou à la mer, peu importe. L’occasion est d’échanger avec des personnes qui vivent les mêmes réalités, tout en passant un bon moment.

En plus de leur mission de mise en contact, Transkids s’est donné comme objectif de former et informer le grand public, mais aussi les professionnels de l’enfance sur la question de la transidentité. «  Par exemple, c’est très rare de trouver un professionnel de la santé qui soit spécialisé dans la matière. Généralement, ils n’y connaissent rien du tout  », raconte Daphné Coquelle. Même chose dans les écoles, où l’association va régulièrement sensibiliser élèves, directeurs et professeurs.

L’école, un enjeu fondamental

A terme, elle aimerait constituer une base de données reprenant les adresses bienveillantes (écoles, médecins…) mais aussi les mauvaises. Car, malheureusement, le quotidien n’est pas toujours rose pour les enfants transgenres. Ce fut le cas de Violette, qui a dû changer d’école car son directeur ne l’acceptait pas comme elle est. «  Une décision qui allait contre l’avis du centre PMS, du Délégué général au droit de l’Enfant, du service médiation de la Fédération Wallonie-Bruxelles  ! Mais, pour lui, c’était inconcevable d’accepter Violette telle qu’elle était. Il était écrit un «  M  » sur sa carte d’identité et elle devait donc être scolarisé en tant que garçon ».

Aujourd’hui, Violette est heureuse dans sa nouvelle école mais son histoire dévoile une réalité  : officiellement, il n’existe aucun outil pour contraindre un directeur ou un professeur à respecter le genre de leur élève. La seule solution pour les parents est de changer leur enfant d’école. «  Imaginez qu’un directeur refuse un enfant parce qu’il est noir. C’est la même chose, un non-respect des droits de cet enfant », s’insurge la co-fondatrice de Transkids. Depuis 2018, avec la loi Geens, les enfants dès 12 ans peuvent changer officiellement de prénom. Mais, avant cet âge, le vide juridique sur la transidentité est totale. C’est pourquoi l’association s’est lancée dans un plaidoyer politique, afin d’améliorer la visibilité et la prise en charge de ces enfants et de lutter contre les discriminations.

Des adultes en devenir

La Belgique, si l’on se fie aux chiffres, rassemblerait entre 25.000 et 75.000 d’enfants transgenres. Autant de jeunes qui deviendront, par la suite, des adultes. «  Aujourd’hui, les transidentités chez l’adulte se font plus visibles. Mais beaucoup de personnes transgenres ont grandi dans un monde où la transidentité n’existaient pas. Elles n’arrivaient donc même pas à formuler leur ressenti, ne connaissant pas la notion  ». Beaucoup réaliseront alors qu’après leur puberté, réalisée dans le genre assigné à la naissance, leur réelle identité.

Aujourd’hui encore, la transidentité chez les enfants est mal connue et peu visible du «  grand public  ». Même si le sentiment d’incongruence entre l’identité de genre et le genre assigné à la naissance émerge généralement entre 6 et 15 ans, il n’est pas si rare de voir des enfants de trois ou quatre ans exprimer qui ils sont. «  Ne pas les écouter reviendrait à nuire à leur développement et équilibre  », exprime Daphné Coquelle.

Des ateliers très dégenreants  !

Du rose et des poupées pour les filles, du bleu et des camions pour les garçons. Les stéréotypes de genre ont encore la vie dure  ! A l’occasion du Pride Festival 2019, Transkids s’amusera à détricoter ces images préconçues. Dans ces «  ateliers très très dégenreants  », les enfants âgés de 6 à 12 seront invités à livrer leur vision sur le genre et la binarité. Sur base de leurs récits, Transkids réalisera ensuite un livre d’images qui servira à faire de la sensibilisation en milieu scolaire ainsi qu’un outil pédagogique pour les professionnels de l’enfance  !

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